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Critique du film Hara-Kiri : Mort d'un Samouraï

HARA-KIRI : MORT D'UN SAMOURAI

Titre original : Ichimei
Réalisé par Takashi Miike
Année : 2011
Pays : Japan | UK
Durée : 126 min
Note du rédacteur : 7 / 10

L'HISTOIRE

Voulant mourir dignement, Hanshiro, un samouraï sans ressources, demande à accomplir un suicide rituel dans la résidence du clan Li, dirigé par le chef Kageyu. Essayant de décourager Hanshiro, Kageyu lui conte l'histoire tragique d'un jeune ronin, Motome, venu récemment avec la même requête. Hanshiro est traumatisé par les détails horrifiants du sort qui fut réservé à Motome mais il persévère dans sa décision de mourir dans l'honneur. Au moment de se faire hara-kiri, il présente une ultime requête : il désire être assisté dans son acte par trois lieutenants de Kageyu, qui sont absents tous les trois, par une étrange coïncidence. Méfiant et furieux, Kageyu demande à Hanshiro de s'expliquer. Ce dernier révèle ses liens avec Motome et livre le récit doux-amer de leurs vies. Kageyu comprendra bientôt que Hanshiro s'est lancé dans une épreuve de force. Les codes de la chevalerie des samouraïs s'en trouveront bousculés dans leurs certitudes, pour mieux réapparaître dans leur humanité.

LA CRITIQUE

Tout juste après son "13 ASSASSINS", le très productif Takashi Miike poursuit son incursion dans l'univers du Chambara avec "HARA-KIRI", remake d'un classique du cinéma japonais datant de 1962, "SEPPUKU" de Masaki Kobayashi (lui-même adapté d'un roman de Yasuhiko Takiguchi).
Dans la même veine que son prédécesseur, cette dernière œuvre dénote de tout ce que le réalisateur japonais a pu faire jusque là. Avec une mise en scène plus calme, plus posée, "HARA-KIRI", un peu comme le "ZATOICHI" de Takeshi Kitano, évolue dans un style visuel sobre et classieux, tout en remettant au goût du jour une tradition cinématographique qui a connu son apogée dans la première moitié du 20è siècle.

Loin des délires, parfois mal canalisés, auxquels Takashi Miike nous avait habitués, "HARA-KIRI" est une subtile histoire de vengeance qui repose essentiellement sur les récits de Kageyu puis d'Hanshiro : l'un évoquant la triste destinée d'un rônin venu demander l'autorisation de pratiquer le suicide rituel devant le clan Li, tout en espérant secrètement obtenir l'aumône ; l'autre retraçant la vie misérable d'une famille, dont l'un des membres, parti dans l'espoir de sauver sa femme et son enfant de la maladie, n'a rien trouvé d'autre sur son chemin qu'une mort tragique.
Au fil des deux témoignages, matérialisés par des flashbacks, les pièces du puzzle se rassemblent pour mieux mettre en lumière les véritables intentions d'Hanshiro et ainsi désacraliser le fameux code d'honneur des samouraïs (constamment rappelé par l'armure qui trône fièrement dans la résidence).

Devant ces règles archaïques, le film dénonce, avec un certain cynisme, la rigidité et la cruauté d'une société guerrière complètement dénuée d'humanité et de compassion. Cette volonté, déjà amorcée dans "13 ASSASSINS", lui aussi un remake, est d'autant plus forte ici que la violence se montre moins visuelle qu'émotionnelle, hormis bien sûr cet effroyable spectacle d'Hara-Kiri au sabre de bambou.
Conforme au film original (la couleur en plus), la version de Takashi Miike − également visible en 3D − en recycle les décors épurés et austères, tout en proposant une esthétique hyper léchée. On y retrouve l'excellent Kôji Yakusho, qui campe un rôle moralement à l'opposé de celui qu'il incarnait dans "13 ASSASSINS" : l'intendant d'un clan dont l'excessive rigueur morale bascule dans l'extrémisme voire le sadisme (à travers le sort réservé à l'infortuné Motome, considéré comme l'imposteur ayant bafoué les valeurs du Bushido), jusqu'à ce que, poussés dans leurs derniers retranchements, lui et ses hommes tombent le masque...

A la manière d'un Nô japonais, "HARA-KIRI" est un drame poignant d'une grande sobriété, qui se déroule quasiment en huis clos dans la résidence du clan Li, et ne compte au final que très peu de scènes d'action, préférant s'interroger sur le bien fondé de perpétuer des traditions dépassées.
Note de : 7 sur 10
Publiée le
Hara-Kiri : Mort d'un Samouraï
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