Critique du film Mary et Max

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Titre original : Mary & Max

Réalisé par Adam Elliot

Ecrit par Adam Elliot

Avec Toni Collette, Philip Seymour Hoffman, Eric Bana, Barry Humphries

Année : 2008

Pays : Australia

Durée : 92 min

Note du rédacteur : 10 / 10

L'HISTOIRE

Sur plus de vingt ans et d'un continent à l'autre, Mary et Max raconte l'histoire d'une relation épistolaire entre deux personnes très différentes : Mary Dinkle, une fillette de 8 ans joufflue et solitaire, vivant dans la banlieue de Melbourne, en Australie, et Max Horowitz, un juif obèse de 44 ans, atteint du syndrome d'Asperger et habitant dans la jungle urbaine de New York.

LA CRITIQUE

Spécialisé dans l'animation en pâte à modeler depuis plus de dix ans, Adam Elliot signe aujourd'hui son premier long métrage après quelques courts, chacun récompensé par divers prix, dont un Oscar pour son "HARVIE KRUMPET". Produit par Icon, la société de Mel Gibson, "MARY & MAX" s'inspire d'une histoire vraie, celle du réalisateur lui-même, qui a entretenu une correspondance durant vingt ans avec un homme prénommé Max et atteint du syndrome d'Asperger.

Dans ce film, bel hommage à son ami, Max Horovitz est un personnage solitaire et angoissé atteint d'une maladie proche de l'autisme. A quarante quatre ans, ce célibataire endurci vit à New York avec une perruche, un chat borgne, un poisson rouge interchangeable ainsi que son ami imaginaire, Mr Ravioli, féru de lecture en particulier sur le thème du développement personnel.
La vie de Max est faite d'habitudes et de petites manies, ponctuée par ses rendez-vous chez le psy et les visites de sa gentille voisine ridée, Ivy. Une routine rassurante bouleversée un beau jour par une lettre reçue d'Australie et écrite de la main maladroite de Mary Dinkle, une enfant de huit ans qui voudrait savoir si les bébés américains se trouvent, comme en Australie, dans les choppes de bière.
D'une mère alcoolique et d'un père travaillant à l'usine comme « attacheur de ficelles de sachets de thé », la petite fille n'a pas plus d'amis que Max... D'ailleurs ses camarades se moquent de sa tache de naissance « couleur caca », et elle ne trouve réconfort qu'auprès de son poulet domestique, de son dessin animé fétiche The Noblets et de son pécher mignon, le lait concentré sucré...
De ces deux univers burlesques chargés d'une douce mélancolie naîtra une amitié à distance entre ces deux êtres qu'en apparence tout oppose, et qui pourtant partagent les mêmes doutes et la même solitude. Les années passent au fil des lettres, procurant tour à tour joies, peines, et grosses crises d'angoisse...

Entre "WALLACE ET GROMIT", "L'ETRANGE NOEL DE MR JACK", "CHICKEN RUN" ou plus récemment "CORALINE", "MARY & MAX" est une pièce d'animation poétique, profondément humaine et pleine de tendresse. Parfois triste, malgré un humour omniprésent – et souvent noir - se traduisant en un foisonnement de petits détails finement analysés, cette fable contemporaine, véritable leçon d'amitié et de tolérance, retranscrit à l'écran tout un éventail de sentiments sans jamais sombrer dans la sensiblerie.
Techniquement irréprochable, le film a fait l'objet d'un travail colossal réalisé en stop motion durant toute une année (cinq ans en tout du script à l'écran) sous la houlette du réalisateur, également à l'origine des illustrations, des décors et bien sûr du scénario. Ainsi, les univers de la petite australienne et du New-yorkais introverti sont chacun matérialisés par leur propre palette de couleurs (marron pour l'un, gris pour l'autre), mâtinés de petites touches rouges à la symbolique extrêmement forte.

Une esthétique harmonieuse conjuguée à une histoire universelle, avec "MARY & MAX", Adam Elliot nous offre un spectacle poignant et hilarant, à travers ses deux curieux personnages et le regard si singulier qu'ils portent sur la vie.
Attention chef d'œuvre !
Publiée le 2009-09-23

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