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Interview avec Patrick Tatopoulos - Mai 2009

Patrick Tatopoulos - Mai 2009

Ancien maquilleur, Patrick Tatopoulos vient de passer derrière la caméra pour son premier long métrage, "UNDERWORLD 3, LE SOULEVEMENT DES LYCANS".
Ce nouveau réalisateur d'origine franco-grec nous a accordé quelques minutes au BIFF durant lesquelles il revient sur le film, sa première expérience à la réalisation et son passé de maquilleur.
Oh My Gore ! : "Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Oh My Gore ! qui ne vous connaissent pas encore ?

Patrick Tatopoulos : Je m'appelle Patrick Tatopoulos et je suis un designer de créatures, de décors et dernièrement je viens de faire ma première réalisation ("UNDERWORLD : LE SOULEVEMENT DES LYCANS" ndlr).

Oh My Gore ! : "Vous avez participé aux effets spéciaux de pas mal de productions Hollywoodiennes, qu'est-ce qui vous a poussé à passer derrière la caméra pour "UNDERWORLD : LE SOULEVEMENT DES LYCANS" ?

P.T. : En fait, ce sont les studios pour qui j'ai travaillé qui m'ont poussés à passer à la réalisation. Je voulais un projet qui m'intéresse, j'ai un peu traîné, et finalement quand "UNDERWORLD 3" est arrivé et que j'ai aimé le script, je me suis dit que ce serait un bon tremplin pour moi. L'intérêt c'était de travailler avec des gens qui me connaissaient et avec lesquels j'ai une relation très saine.

Oh My Gore ! : ""UNDERWORLD : LE SOULEVEMENT DES LYCANS" est votre premier long métrage en tant que réalisateur, que retenez-vous de l'expérience ?

P.T. : Ca fait quelques années que je travaille dans différents départements : les créatures, les décors, les costumes et parfois le tout au sein d'un même film.

C'est en faisant toutes ces choses que je me suis aperçu que je faisais presque le travail d'un réalisateur en tant que gestionnaire. Je me sentais capable de dealer avec plusieurs départements.

Par contre, ce qui était nouveau pour moi, c'était la relation avec mes acteurs. C'est la plus grosse différence entre ce que je faisais avant et ce que je fais maintenant.

Quand tu travailles avec des acteurs, il faut savoir les mettre dans un certain état d'esprit.

Tout cet aspect psychologique du travail, est ce que j'ai eu besoin d'apprendre pour entrer dans le métier de la réalisation.

Oh My Gore ! : "Quelle a été la plus grande difficulté à laquelle vous-vous êtes confrontée ?

P.T. : En tant que réalisateur, tu as une vision bien précise de ce que tu veux faire et tous les jours, sur le tournage, des choses t'empêchent de les réaliser. Il peut y avoir des contretemps dus au temps, un accident, un acteur qui le sent moins, ... Il faut pouvoir garder ta vision tout en faisant des compromis toutes les cinq minutes.

On a tourné pendant 50 jours, l'énergie physique et la concentration que j'ai dû déployer lors du tournage étaient impressionnantes. Je ne m'attendais pas à ça.

Mais ce qui fut le plus pénible pour moi, était la découverte de la première découpe de mon film. J'ai eu un choc. Je me suis dit : " Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? ". Alors pour me conforter, j'ai appelé mes amis réalisateurs dont Proyas, qui m'ont dit que la première découpe d'un film est toujours mauvaise. J'ai viré mon éditeur qui n'était pas très bon et tout est entré dans l'ordre.

Oh My Gore ! : "Rhona Mitra a-t-elle selon vous, réussi à faire oublier Kate Beckinsale ?

P.T. : Rhona Mitra, était parfaite pour son rôle dans mon film. "UNDERWORLD 3" étant plus brutal que dans les précédents films de la franchise, dans l'esprit Gladiateur, je n'imaginais pas Kate jouer la part de Rhona. Néanmoins, je ne pense pas que Rhona Mitra ai fait oublier Kate Beckinsale car l'univers de mon film est différent et le personnage aussi.

Oh My Gore ! : "Le métier de réalisateur doit offrir moins de liberté que la création artistique, l'expérience n'as-t-elle pas été un peu frustrante ?

P.T. : En fait, pas du tout. Quand j'ai lu le script d'"UNDERWORLD 3", je me suis mis à designer mes décors, mes créatures... Avant qu'ait commencé la production, du film j'avais déjà tous mes designs de prêts. Quand je suis arrivé en Nouvelle Zélande pour faire "UNDERWORLD 3", j'ai employé un designer et je lui ai montré mes dessins en lui disant que c'était " ça " que je voulais .Ca m'a permis d'avoir beaucoup d'influence sur le look du métrage. Donc, on peut tout à fait s'occuper de l'aspect artistique d'un film tout en se concentrant à la réalisation lors du tournage.

Oh My Gore ! : "Je suppose que vous avez beaucoup appris en côtoyant de grands réalisateurs comme Roland Emmerich, Alex Proyas ou encore Len Wiseman. Comment se sont passées vos différentes relations avec eux ?

P.T. : J'ai appris beaucoup avec tous ces réalisateurs, ils m'impressionnent. Ils ont tous des techniques et des approches différentes. Emmerich, c'est le mec le plus sûr que j'ai rencontré. Il est très " relax ", extrêmement professionnel et prend des décisions rapidement. Par exemple, j'ai designer deux créatures pour "GODZILLA", il en a pris une des deux, "INDEPENDENCE DAY", même chose. J'ai dessiné deux créatures, il a pris les deux. Il est très efficace.

Alex Proyas, lui a une approche très différente. Il a une vision du film qu'il ne te montre pas. C'est seulement au moment ou mes dessins rejoignent sa représentation qu'il se libère avec moi.

Wiseman et moi sommes meilleurs amis, nous avons un respect mutuel. Il est très ciblé sur les détails des designs.

J'ai aussi bossé de manière très proche avec David Twohy. Pour "PITCH BLACK", j'ai créé avec lui la créature que je considère la plus belle de mon travail.

Toutes ces relations avec ces mecs m'ont construit en tant que réalisateur.

Oh My Gore ! : "Comment se passe la création des designs sur vos différents projets ? Dessinez-vous tout sur papier ? Etes-vous présent sur les tournages ?

P.T. : Au départ, quand je travaille sur une " créature " pour un réalisateur, je ne lis pas le scripte. Je le rencontre, nous discutons de sa vision et je rentre chez moi faire des essais très simples sur papier. Après je ramène au réalisateur, ma série de dessins, nous choisissons une direction et je développe le design en Photoshop.

La deuxième étape, quand le design est terminé, c'est de construire la créature. Ca prend en général deux à trois mois. Souvent je travaille sur différents projets à la fois. Je suis donc rarement sur les plateaux.

Oh My Gore ! : "En tant que designer et réalisateur, avez-vous un regard plus critique quand vous regardez un film ?

P.T. : Quand je regarde un film, je me comporte comme une personne qui n'a aucunes connaissances en techniques cinématographiques. J'arrive à me mettre dans la peau du spectateur moyen. Je veux me laisser abandonner par ce que je vois. Je ne rentre pas dans les détails techniques des décors, etc.

Oh My Gore ! : "La partie artistique, bien que très visible à l'écran, fait tout de même partie des métiers " de l'ombre " et seuls les cinéphiles s'intéressent vraiment aux acteurs de ce corps de métiers. N'êtes-vous pas frustré d'être moins exposé que le reste de l'équipe ?

P.T. : Absolument pas. Ce qui m'intéresse, c'est d'être dans l'ombre. D'ailleurs les trois quarts des jobs au cinéma, sont derrière la caméra.

J'ai la satisfaction de voir mon travail à l'écran : que ce soit un décor ou une créature. Je n'ai aucunes frustrations.

Oh My Gore ! : "Qu'est-ce que cela vous fait d'être reconnu du grand public maintenant ?

P.T. : Quand "UNDERWORLD 3" est sorti, ça a été la folie. Tous les jours, je recevais les résultats d'audience par les studios. Ca a été un énorme stress pendant 15 jours. Le premier week-end de la sortie du film, quand j'ai vu que nous faisions vingt, vingt-deux millions d'entrées, j'étais plus calme. Puis le film s'est maintenu.

Quand vous-êtes réalisateur, tout repose sur vos épaules. C'est votre bébé que vous défendez. Si le film se plante, c'est le réalisateur que l'on va attaquer.

Alors que quand je travaille sur un film pour un autre réalisateur, il n'y a pas ce souci, je n'ai pas de comptes à rendre. Si le film marche tant mieux.

Oh My Gore ! : "Aviez-vous eu des pressions de la part des producteurs d'Underworld3 ?

P.T. : Pas du tout. J'envoyais à la production mes " daylies ", c'est-à-dire ce que l'on a filmé pendant la journée. Les producteurs aimaient ce que je faisais. Donc, à partir du moment où ils ont confiance en votre travail, ils vous laissent tranquille.

Oh My Gore ! : "Vous êtes également le fondateur de Tatopoulos Studios, qui est en pleine effervescence ces dernières années ("UNDERWORLD : LE SOULEVEMENT DES LYCANS", "GALLOWWALKER", "STARSHIP TROOPERS 3: MARAUDER", "OUTLANDER", "PATHOLOGY", "10,000 BC", "THE DEAD GIRL", "CRANK"....). Pouvez-vous nous parler un peu de la société. ?

P.T. : Comme tu dis, la société est en pleine expansion mais en même temps, elle se retransforme. Elle va se concentrer surtout sur C.G.I (images générées par ordinateurs ndr) et va travailler en association avec d'autres sociétés. J'ai une compagnie en France qui s'appelle " Forêt Bleue " qui travaille beaucoup dans le secteur de la publicité en Europe avec laquelle on essaye de rentrer un peu plus dans le monde du cinéma à Hollywood. J'ai aussi entamé une relation avec un groupe qui s'appelle " Dubois " à Paris. Ce sont eux qui ont fait mes loups-garous dans "UNDERWORLD 3".

J'essaye de créer une sorte d'entité européenne au seing d'Hollywood.

Oh My Gore ! : "Vous êtes impliqué essentiellement dans le genre horreur/fantastique, au niveau effets spéciaux, on peut facilement comprendre, mais comptez vous rester dans ce genre si vous restez à la réalisation ?

P.T. : Je suis passionné par le genre " Thriller ". J'ai besoin de faire des films avec des personnages intéressants. Je pense à l'univers d'un Guillermo Del Toro par exemple. On peut taper dans la science-fiction avec des délires de créatures et de vaisseaux spatiaux tout comme on peut travailler sur du plus intimiste comme dans "L'ECHINE DU DIABLE" mais on reste dans le fantastique.

Je me vois mal réaliser, mais je me trompe peut-être, une comédie romantique. Même si j'aime bien les voir, ce n'est pas mon truc. Les films d'actions purs comme "DIE HARD", non plus. Par contre combiner action et science-fiction comme pour le film Abduction (en production ndr) pour lequel je travaille, qui raconte l'enlèvement d'un avion dans l'espace, c'est un genre qui m'intéresse et dans lequel je veux évoluer.

Oh My Gore ! : "Que pensez-vous d'ailleurs des films fantastiques réalisés ces derniers temps ?

P.T. : J'aime bien les films qui réinventent le monde du cinéma. "SIN CITY" par exemple, c'était intéressant mais ça ne m'a pas complètement pris. J'ai beaucoup aimé "300", j'ai été impressionné par le travail de Zack Snyder.

En ce qui concerne le cinéma fantastique, il y a peins de talents. Il faut oser ouvrir les portes à ces nouveaux réalisateurs chevronnés Je crois que l'on est sur les bons rails.

Il y a plein d'espace pour s'éclater.

Oh My Gore ! : "Que pensez-vous du BIFFF, de son ambiance particulière, et de Bruxelles ? Etes-vous déjà venu ici ?

P.T. : Je trouve complètement incroyable les réactions du public. Même si ils interviennent durant le film un peu à la "THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW", ils restent respectueux du métrage même si le film n'est pas bon.

Toute cette énergie, cette passion, ça me fait plaisir.

Oh My Gore ! : "En tant que membre du jury du BIFFF, avez-vous un eu un coup de cœur ?"

P.T. : J'ai du mal à répondre, car pour l'instant, je n'ai vu que trois films sur les dix de la compétition.

Oh My Gore ! : "Merci énormément pour cette interview."
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