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Interview avec Julien Bodivit - alias Kérozène - Mars 2003

Julien Bodivit - alias Kérozène - Mars 2003

S'il y a une personne qui essaie de faire bouger le cinéma fantastic et bis, c'est bien cet homme !
Organisateur de festival, rédacteur dans des fanzines, capotte tueuse à ses moments perdus, Julien essaie de nous faire partager sa passion avec envie.
C'est à l'occasion du 2ème Lausanne Underground Film Festival qui aura lieu cette année que j'ai décider d'en savoir plus sur ce personnage.
Oh My Gore : "Bonjour Julien, tout d'abord, pourrais-tu te présenter au public d'Oh My Gore ?"

Je suis directeur du "Lausanne Underground Film & Music Festival" et programmateur pour le festival des "Etranges Nuits du Cinéma" à La Chaux de Fonds, les deux festivals se trouvent en Suisse. Et accessoirement, j'écris un peu aussi pour les fanzines "Trash Times" et "Suspiria".
Le festival de la Chaux de Fonds est orienté série B, films de genre et exploitation.

Oh My Gore : "C'est la 2ème édition du LUFF, donc avec le recul, qu'allez vous changer par rapport au premier ?"

L'histoire du LUFF est un peu chaotique en réalité.
Au départ, il ne s'agissait que simple soirée projections faites dans un squat à quelques kilomètres de Lausanne. La programmation était faites de films sélectionnés au "New York Underground Film Festival". Après deux ou trois éditions comme ça, il a été décidé de donner plus d'ampleur à la chose et d'en faire un vrai festival. Anecdote, c'était dans la ville de Vevey, où se tenait autrefois le festival du film de comédie - Vevey est la ville dans laquelle Charlie Chaplin vécu la fin de son existence. Fin de l'anecdote.
Bref, il ne s'agissait plus simplement de montrer des films, mais d'y intégrer une compétition de courts métrages et d'inviter des réalisateurs.
Nous avions déjà invité Nick Zedd pour un hommage à ce réalisateur underground new-yorkais l'année précédente, et là nous avions tout d'un coup une dizaine de réalisateurs présents. A ce moment, nous n'avions qu'une salle à disposition.
Le responsable du festival ne souhaitait pas renouveler l'expérience et j'ai donc repris le flambeau. On a déménagé le festival sur Lausanne, qui est plus grande et où se trouve la Cinémathèque suisse qui a été d'accord de nous accueillir.
Sur le coup, on est parti avec plein d'idées folles en tête, et en ce qui concernait la quasi-totalité de l'équipe, on n'avait aucune expérience. Du coup on est parti avec quatre compétions, quatre lieus de projection, des projections gratuites en plein air, des concerts tous les soirs de 23h00 à 4h00, une exposition, des invités, conférences, etc... On a presque tout fait !
Mais les erreurs étaient nombreuses, et sur le coup on s'est tous pris une gigantesque claque dans la gueule. Le festival avait étonnement bien marché, mais l'organisation était catastrophique. Du coup à la fin de la semaine on pouvait nous ramasser à la petite cuillère.
Mettre sur pied un événement comme ça est ingrat, jamais je n'avais imaginer à quel point ça pouvait être bordélique. Du coup, pour l'année 2003, le premier changement concerne une meilleure répartition des taches et des responsabilités, et coté programmation on sera sans doute moins orienté cinéma d'horreur. La presse avait logiquement mis en avant la présence de Troma et l'hommage à José Mojica Marins qu'on avait fait et un peu oublié le reste. Du coup, le public croit que l'underground est assimilé au gore et à l'horreur.
Maintenant, qu'est ce que l'underground, ça c'est une question qui possède autant de réponses qu'il y a d'individus.

Oh My Gore : "L'année dernière, on a eu le droit à Lloyd Kaufman et sa team déjantée ainsi qu'une petite retro Coffin Joe, vous nous préparez quoi pour cette année ?"

Pour cette année c'est un peu tôt pour en parler, mais j'ai bien l'intention de faire un hommage au mouvement Panic avec quelques films de Jodorwski et d'Arrabal. Je pense aussi, mais rien de sûr là encore, ça dépend de beaucoup de chose, à faire un hommage au réalisateur hollandais Ian Kierkhoff que j'ai découvert à "L'Etrange Festival" à Paris.

Oh My Gore : "Pourquoi avoir déplacé la date le festival à Octobre alors que l'année dernière, ca se passait en Juin ?"

La raison est toute bête. Le lieu dans lequel se tient le festival, appelé le Casino de Montbenon, héberge la Cinémathèque suisse et une salle de spectacle. C'est dans cette salle que se tiennent nos concerts, et il se trouve qu'elle était déjà reservée pour juin 2003.

Oh My Gore : "N'as-tu jamais eu envie de passer de l'autre coté de la barrière en tant qu'acteur ou réalisateur ?"

Si, bien sûr, c'est d'ailleurs ce que je voulais faire après mon bac, je me suis cassé en Californie pour prendre des cours, puis suite à quelques événements inattendus et relativement mal venus mais qui n'avaient rien à voir avec la formation, je suis revenu en Europe où j'ai commencé des études qui n'avaient rien à voir.
En parallèle, j'ai bossé pour une émission qui passe sur une chaine locale et dans laquelle nous nous intéressions aux réalisateurs de la région.
L'idée de faire un court est toujours d'actualité, le scénario est prêt, l'équipe est constitué, mais il manque du fric et les institutions suisses ne sont pas très chaudes pour subventionner un film de cannibales incestueux.

Oh My Gore : "Comment se passe l'organisation d'un tel festival, ca doit être un travail titanesque non ?"

C'est un travail monstre. Je n'ose même pas imaginer ce que doit représenter la mise en place de festivals comme Bruxelles ou Sitges. Encore que eux sont bien rôdés et qu'ils sont payés pour la plupart.
Chez nous, nous sommes tous bénévoles, on a des jobs à coté. On ne peut donc pas se consacrer comme il le faudrait à la mise en place du festival comme on le voudrait. Le plus pénible au départ est de décrocher le budget nécessaire, la recherche de sponsors et de subventions est un travail assez chiant et pas toujours gratifiant. Quand tu essuies 15 refus à la suite, c'est décourageant. Mais quand ça tombe, c'est la fête. Ensuite il y a toute la partie logistique, gestion des copies des films, gestion des bars et des boissons, de la billetterie, des bénévoles, être dans les temps, accueillir les invités et le public bien sûr...
C'est vraiment à partir du moment où t'as les mains dans la merde que tu te rends compte de ce que ça représente, et il y a toujours des imprévus de dernières minutes qui causent des pétages de plomb qui sont souvent pas tristes ! Et on va tout faire pour en avoir un minimum cette année.

Oh My Gore : "Tu es aussi dans l'équipe qui organises le 2003Plan9, t'as encore le temps de dormir ?"

Arf, oui, ça va, je me soigne :)/

Oh My Gore : "Bon tu es Suisse, mais que penses-tu du cinéma Gore/Fantastik en France ? et en général ?"

Au passage, je ne suis pas Suisse, mais bien Français... ce qui ne change rien :D
Honnêtement, le cinéma d'horreur se porte plutôt bien en général. Je ne suis pas partisan du " c'était mieux avant ". Le nombre de productions gores trash qui sortent est assez impressionant. Certes les films n'ont pas le cachet rétro des films des années 1970 que j'aime tant, mais à cette époque, on disait la même chose au sujet des films des années 1950.
En ce qui concerne l'horreur dans le cinéma français, et bien ça se passe plutôt bien dans le sens où la France n'a jamais été très productive dans ce sens là. La qualité n'est pas tout le temps au rendez-vous, mais quand on voit des films comme "MALEFIQUE" par exemple, on se dit qu'il y a du potentiel. De manière général, le fantastique se porte plutôt bien, et la dernière édition de "Fantastic'Arts" le prouve, on a pu y voir des films très bons et très gores, comme "MAY" et "CABIN FEVER".

Oh My Gore : "Quels sont les réalisateurs que tu aurais aimé inviter au LUFF ??"

En 2000, à Vevey, on voulait faire venir John Waters. Bien sûr, aujourd'hui, il se fout totalement des petits festivals comme le notre. Ce n'est pas très grave, mais ça m'aurait fait plaisir. J'aimerai faire venir Jodorowski cette année si on fait ce programme Panic, sinon j'aimerai bien faire venir Richard Kern, un des chefs de fil du cinéma underground new-yorkais dans les années 1980. J'aimerai bien faire venir Jean-Louis Costes aussi mais le reste de l'équipe du LUFF n'est vraiment pas motivé, on se demande pourquoi :D. Je voulais aussi faire venir José Mojica Marins l'année dernière, malheureusement ça n'a pas été possible, mais on a quand eu le plaisir d'accueillir André Finotti qui a travaillé sur le documentaire Coffin Joe : The Strange World of José Mojica Marins.

Oh My Gore : "Tes projets futurs pour le LUFF ?"

Les idées ne manquent pas, mais un LUFF à la fois !
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