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Interview avec Phil Sung Yim - Mars 2006

Phil Sung Yim - Mars 2006

Oh My Gore : "Ca vous fait quoi de venir présenter votre film ici à Bruxelles ?"

Wouaw ! C'est super chouette ! Surtout dans le cadre du festival, tout est vraiment spécial ici, c'est très intéressant mais je ne vous cache pas que j'étais réellement effrayé à l'idée de voir la réaction du public, et de voir sortir les gens... mais non ils ont l'air d'avoir bien apprécié mon film...C'est un fameux soulagement croyez-moi. Je les remercie encore pour leur accueil.

Oh My Gore : "Ca a le mérite de vous fixer immédiatement sur la qualité de votre film ?"

Oh ça, on peut le dire... j'ai été clairement fixé en effet, merci encore.

Oh My Gore : "Votre film fait indéniablement penser à "THE THING" de John Carpenter. Aviez-vous cette référence en tête lors de la conception et le tournage de votre film ?"

C'est en effet un de mes films préférés, que j'ai d'ailleurs revu plusieurs fois avant de commencer le tournage. C'est vrai qu'il m'a pas mal influencé en effet, je l'aime beaucoup, il est très symbolique.

Oh My Gore : "Il en va de même pour la musique de Kenji Kawai qui, tout comme celle de Carpenter, est omniprésente dans le film sous le même thème..."

Le plus amusant c'est que Kenji lui-même n'est pas un grand fan de film, il n'en regarde pas beaucoup d'ailleurs. Et c'est vrai que la première fois que j'ai entendu ce qu'il avait fait pour moi, ça m'a aussi rappelé curieusement le thème de "THE THING".
En fait, j'ai toujours voulu travailler avec lui, c'est un compositeur que j'admire énormément. Et il avait fait un travail formidable sur "AVALON".
Ici, je n'ai eu qu'à lui montrer le scénario et il a composé le plus simplement du monde.


Oh My Gore : ""ANTARCTIC JOURNAL" est votre premier film, il fait le tour des festivals, et il a déjà par ailleurs été récompensé au festival de SITGES qui est une référence... Ca représente quoi pour vous ?"

Je vous avoue que j'ai une préférence pour ce genre de festivals comme le Bifff, Sitges,... par rapport à des festivals comme Venise... l'audience est bien plus concernée et réceptive.
J'ai toujours eu cette préférence, même avec mes courts-métrages.
Au Sitges, ce fût la surprise totale, je ne m'y attendais absolument pas, ça m'a vraiment touché.

Oh My Gore : "Qu'est ce que ça change pour vous ? Vous devez être bien plus motivé maintenant non ?"

Oui, beaucoup. Parce que le succès va bien au-delà de toutes mes espérances, même en Corée où le film a fait un beau succès. J'en suis encore émerveillé.
Et bien entendu, ça me donne la force de vouloir me dépasser et d'entreprendre.

Oh My Gore : "Bong Joon-ho a participé à l'écriture du film. Il est notamment le réalisateur de "MEMORIES OF MURDERS" qu'il a aussi écrit, et ça se ressent beaucoup dans l'ambiance. Êtes vous d'accord avec ça ? Comment avez-vous été amenés à travailler ensemble ?"

On est très bons copains, tous les deux. Et ce qui est vraiment super, c'est que nous avons deux points de vue complètement divergents.
Chaque fois qu'il regardait mes courts-métrages il me disait qu'ils étaient trop extrêmes... On a vraiment des vues très différentes.
Et, ici, c'est la première fois en fait que nous avons vraiment travaillé ensemble.
En fait, après un temps d'écriture, mon projet n'avançait plus, ça n'allait pas, c'était très pénible, très dur, et comme il avait un peu de temps libre on en a discuté et il m'a aidé à reprendre mon histoire en main. Mais sa participation réelle à l'écriture est très limitée, à peine une scène. Tout le reste est bien de moi.
Il m'a vraiment beaucoup aidé au niveau de la structure.
Et puis ça a été vraiment très utile et intéressant d'avoir un regard extérieur sur mon histoire puisque ça faisait deux années que j'y étais plongé, de recevoir des remarques de sa part sur certains points ça m'a beaucoup aidé à rendre mon histoire beaucoup plus solide.

Oh My Gore : "L'autre point commun avec "MEMORIES OF MURDER" c'est bien entendu l'excellent Song Kang Ho. Que pensez-vous de lui et de sa filmographie ?"

C'est un acteur absolument fabuleux et excellent. C'est quelqu'un de très humain et qui sait parfaitement illustrer le côté faible que je recherchais aussi bien que le côté hard que le rôle exigeait, bref un être humain dans ce qu'il a de plus attachant et déchirant. Je l'apprécie beaucoup. C'est un véritable bonheur pour un réalisateur que de travailler avec un acteur de sa classe.

Oh My Gore : "Le casting compte également un acteur dont on parle beaucoup ces dernières années, YU JI TAE. Comment en êtes-vous venu à penser à lui pour incarner le rôle de Min-Jae ?"

Je pensais réellement qu'il représentait à merveille la jeunesse que son rôle exigeait pour affronter son supérieur. Il apporte une naïveté et une fraîcheur à son personnage qui est également touchante. J'ai également été séduit par sa voix et son jeu. C'est un acteur passionnant, vraiment.

Oh My Gore : "Avez-vous dû remettre en question le jeu de vos acteurs, ou au contraire, vous ont-ils apportés plus que ce vous attendiez ?"

C'était vraiment génial, un vrai travail d'équipe, nous étions toujours tous d'accord sur les points essentiels. Je ne me souviens pas m'être disputé ou même pris la tête avec l'un de mes acteurs. Ils étaient très réceptifs et très ouverts.

Oh My Gore : "Y'a t'il eu une préparation particulière parce que ce sont des rôles très profonds en fait ou l'on voit des hommes aller au plus profond d'eux-mêmes, de leurs ressources, de leurs croyances ?"

Oui en effet, ils ont suivi un entraînement sous la forme d'un stage orchestré par un expert en expéditions extrêmes. Et ils ont tous observé et participé de manière active. Ils voulaient voir ce que ça faisait de dormir dans une tente dans des conditions extrêmes. Ils ont pu caresser les émotions de leur personnage en fait. Ce fût très instructif et très bénéfique pour le film je pense. Ils étaient tous partants pour cette aventure, et très excités.

Oh My Gore : "Je suppose que les conditions de tournage ont été particulièrement difficiles, voir extrême ? Vous n'avez pas réellement tourné en Antarctique je suppose ?"

Non en effet, la moitié du tournage s'est déroulée en fait en Nouvelle-Zélande et l'autre moitié en Corée.
Ca nous permettait ainsi d'obtenir un certain réalisme tout en ne tournant pas dans des conditions trop dures.

Oh My Gore : "Comment vous êtes-vous documenté pour représenter l'Antarctique en Corée ?"

C'est bien entendu impossible de refaire l'Antarctique tel qu'il est vraiment, alors j'ai fait exactement comme John Carpenter et je me suis représenté mon propre Antarctique. On a à peine envisagé d'aller tourner réellement en Antarctique avec toute l'équipe. Ca n'aurait pas du tout été raisonnable pour la sécurité de l'équipe, les conditions sont beaucoup trop extrêmes, et elles le sont déjà assez comme ça, croyez-moi.

Oh My Gore : "Est-ce que vous appréciez tout particulièrement le cinéma fantastique, ou d'épouvante ? Ou alors préférez-vous des films plus terre-à-terre ?"

Oh oui, je préfère de loin les films fantastiques à des comédies ou des mélos qui sont beaucoup trop clichés je trouve. Pour réussir un bon film fantastique vous devez vraiment avoir ce fond de créativité qui lui est si particulier. Moi, j'adore le fantastique.

Oh My Gore : "Dans le film justement, quelle est votre propre explication des événements : fantastique ou psychologique, ou peut-être les deux ?"

C'est amusant comme on tombe facilement dans le jeu à force de surfer sur le côté fantastique qui s'explique par la psychologie et de l'état psychologique qui est influencé par ce qui parait fantastique. Disons plutôt qu'il s'agit avant tout d'une question d'équilibre psychologique teinté de touches fantastiques, qui sèment le trouble et renforce l'angoisse ressentie.

Oh My Gore : "D'autres projets maintenant ?"

Oh oui ! Dès le mois d'avril je commence la réalisation d'un film omnibus avec d'autres réalisateurs.
Il s'agit d'un film fantastique bien entendu mais aussi, et ça devrait vous faire plaisir, un film de zombies. C'est une sorte de comédie noire qui illustre le côté obscur de la société coréenne. Et peut-être même que j'aurai l'occasion de venir à nouveau le présenter ici, qui sait ? Moi ça me plairait en tout cas.

Oh My Gore : "Y a-t-il un message particulier que vous souhaiteriez faire passer auprès du public français ?"

Le film a déjà été projeté à Lille et à Lyon où il a également été apprécié. Le public français est un public particulier également, il est très imaginatif et très critique, j'espère qu'il percevra et appréciera le film à sa juste valeur, sans aucune prétention. J'aime beaucoup la France.

Oh My Gore : "C'est plutôt bien parti en tout cas... Je vous souhaite beaucoup d'autres succès pour votre film et pour la suite de votre carrière. Merci encore."


Propos recueillis par Didier Stefek et Christian De Conninck, à l'occasion de la 24eme édition du BIFFF - Questions de Lan
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