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Critique du film Rubber

RUBBER

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Titre original : Rubber
Réalisé par Quentin Dupieux
Ecrit par Quentin Dupieux
Année : 2010
Pays : France
Durée : 85 min
Note du rédacteur : 6 / 10

L'HISTOIRE

Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d'un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.

LA CRITIQUE

Il y a comme ça de temps en temps des projets qui nous mettent l'eau à la bouche. On peut dire que "RUBBER" est de ceux-là. On attendait impatiemment le prochain essai de Quentin Dupieux, qui avait fait de "STEAK" un peu plus qu'un véhicule pour les comiques Eric et Ramzy, et avait su y insuffler une vie propre, une identité et un style décalé. Chose qui n'est pas facile et peu courante, lorsqu'en général on se contente de servir une soupe froide à un public que l'on ne veut pas risquer de décevoir. Quentin Dupieux ne s'est pas limité au cinéma, puisqu'il est également plus connu sous le pseudo de Mr Oizo, D.J et réalisateur de ses propres clips.
Son heure de gloire viendra en 1997 avec «Flat Beat». Un tube, vendu à plus de trois millions d'exemplaires, qui met en scène Flat Eric, une petite marionnette jaune qui sera rapidement adoptée comme mascotte publicitaire par la marque de jeans Levi's. Il enchainera ensuite sur la réalisation de divers clips et publicités en Angleterre.
Il est en somme un « touche à tout » qui ne reste pas en place, et c'est ce qui séduit dans ce personnage, loin des stéréotypes actuels. Lorsqu'il re-pointe le bout de son nez avec un film au postulat complètement barré, on est forcément alléché et impatient. Un pneu qui tue ! Bon sang c'est gonflé !

C'est vraiment ce qu'on appelle un film « concept », c'est à dire qui repose uniquement sur son idée de départ. Maintenant le problème est toujours dans ce genre de cas : que faire avec ça pendant 90 minutes ?
Avoir une idée géniale ou délirante ne suffit pas. Une fois passé le stade de l'affiche et de la publicité, il doit y avoir un film derrière, et ce n'est pas Roger Corman ou Lloyd Kaufman, champions du genre, qui vont nous contredire. Quoique dans leur cas, ils s'en foutaient bien souvent et c'était là un peu le problème.
Arriver à ne pas trahir les espérances qu'une telle idée pouvait faire naitre : un exercice vendeur, certes, mais extrêmement casse gueule.
Eh bien le constat est plus que mitigé.
Si les premiers teasers fleuraient bon le film d'auteur surréaliste, le choix d'en faire une banale série "B", du genre des films de monstres des fifties, rabaisse son concept au stade primaire.
Autant on accroche au début quand ce pneu se met à prendre vie, ce qui est un tour de force, autant on se lasse bien vite de ses péripéties sans surprises, qui suivent la trame classique des films du genre.
Les explosions de têtes se succèdent bien pour mettre un peu d'ambiance, mais on se marre un peu moins à la dixième quand même. Ah oui, parce que le pneu est télépathe, comme un "SCANNERS" quoi.
L'idée est drôle, mais on regrette un peu qu'il n'écrase personne, ce serait plus proche de sa nature et permettrait quelques variantes. Enfin bon... L'histoire se déroule donc comme dans tout bon "creature feature", avec victimes, shérif, belle héroïne, piège pour le méchant monstre et final habituel.
Bien que moi-même fan de tous ces films depuis l'âge d'or du cinéma, je suis las de ces références à gogo qui deviennent habituelles, tant elles sont nombreuses et faciles. Depuis les années 90, il y a une nouvelle mode, celle d'étaler sa culture et les références dans ses films et ceci de la façon la plus ostentatoire possible de peur qu'elles nous échappent.

Rien ne vaut une œuvre originale et l'abondance d'hommages n'avoue qu'une chose : l'incapacité de faire mieux.

Le deuxième choix, bien pire que le premier, c'est de nous balancer ces spectateurs observant l'histoire du pneu, et qui feront des commentaires durant tout le métrage.
Tandis que les pseudos intellos se gargariseront de phrases telles que "Mise en abyme", je n'y ai vu qu'un moyen simplet de nous expliquer les points sombres de certaines séquences. Pire que de nous prendre pour des cons, ce procédé renie totalement le concept du film.
Hé oui, puisqu'il y a des spectateurs, c'est un film, donc le pneu n'est pas réellement vivant.
Alors qu'est ce que je fous là nom de Dieu?
C'est là tout le problème du film "Concept". On ne peut décemment faire un long métrage avec uniquement un pneu qui roule, même s'il est télékinésiste. Il est pourtant dommage de détruire cette magie quand elle fonctionne avec un procédé si peu original et si lourdingue. Pendant qu'on est obligé de subir leurs critiques (parfois justifiées en plus) sur le film, et leurs aventures molles, on délaisse complètement les personnages principaux du film dans le film (vous suivez ?). Du coup ils ont bien peu de consistance, que ce soit les policiers, le gosse, ou pire l'héroïne, qu'on entrevoie à peine et qui débarque comme un cheveu sur la soupe quand on a besoin d'elle.
Ah, mais oui c'est vrai, on s'en fout d'eux, puisque c'est un film. Ils n'existent pas.
Ok, d'accord, mais alors qu'est ce qu'il nous reste ? Le pneu ? Pourtant il n'existe pas non plus ?
Voila donc à quoi se résume le film : des spectateurs qui regardent un mauvais film sur un pneu tueur. J'aurais aimé que notre héros caoutchouteux prenne toute sa dimension et que les spectateurs restent à leur place, c'est-à-dire à coté de moi.
D'ailleurs il est très bien filmé ce pneu.
La photo est magnifique et rend gloire aux décors désertiques tant prisés par le cinéma et les westerns en particulier dont le réalisateur est friand. Plusieurs cadrages sont magnifiques, surtout considérant le peu de moyens investis et le matériel limité.

Attention, même si je sors déçu de la projection (que j'attendais avec sans doute trop d'impatience), il y a également de bons moments. Beaucoup de dialogues drôles et décalés, certaines situations sont cocasses et amusantes, mais elles sont toutes plus ou moins reliées au fait que c'est du cinéma, donc « faux », et décrédibilisent donc encore le concept.
Je suis sûr que beaucoup apprécieront le voyage, d'autant plus que certains auront l'impression d'avoir enfin vu un film d'auteur et qu'ils ont tout compris. Ce qui est justement à mon avis la faiblesse du film. J'aurais tellement aimé me plonger dans un univers étrange ou les pneus assassins règnent en maîtres et ne pas voir un pseudo métrage arty avec commentaire audio incorporé.
Dupieux semble avoir un problème à assumer pleinement ses concepts et ses inspirations, puisque son premier moyen métrage "NON FILM" était déjà consacré à cette fameuse mise en abyme du film dans le film pour un résultat ne dépassant pas la blague de potes.
Je suis impatient de voir le jour ou il aura digéré tout cela et nous pondra enfin le chef d'œuvre ultime. Quentin Dupieux a du talent c'est certain. Vivement qu'il soit canalisé, ou qu'au contraire il explose, afin d'en exploiter tout son potentiel.
Il est néanmoins plaisant de voir ce genre de projets aboutir dans notre beau pays, qui s'embourbe de plus en plus dans des "films de genre" bâclés et sans âmes. Il est facile de se plaindre que le cinéma d'horreur et fantastique français ne fait pas recette, mais encore faut-il produire de vrais projets originaux plutôt que des ersatz de série B américaine.
Une tentative originale, même à moitié réussie, est plus honorable qu'une copie toute réussie soit-elle.
Note de : 6 sur 10
Publiée le
Rubber
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captain-spaulding - 20/07/2011 à 02:24
# 3

Le point de départ était pourtant énorme, le projet des plus alléchants, seulement voila, Quentin Dupieux à manifestement voulu pondre une oeuvre totalement non sensique et en ce sens, le film est réussi. Le problème est que le réalisateur ne va jamais au bout de son délire! Les "meurtres" perpétrés par la pneu se limitent à des explosions de tête en série (Hommage à Scanners bien trop appuyé à mon gout), et après? Ben rien... On se retrouve du coup devant une série B sans grand intérêt si ce n'est celui de voir un truc qui ne veut rien dire. Le film devient lassant passé la second explosion de tête, et la mise en scène "arty" n'arrange rien. Encore une fois, la point de départ et la volonté de pondre un truc filmique sens aucun sens permettait largement de livrer un film fun et décomplexé, dommage

Sa note: 3/10
Nic la niqueNic la nique - 11/07/2011 à 15:10
# 2

Je ne vois pas en quoi ce film est beau techniquement, j'ai trouvé ça chiant , j'ai pas vraiment saisi le second degrés, c'était mal amené, dommage.
Par contre mention spéciale pour la musique en général et particulièrement sur le final.
Et petit plus pour l'originalité, fallait oser.
Mais passé la surprise ça ne fait pas rire tout le long.

Sa note: 4/10
Redrum - 09/11/2010 à 11:10
# 1

Bien d'accord avec la surabondance de références faciles et sur cette "mise en abyme" casse-gueule.
Le déception est de mise mais Rubber reste un film à découvrir car tellement beau (techniquement) et original.

Sa note: 6/10
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