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Critique du film 8ème Festival du Film Asiatique de Deauville

8EME FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE

Année : 2006
Pays : Deauville, France
Note du rédacteur : 10 / 10

LA CRITIQUE

Du 08 au 12 mars 2006

Nous voici de retour à Deauville pour la huitième édition du Festival du Film Asiatique, regroupant comme chaque année un large panorama des nouveautés du cinéma extrême oriental.
2006 sera consacrée à Ryuichi Hiroki et Chen Kaige, deux réalisateurs auxquels Deauville rendra hommage avec la projection d'une partie de leur filmographie respective.
Si Chen Kaige est loin d'être méconnu du public occidental grâce à ses chefs d'œuvres "L'EMPEREUR ET L'ASSASIN", "L'ENFANT AU VIOLON", et surtout le magnifique "ADIEU MA CONCUBINE", Ryuichi Hiroki est en revanche un cinéaste plus discret, qui s'est illustré dans le Pinku Eiga (films érotiques japonais), auteur de films comme "SADISTIC CITY", "TOKYO TRASH BABY", "VIBRATOR" et plus récemment "IT'S ONLY TALK", présenté cette année au festival.
Parmi les relatives nouveautés, nous retrouverons sans surprise les blockbusters HK "SPL" de Wilson Yip et "THE MYTH" de Stanley Tong, "WU JI" de Chen Kaige pour la Chine, ou encore "A BITTERSWEET LIFE" de Kim Jee-woon, "MARATHON" de Chung Yoon-chul, "APRIL SNOW" de Hur Jin-ho et le fantastique "ANTARCTIC JOURNAL" de Yim Phil-sung pour la Corée, les grands absents étant peut-être "ELECTION" de Johnnie To, "SHUTTER" de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom, "CELLO" de Lee Woo-cheol, ou encore "YOKAI MONSTERS", le dernier Takashi Miike...
Très peu de films d'horreur donc cette année, voire pas du tout, "ANTARCTIC JOURNAL" étant difficilement classable dans cette seule catégorie. Qu'à cela ne tienne ! Malgré quelques incohérences dans le choix des salles, la programmation reste assez riche pour trouver son bonheur et découvrir des curiosités inaccessibles, toujours cependant avec cette frustration de ne pas avoir la possibilité de tout voir...

La grande - mais toute relative - nouveauté de cette année, c'est l'installation du "Village Asia", un regroupement de stands supposés représenter les arts asiatiques, un peu à la manière d'un mini salon. Autant dire que l'espace gigantesque qui était à disposition n'a que très peu été exploité, avec la seule présence d'une demie douzaine de stands à l'intérêt discutable et presque toujours désertés par des festivaliers plus occupés au visionnage de films...

Voici donc les résumés de ceux présentés cette année, ainsi qu'une courte critique pour la vingtaine que nous avons eu le temps et la chance de voir.



Film d'ouverture

"WU JI, LES CAVALIERS DU VENTS" de Chen Kaige (Chine)
avec Jang Dong-gun, Cecilia Cheung, Nicholas Tse, Hiroyuki Sanada, Liu Ye, Chen Hong
La petite Qingcheng erre à la recherche de nourriture quand elle se retrouve face à la Déesse Manshen qui va l'aider mais lui imposer également un pacte qui la liera jusqu'à la mort : "Tu seras adorée par les hommes les plus puissants et leurs richesses seront à tes pieds. Mais tu n'obtiendras jamais l'amour vrai et si tu le rencontres, tu le perdras aussitôt"...

>> Critique : Est-il encore besoin de présenter Chen Kaige ? L'un des réalisateurs chinois de la "cinquième génération" les plus connus pour sa filmographie pleine de poésie, très remarqué en occident pour son chef d'œuvre ultime "ADIEU MA CONCUBINE" - qui a remporté la Palme d'or à Cannes en 1993 - et accessoirement celui qui a fait découvrir Gong Li au public international est de retour, trois ans après le magnifique "L'ENFANT AU VIOLON", avec "WU JI", un film ambitieux, visuellement impressionnant pour ne pas dire absolument somptueux, qui pourtant ne tiendra pas toutes ses promesses... Lire la suite



Film de clôture

"MARATHON" de Chung Yoon-chul (Corée du Sud)
avec Cho Seung-woo, Kim Mi-sook, Lee Ki-young, Baek Sung-hyun
Vingt ans après sa naissance, Cho-won possède le niveau intellectuel d'un garçon de cinq ans. Sa mère se bat corps et âme afin d'insérer son fils dans la société et pense détenir la clef en découvrant sa passion pour la course à pied.

>> Critique : Le thème de l'autisme avait déjà été abordé dans plusieurs films comme "RAIN MAN", ou encore "FORREST GUMP". Dans "MARATHON", le réalisateur se concentre sur la cellule familiale et plus précisément sur les relations quasi fusionnelles qu'entretiennent un jeune homme atteint d'autisme et sa mère maladivement protectrice. Pour son tout premier long métrage, on peut dire que Chung Yoon-chul fait preuve d'une étonnante maturité avec ce film touchant et profondément humain qui brise les frontières d'un handicap insupportablement marginalisant, certainement encore incompris et mal accepté par la société.
Inspiré d'une l'histoire vraie, celle de Bae Hyung-Jin, "MARATHON" est plus une tendre fable sur la vie qu'un véritable drame. A travers la réussite sportive du personnage de Cho-won et son intégration, ce sont autant de messages d'espoir pour les autistes et leur entourage qui vivent le handicap au quotidien.
Un très joli film, plein de sensibilité et de simplicité grâce à des scènes attendrissantes non dénuées d'humour.




.: COMPETITION OFFICIELLE :.

"4:30" de Royston Tan (Singapour)
avec Xia Li Yuan, Kim Young-jun
Xiao Wu partage son temps entre l'école, un appartement vacant et une consommation excessive de nouilles instantanées. Un jour, l'arrivée d'un nouveau locataire vient bousculer la routine du jeune garçon.

>> Critique : Un titre mystérieux, un synopsis plutôt vague... et au final une très belle surprise que ce second long métrage du singapourien Royston Tan, qui dépeignait une jeunesse désenchantée dans son premier film "15". Cette fois, l'adolescence laisse place à l'enfance et à ses souvenirs dans une ambiance intemporelle et méditative, mettant en scène un jeune garçon presque laissé à l'abandon par sa famille dans un appartement à la déco vieillotte. Il partage temporairement son domicile avec un parfait inconnu, un coréen visiblement ami de la famille, avec lequel la communication s'avèrera difficile. Surmontant la barrière de la langue par des gestes et des attentions, Xiao Wu tente d'établir une relation avec cet homme dépressif qui attise de plus en plus sa curiosité et qu'il se plait à imaginer comme un père...
"4:30" ressemble plus à une "tranche de vie" qu'à une histoire avec une véritable finalité. Un film poignant, dans de désuets mais magnifiques décors verdâtres rappelant un peu la torpeur de "IN THE MOOD FOR LOVE", qui évoque, non sans humour, la profonde solitude et le manque affectif de deux êtres enfermés dans un quotidien morne, qui n'arriveront jamais à réellement se comprendre. A noter la performance des deux acteurs, en particulier le jeune et très impressionnant Xia Li Yuan !



"A.V." de Pang Ho-Cheung (Hong Kong)
avec Wong You-nam, Lawrence Chou, Derek Tsang, Jeffrey Chow, Chui Tien-you, Manami Amamiya
Quatre étudiants délurés prétextent d'un tournage pour engager une actrice japonaise spécialisée dans les films pornographiques dans l'espoir de coucher avec elle.

>> Critique : Connu pour avoir déjà réalisé les excellents "YOU SHOOT I SHOOT", "MEN SUDDENLY IN BLACK" et "BEYOND OUR KEN", Edmond Pang Ho-Cheung (également auteur de romans, notamment le très populaire "FULLTIME KILLER", adapté au cinéma par Johnnie To et Wai Ka-Fai) revient à ses premières amours, avec ce film complètement déjanté, qu'il revendique comme étant inspiré par le grand Chen Kaige ! Détail plus que surprenant quand on confronte cette comédie loufoque au style profondément poétique du réalisateur chinois !
Si "A.V." (Adult Video) pourrait très grossièrement se comparer à une sorte de "AMERICAN PIE" à la sauce HK pour son scénario, l'humour y est beaucoup moins lourd et plus subtil, complètement dans la veine de "MEN SUDDENLY IN BLACK", qui racontait déjà les déboires de quatre hommes prêts à tout pour tromper leur femme, tout en parodiant le style pompeux des films d'action à l'américaine. Dans "A.V." nous avons affaire à une bande attachante de quatre jeunes losers dotés d'une imagination débordante, usant de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour obtenir des faveurs sexuelles.
Les personnages principaux, tout simplement hilarants, parfois même touchants par leur naïveté, sont interprétés avec conviction par des acteurs déjà plus ou moins expérimentés dont Derek Tsang (déjà vu dans le film d'horreur pour ados "THE PARK" et accessoirement fils d'Eric Tsang) et Lawrence Chou ("THE EYE", "LEAVE ME ALONE"). A l'instar de ses précédents films, l'on retrouvera même quelques caméos d'acteurs plus confirmés comme par exemple Chin Ka-Lok dans un rôle de chorégraphe/cascadeur aux idées complètement farfelues.
Bref, une nouvelle comédie rafraîchissante du génial Pang Ho-Cheung, avec l'humour débridé et décalé qu'on lui connaît !



"BLUE CHA CHA" de Cheng Wen-Tang (Taïwan)
avec Su Hui-lun, Lu Yi-ching, Lee Wei, Leon Dai, Huang Wu-shan
A-Yu, une jeune femme qui vient juste de sortir de prison, tombe amoureuse de deux hommes. Mais l'amour s'estompe bientôt et elle va trouver refuge auprès de son amie Ann, une ancienne co-détenue, qui lui propose de séjourner dans une cabane près du port.

>> Critique : Dans "BLUE CHA CHA", on se demande constamment où le réalisateur veut en venir. Au final une petite lueur d'espoir s'esquisse pour notre héroïne, A-Yu, une jeune femme socialement mal intégrée et traumatisée par des relations amoureuses désastreuses, qui ne trouvera finalement la paix qu'auprès de son amie Ann.
Pour son troisième film, Cheng Wen-Tang évoque les différences de perception de l'amour entre hommes et femmes sur fond de danse Cha-Cha, véritable remède à la tristesse. La fragilité de A-Yu (mélange d'innocence et de folie), les incompréhensions entre sexes opposés face aux relations amoureuses et l'affection quasi maternelle que lui voue Ann sont d'un réalisme saisissant. Malheureusement, "BLUE CHA CHA" se traîne un peu malgré de réelles bonnes intentions...



"CITIZEN DOG" de Wisit Sasanatieng (Thaïlande)
avec Mahasamut Boonyaruk, Saengthong Gateuthong, Sawatwong Palakawong Na Autthaya, Chuck Stephens, Raenkum Saninn
Le jeune Pod quitte sa campagne natale afin de trouver du travail à Bangkok. Il va rencontrer Jin, une jeune femme obsédée par les romans d'amour et la protection de l'environnement.

>> Critique : Wisit Sasanatieng nous offre avec "CITIZEN DOG" un long métrage au scénario original et complètement barré, tiré du livre de sa compagne Koy Nuj, également auteur du roman qui avait inspiré son premier film, le très remarqué "LES LARMES DU TIGRE NOIR", sélectionné à Cannes en 2002.
Tout aussi stylisé que son prédécesseur, "CITIZEN DOG" est un foisonnement de couleurs flashy dans des décors rétros, pas vraiment étonnant quand on sait que son réalisateur vient du monde de la pub !
Un univers totalement surréaliste qui regorge de situations et de personnages burlesques : entre un ours en peluche alcoolique et accro à la nicotine, un motard zombie, une homme qui lèche tout ce qui se trouve sur son chemin, une mamie réincarnée en gecko... Avec "CITIZEN DOG", Wisit Sasanatieng signe une véritable réussite made in Thaïlande, aussi bien visuelle que scénaristique. Et tout cela non sans une pointe d'ironie et de cynisme lorsqu'il évoque la place de chacun dans la société moderne ! Un film drôle et déroutant, qui traite avant tout des relations humaines et de la quête d'un bonheur accessible.



"DAM STREET" de Li Yu (Chine)
avec Liu Yi, Huang Xingrao, Li Kechun, Wang Yizhu
Xiao-Yun, une lycéenne de seize ans, vît dans une petite ville de Chine confrontée au climat social répressif des années 80. Elle est expulsée de l'école lorsque son professeur découvre qu'elle est enceinte, mais décide néanmoins d'accoucher...



"FALLING... IN LOVE" de Wang Ming-Tai (Taïwan)
avec Lan Cheng-lung, Lee Kang-yi, Wang Fang, Shu Hui-ying
Alan et Angel sont maladivement amoureux. Belle, qui a été l'amour de jeunesse d'Alan, sort d'un mariage raté et loue une chambre d'hôtel à côté de celle d'Angel. Les deux jeunes femmes deviennent amies intimes et se racontent leurs vies amoureuses...



"MIDNIGHT MY LOVE" de Kongdej Jaturanrasmee (Thaïlande)
avec Petchtai Wongkamiao, Waranuch Wongsawad, Lung Ueau, Parinda Pinitchana, Ratsant Srisiriyaporn
Bati, la quarantaine, travaille comme chauffeur de taxi à Bangkok. Lors d'une course, il tombe amoureux de Nual, une prostituée très belle qui accepte son destin la tête haute.

>> Critique : A mille lieux d'une romance mielleuse et insipide ou d'un drame trop larmoyant, "MIDNIGHT MY LOVE" fût sans conteste l'une des plus belles surprises de ce festival !
Le film raconte l'histoire de Bati, un chauffeur de taxi naïf et solitaire, qui mène une existence monotone rythmée par ses petites habitudes récalcitrantes et une émission de radio pour les nostalgiques, comme lui, des 60‘s. Ce quotidien routinier va soudain s'illuminer, avec la rencontre de Nual, une jeune prostituée désabusée qu'il vient chercher tous les soirs en taxi, et qui rêve d'une vie meilleure.
Ces deux êtres qui ne sont pas "réglés" à la même époque, si différents et pourtant réunis par leur solitude et leur quête d'une vie simple et pure, vont trouver du réconfort l'un auprès de l'autre...
Une histoire d'amour magnifique et improbable qui nous ballade dans les rues de Bangkok en compagnie de personnages touchants, interprétés par un duo d'acteurs particulièrement convaincants (dont le fantastique Petchtai Wongkamiao que l'on a pu voir dans "KILLER TATTOO" et "ONG-BAK"). Excellent second long métrage du réalisateur thaïlandais !



"THE PETER PAN FORMULA" de Cho Chang-ho (Corée du Sud)
avec On Ju-wan, Kim Ho-jung, Ok Ji-young, Park min-ji
Han-soo, un lycéen promis à un grand avenir de nageur professionnel, abandonne sa passion et sa joie de vivre le jour où sa mère tombe dans le coma après une tentative de suicide. Se retrouvant seul au monde, il commence à braquer des magasins afin de payer les frais d'hospitalisation de sa mère.

>>Critique : Dans "THE PETER PAN FORMULA", son premier long métrage, Cho Chang-ho dresse le portrait d'un adolescent désoeuvré, livré à lui-même depuis l'hospitalisation de sa mère suicidaire.
Le titre en dit déjà long sur le thème de ce film aux intonations dramatiques, qui raconte le passage à l'âge adulte et son lot de contradictions, à travers les difficultés d'un jeune homme en plein éveil sexuel et en mal de repères. Entre ses obligations envers sa mère qui se trouve à l'hôpital et ses tentatives malheureuses pour renouer avec un père qui l'a abandonné à la naissance, Han-soo recherche du réconfort auprès de sa voisine, une mère de famille professeur de piano, avec qui il va nouer une relation insolite, à la fois sexuelle, affective et maternelle...
"THE PETER PAN FORMULA" est un film troublant qui dénote l'influence certaine de Kim ki-duk sur le réalisateur, particulièrement après avoir travaillé avec lui sur "BIRDCAGE INN" et "BAD GUY".



"YUMENO" de Yoshitaka Kamada (Japon)
avec Nahana, Katsuya Kobayashi, Shikoh Kanai, Yuna Natsuo, SHigemitsu Ogi, Shungiku Uchida
Yoshiki vient d'attaquer une femme sans savoir qu'elle était l'une des petites amies d'un yakusa. Afin de le punir, ce dernier lui demande un million de yens qu'il devra remettre dans trois jours. Pris de panique, Yoshiki s'introduit dans l'appartement de Yumeno, une jeune fille qu'il a rencontrée récemment.




.: COMPETITION ACTION ASIA :.

"A BITTERSWEET LIFE" de Kim Jee-woon (Corée du Sud)
avec Lee Byun-hun, Shin Mina, Kim Young-chui, Kim Roi-ha, Moon Chong-hyuk, Hwang Jung-min
Sunwoo est plus qu'un simple directeur d'hôtel. Rapide et efficace, il est aussi le bras droit de Kang, un chef de gang de la mafia. Redoutable caïd, ce dernier n'a qu'une faiblesse : sa petite amie Hee-soo. Suspectant qu'elle le trompe, il demande à Sun-woo de "régler le problème".

>> Critique : Après avoir versé dans le film d'horreur avec "DEUX SOEURS" et le segment coréen de "TROIS HISTOIRES DE L'AU-DELA", dans la comédie avec le fantastique "THE FOUL KING", et dans un mélange caustique des deux avec "THE QUIET FAMILY" (remaké par Takashi Miike en personne avec "THE HAPPINESS OF THE KATATURIS"), Kim Jee-woon s'attaque cette fois au polar !
Si tous les précédents films du réalisateur sont de pures réussites, "A BITTERSWEET LIFE" ne déroge pas à la règle ! Dans une atmosphère sombre aux couleurs et aux jeux de lumières d'un esthétisme sans faille, "A BITTERSWEET LIFE" va au-delà de la "simple" histoire de vengeance.
"Vengeance", voilà un mot qui fait instantanément penser au triptyque que Park Chan-wook, surtout lorsqu'il s'agit de cinéma coréen, et pourtant... A travers les mésaventures du héro, Sunwoo (joué par Lee Byun-hun - "THREE... EXTREMES", "JSA"...), Kim Jee-woon nous propose le portrait d'un homme qui s'éveille à la vie et à l'amour le jour de sa rencontre avec la petite amie de son patron. L'existence toute entière du fidèle homme de main va soudain prendre un autre sens, basculant de la noirceur du monde du crime à la lumière de la vie du commun des mortels, et ce en total contraste avec la réalité de la situation horrible qu'il est en train de vivre, pourchassé sans relâche par la mafia qui lui a jadis offert pouvoir et protection.
L'évolution du personnage au cours du film est le pivot de cette intrigue, passant du tueur à gage sans pitié dénué de tout sentiment, à un être sensible et vulnérable, qu'il a finalement toujours été au fond de lui-même... Il n'en demeure pas moins prêt à tout pour sauver sa peau, ce qui donne bien sûr lieu à des scènes de combats violentes, mélangées de manière originale à une bonne dose d'humour noir.
Un film d'action classieux et très noir avec un style presque emprunté aux films d'action HK. Superbe !



"HEAVEN'S SOLDIERS" de Min Joon-ki (Corée du Sud)
avec Park Joong-hoon, Kim Seung-woo, Hwang Jeong-min, Gong Hyo-jin
La bataille fait rage entre onze soldats sud et nord coréens quand ils disparaissent subitement sans laisser de trace. Ils ont été emportés dans une faille spatio-temporelle et se retrouvent en 1572, lors de la cinquième année du règne du roi Seonjo.

>> Critique : Pour son premier film, Min Joon-ki a voulu rendre hommage à Lee Soon-shin personnage clé de l'histoire de la Corée, comparé par le réalisateur lors de la projection à un De Gaulle, une Jeanne D'arc et même à Jesus Christ... ce qui n'a pas manqué de faire rire l'assistance !
Imaginez un mix des "VISITEURS" - pour le mélange des époques - et de "JSA" - pour la volonté de réconciliation intercoréenne - et vous obtenez "HEAVEN'S SOLDIERS", long métrage à mi-chemin entre le film de Science Fiction blockbuster à l'américaine et la fresque historique burlesque, inspiré d'un extrait des chroniques de la dynastie Chosun qui évoque la venue de soldats célestes au secours du peuple pour repousser les assauts des envahisseurs japonais.
Des acteurs connus : Hwang Jeong-min ("SHIRI", "THIS CHARMING GIRL", "A BITTERSWEET LIFE"), Kim Seung-woo ("YESTERDAY"), Park Joong-hoon ("SUR LA TRACE DU SERPENT", "TUBE"), quelques scènes comiques, parfois carrément lourdingues, et une morale patriotique insistante un peu bancale... Dans "HEAVEN'S SOLDIERS", rien n'est réellement convaincant à 100%.
Un film peu crédible et tout juste divertissant, qui manque totalement d'inventivité et surtout de finesse...



"MOB SISTER" de Wong Ching-Po (Hong Kong)
avec Eric Tsang, Anthony Wong, Simon Yam, Alex Fong, Annie Liu, Karena Lam
Au sein de la pègre machiste où les héros sont faits de sang et les trahisons sont monnaie courante, quelle place y a-t-il pour une femme sans défense ? Ah Sou, la fille d'un chef de gang, va devoir gagner le respect pour survivre.

>> Critique : Encore un casting tout simplement somptueux pour ce troisième film du jeune réalisateur de "JIANG HU" et "FU BO", qui nous prouve une fois de plus à quel point les acteurs HK sont prolifiques ! L'on retrouve donc au premier plan un quatuor d'acteurs fantastiques qu'on ne présente plus : Simon Yam ("THE MISSION", "PTU", "SPL", "ELECTION"...), Anthony Wong (la série des "INFERNAL AFFAIRS", "EBOLA SYNDROME", les "UNTOLD STORY"...), Alex Fong ("ONE NITE IN MONGKOK", les "IRON ANGELS", "A TRUE MOB STORY"...) et Eric Tsang (les "INFERNAL AFFAIRS", "MEN SUDDENLY IN BLACK", "PERHAPS LOVE"...), sans oublier la gent féminine avec Karena Lam ("KOMA", "INNER SENSES") et le personnage principal, la jeune Annie Liu dont c'est le premier film.
"MOB SISTER" démarre comme un touchant tableau de famille, le portrait presque mielleux d'une adolescente équilibrée, qui vit avec un père affectueux et un entourage aimant de trois oncles protecteurs. Mais très vite les lois impitoyables qui régissent les triades prennent le dessus sur l'amitié de longue date des quatre hommes à l'origine d'un empire très convoité, et Ah-shou l'héritière du clan se retrouve confrontée aux dures réalités du milieu, perdant au passage l'innocence de sa tendre jeunesse.
Les personnages sont touchants et l'on croirait presque à l'harmonie parfaite malgré les activités annexes des personnages... Une histoire qui tourne au drame. Un drame plus qu'un véritable film d'action. Très bon en tout cas !



"ONE NITE IN MONGKOK" de Derek Yee (Hong Kong)
avec Daniel Wu, Cecilia Cheung, Alex Fong, Lam Suet, Anson Leung
Roy est engagé par la pègre hongkongaise afin d'assassiner un important trafiquant de drogue travaillant pour une triade. Trahi par son intermédiaire et pourchassé par la police, il rencontre Dan Dan, une jeune prostituée.

>> Critique : Personnage multi-casquettes, le Derek Yee réalisateur ("VIVA EROTICA", "C'EST LA VIE MON CHERI"...) revient avec ce film estampillé action au casting encore une fois impressionnant, réunissant Daniel Wu ("BEYOND OUR KEN", "GEN X COPS", "2000AD"), Alex Fong ("LIFELINE", "STORMRIDERS", "MOB SISTER"...), Lam Suet ("FULLTIME KILLER", "THE LONGEST NITE", "THE MISSION"...) et la sublime Cecilia Cheung ("KING OF COMEDY", "LEGEND OF ZU", "WU JI"...), qui nous prouvent tous une fois de plus leurs indéniables talents d'acteurs.
Le cœur du quartier de Mongkok est le théâtre d'une guerre entre deux clans rivaux. La police de Hong Kong est sur le qui-vive et décide de monter une opération spéciale afin d'endiguer les affrontements censés avoir lieu la veille de noël, selon la rumeur locale. Un tueur à gage et une prostituée se retrouvent au beau milieu de toute cette agitation, traqués par l'inspecteur Miao et ses hommes, et tentant coûte que coûte de sauver leur peau...
Dans "ONE NITE IN MONGKOK", on retrouve l'ambiance nocturne à la hongkongaise d'un "PTU" ou d'un "THE LONGEST NITE", sur un territoire régi par la mafia où tous les coups sont permis. Les personnages sont attachants, et profondément humains, ce qui fait certainement la grande force de "ONE NITE IN MONGKOK", un polar efficace et sans excès, loin des habituels clichés du genre.



"THE MYTH" de Stanley Tong (Hong Kong)
avec Jackie Chan, Kim Hee-seon, Tony Leung Ka Fai, Mallika Sherawat, Sun Zhou, Shao Bing
Un archéologue intrépide doit se rendre en Inde afin d'enquêter sur de mystérieux phénomènes de lévitation qui ont eu lieu dans un ancien lieu sacré...

>> Critique : Le nouveau Jackie Chan demeurait sans nul doute l'un des films les plus attendus de ce festival, d'autant plus lorsque celui-ci est signé Stanley Tong ! Alors que l'affiche laissait penser à une fresque historique avec un Jackie Chan difficile à imaginer dans un rôle sérieux sans le moindre combat de Kung Fu, nous aurons finalement droit à un étrange mélange des genres, tirant plutôt vers la comédie aux chorégraphies soignées, un domaine dans lequel notre expert des arts martiaux excelle !
"THE MYTH" vogue entre la Chine ancienne à l'époque de la dynastie Qin, où Jackie incarne Meng Yi, un général à l'intégrité irréprochable qui s'éprend de la concubine de l'Empereur (interprétée par Kim Hee-seon), et le 21e siècle, où le même Jackie est Jack, un archéologue renommé qui part à l'aventure avec son ami scientifique William (Tony Leung Ka Fai) sur les traces d'un temple en Inde. Assailli d'étranges visions, Jack se voit dans la peau de Meng Yi, deux cents ans avant Jésus Christ, et se sent soudain investi d'une mission : retrouver un mystérieux tombeau royal...
Sans que ce soit le film du siècle, "THE MYTH" ne s'en sort pas trop mal grâce à la "Jackie touch'", mix d' humour et de Kung Fu, mais aussi à la présence du génial Tony Leung Ka Fai, très drôle dans son rôle de gaffeur incorrigible. La scène du tapis roulant recouvert de glue restera sans doute dans les mémoires, bien plus que les effets spéciaux un peu kitsch et le scénario trop fourre-tout.
"THE MYTH" reste cependant un très bon moment de divertissement, et c'est précisément ce qu'on lui demande !




.: SECTION PANORAMA :.

"A SIDE B SIDE SEASIDE" de Wing Chiu Chan (Hong Kong)
avec Ling Kong, Dolphin Chan, Bong Yin Wong, Chan Ming To, McChing Mak, Isis Lee, Larry Chan
Honey, une écolière de Hong Kong, décide de passer quelques jours inoubliables dans un village de pêcheurs avec ses meilleures amies avant de partir dans un collège de Pékin. Baby, une fille qui a du mal à vivre dans la grande métropole, retourne dans ce même village afin de revisiter son passé.



"ANTARCTIC JOURNAL" de Yim Phil-sung (Corée du Sud)
avec Song Kang-ho, Yu Ji-tae, Kim Kyeong-ik, Park Hee-soon
Une équipe coréenne décide d'atteindre l'endroit le plus reculé de l'Antarctique. En marchant dans la neige immuable, ils trouvent le journal de bord d'une expédition anglaise menée quatre-vingt ans auparavant et dès lors, d'étranges événements se produisent.

>> Critique : Pour son premier long métrage, Yim Phil-sung a su s'entourer des meilleurs : Kenji Kawai pour la bande son, Song Kang-ho ("JSA", "MEMORIES OF MURDER", "SYMPATHY FOR MR VENGEANCE", "THE FOUL KING"...) et Yu Ji-tae ("OLD BOY", "INTO THE MIRROR", "NATURAL CITY"...) pour l'interprétation.... Et côté scénario, il signe une histoire à la fois originale et très mystérieuse, avec son ami Bong Joon-ho, à l'origine du fantastique et non conventionnel "MEMORIES OF MURDER", duquel "ANTARCTIC JOURNAL" tire d'ailleurs quelques similitudes dans sa façon de laisser le spectateur donner libre court à son interprétation des faits... Lire la suite
Lire l'interview de Yim Phil-sung



"APRIL SNOW" de Hur Jin-ho (Corée du Sud)
avec Bae Yong-joon, Son Ye-jin, Lim Sang-hyo, Kim Kwang-il
In-su et Seo-young se rendent à l'hôpital car ils viennent d'apprendre que leurs conjoints ont eu un grave accident de voiture. Alors que ces derniers sont dans un coma profond, In-su et Seo-young découvrent qu'ils entretenaient une relation extra-conjugale.

>> Critique : Tout commence mal pour les deux héros de cette histoire, à priori tragique... D'abord l'annonce de l'accident de voiture dont ont été victimes leurs compagnons respectifs, ensuite la découverte insupportable de leur liaison... In-su et Seo-young ressentiront tour à tour tristesse, haine, humiliation, souffrance et incompréhension. Un tourbillon de sentiments qui va les réunir dans l'adversité. Les rencontres dans les couloirs de l'hôpital se transforment bien vite en une complicité naissante puis en passion torride, à travers laquelle chacun pansera ses propres blessures. Un scénario original et dans le fond plutôt optimiste en contraste avec le ton du film et les circonstances dramatiques dans lesquelles les deux personnages font connaissance.
Une très belle histoire pleine de poésie sur l'adultère mais surtout sur l'amour...



"DUELIST" de Lee Myung-se (Corée du Sud)
avec Ha Ji-won, Gang Dong-won, Ahn Sung-ki, Song Young-chang
Dans la Corée du dix-septième siècle, seules quelques femmes ont le droit d'enquêter sur des affaires épineuses. Namsoon, l'une d'entre elles, a pour mission d'arrêter Sad Eyes, un voleur énigmatique plein de charme et virtuose de l'épée.

>> Critique : On connaissait Lee Myung-se pour son très médiatique "SUR LA TRACE DU SERPENT" (récompensé par le jury de Deauville en 2000), voici donc son dernier long métrage, dans un style plus costumé... Librement adapté du Manwha (manga coréen) "DAMO NAM-SOON", qui avait déjà fait l'objet d'une série TV - ou Drama - (dans laquelle jouait déjà Ha Ji-won d'ailleurs), "DUELIST" se déroule donc sous la dynastie Chosun, et autant dire que visuellement, tous les atouts étaient de son côté, comme le laissait présager les premières images du film.
De magnifiques images, certes, renforcées par un scénario à priori intéressant... mais au final quelle déception ! Soit plus de 110 minutes de lutte acharnée pour garder les yeux ouverts, espérant qu'une surprise imminente viendrait nous faire oublier une intrigue mal exploitée et surtout le jeu déplorable des deux acteurs principaux. En ligne de mire la charmante mais quelque peu agaçante Ha Ji-won ("PHONE", "100 DAYS WITH MR. ARROGANT") qui en fait des tonnes sans jamais réellement faire rire, et puis il y a le très androgyne Gang Dong-won, au physique tout à fait adapté pour incarner un héros de manga virtuose du sabre, mais hélas complètement inexpressif... Impossible de s'attacher aux personnages une seule seconde malgré les meilleures volontés du monde, et impossible également de se retrouver subjugué par ce film d'arts martiaux à l'eau de rose sans personnalité et sans âme...



"IT'S ONLY TALK" de Ryuichi Hiroki
avec Shinobu Terajima, Etsushi Toyokawa, Shunsuke Matsuoka, Tomorowo Taguchi, Satoshi Tsumabuki
Yuko, 35 ans, célibataire et sans travail, prend des anti-dépresseurs sur les conseils de son psychiatre. Vivant à Kamata Town, elle partage son temps entre plusieurs hommes qui ont des personnalités très différentes...



"JONI'S PROMISE" de Joko Anwar (Indonésie)
avec Nicholas Saputra, Mariana Renata, Rachel Maryam, Dwiky Riza, Surya Saputra, Gito Rollies
Joni, un livreur de bobines de films, rencontre une jolie fille devant l'entrée d'un cinéma. Lorsqu'il lui demande son nom, elle lui propose de lui donner à la seule condition qu'il livre à temps la copie du film qu'elle est venue voir. Mais la ville entière semble avoir décidée de faire échouer sa mission...

>> Critique : On parle beaucoup du cinéma HK, chinois, japonais, coréen, indien... Le cinéma indonésien est un peu moins connu mais n'en demeure pas moins intéressant, à l'instar de cette comédie signée d'un tout jeune réalisateur.
L'industrie cinématographique doit aussi compter sur Joni, le livreur de bobine des cinémas de Jakarta. Toujours ponctuel, le jeune homme est en passe de faillir à sa délicate mission le jour où il fait la rencontre d'une charmante demoiselle, à qui il fait une drôle de promesse... Commence alors une journée infernale pour Joni, un véritable périple semé d'embûches à travers toute la ville et son étrange population, qui semble s'être liguée contre lui !
Un scénario simple et léger pour une comédie rythmée et rafraîchissante, dans "JONI'S PROMISE" une galerie de personnages et de situations excentriques vous attendent au coin de la rue. Joko Anwar se permet même un petit clin d'œil caustique sur le processus cinématographique, de la conception du film à sa présentation en salles, avec notamment une catégorisation amusante et caricaturale des spectateurs.



"LOFT" de Kiyoshi Kurosawa (Japon)
avec Nakatani Miki, Toyokawa Etsushi
Reiko, une romancière à succès, n'arrive plus à écrire et décide de s'installer à la campagne, loin de l'agitation urbaine. Elle y rencontre un archéologue victime d'étranges malaises depuis qu'il a déterré une momie vieille de mille ans...



"MON VOISIN TOTORO" de Hayao Miyazaki (Japon)
Deux petites filles viennent s'installer avec leur père dans une grande maison à la campagne afin de se rapprocher de l'hôpital où séjourne leur mère. Elles vont découvrir l'existence de créatures merveilleuses, les Totoros...

>> Critique : Découvert par le grand public occidental avec "PRINCESSE MONONOKE" puis "CHIHIRO", "LE CHATEAU DANS LE CIEL", "KIKI LA PETITE SORCIERE" et plus récemment "LE CHATEAU AMBULANT", "TOTORO" fait sans conteste partie des meilleures œuvres du maître de l'animation Hayao Miyazaki, et reste aussi incontestablement la plus connue au Japon !
Plutôt orienté jeune public, sans le côté trop naïf de la plupart des Disney, "TOTORO" nous transporte avec émerveillement dans la tranquillité de la campagne japonaise, peuplée d'animaux extraordinaires qui viennent égayer le quotidien de deux fillettes dont la mère est souffrante : les Totoros (trois formats disponibles), les noiraudes, le chat-bus... autant de créatures magiques et attachantes devenues cultes chez les aficionados des studios Ghibli ! Un véritable hymne à la nature et à l'enfance (les thèmes de prédilection de Miyazaki) plein de tendresse et de poésie, qui évoque avec simplicité et nostalgie le Japon rural des années 50.



"PERHAPS LOVE" de Peter Chan Ho-Sun (Hong Kong)
avec Takeshi Kaneshiro, Sun Zhou, Jackie Cheung, Ji Jin-Hee
Pékin, il y a longtemps... Lin Jian Dong souhaite faire carrière dans le cinéma quand il tombe amoureux de la jolie Sun Na, danseuse dans un bar. Elle aussi espère briller un jour à l'écran...

>> Critique : Avec un tel casting, "PERHAPS LOVE" avait de quoi faire saliver ! Takeshi Kaneshiro ("CHUNKING EXPRESS", "FALLEN ANGELS", "DR WAI", "LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS"...) et Sun Zhou ("L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN", "SUZHOU RIVER", "BEIJING BICYCLE", "BALZAC ET LA PETITE TAILLEUSE CHINOISE") dans les rôles principaux, le retour du grand Jackie Cheung à l'écran, une apparition du fantastique Eric Tsang (également à l'affiche de "MOB SISTER") et la présence du coréen Ji Jin-Hee, que l'on avait pu voir notamment dans "H"... Tout cela n'aura pourtant pas suffi à faire de cette romance aux allures de comédie musicale le grand film qu'il aurait dû ou pu être.
Connu comme producteur, avec par exemple la série des "THE EYE", "GOLDEN CHICKEN", "THREE... EXTREMES" ou "DUMPLINGS", le Peter Chan Ho-Sun réalisateur est également célèbre pour ses longs métrages à l'eau de rose ("HE IS A WOMAN, SHE IS A MAN", "COMRADES, ALMOST A LOVE STORY"...), sans oublier bien sûr sa participation aux "TROIS HISTOIRES DE L'AU-DELA" avec le segment "GOING HOME".
A la manière d'un "MOULIN ROUGE" version HK, "PERHAPS LOVE", lui, nous entraîne dans l'univers du spectacle, ou plutôt du cinéma, à travers un tournage de comédie musicale qui réunira deux acteurs, autrefois amants avant de connaître la gloire chacun de leur côté. L'histoire du film, assez semblable au passé amoureux de nos deux protagonistes, les plongera tous deux dans la nostalgie et les regrets...
La pléiade d'acteurs talentueux et les somptueux décors de cabaret des 50's n'atténueront malheureusement à aucun moment les aspects soporifiques d'un scénario mélangeant fiction et réalité, qui pourtant tenait la route...
Malgré les meilleures intentions, "PERHAPS LOVE" manque d'audace, restant enclavé dans un style un peu trop sirupeux. Dommage !



"SHANGHAI DREAMS" de Wang Xiaoshuai (Chine)
avec Gao Yuan Yuan, Li Bin, Yan Anlian, Wang Xueyang, Qin Hao
Qing Hong a dix-neuf ans et habite dans la province de Guizhou avec ses parents et son frère. C'est là qu'elle a grandi, où vivent ses amis, où elle connaît son premier amour. Mais son père pense que leur avenir est à Shanghai...

>> Critique : Déjà remarqué cinq ans auparavant avec "BEIJING BECYCLE", Wang Xiaoshuai raconte dans "SHANGHAI DREAMS" la vie dans les provinces rurales chinoises au début des années 80 après la délocalisation des usines, à travers le personnage de Qing hong, une adolescente partagée entre ses désirs d'émancipation et un père particulièrement sévère.
Une chronique sociale réaliste, parfois drôle, souvent cruelle et pleine d'injustices, inspirée de la propre enfance du réalisateur, contraint à quitter sa ville natale avec sa famille. Un beau film, récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes 2005, sur un thème sensible de l'histoire de la Chine contemporaine, qui traîne parfois un peu trop en longueur...



"SPL" de Wilson Yip (Hong Kong)
avec Donnie Yen, Sammo Hung, Simon Yam
Le détective Chan met tout en oeuvre pour arrêter Po, un chef de gang impitoyable. Il est aidé par Ma, un policier intègre, expert en arts martiaux, dont les méthodes violentes déplaisent à la hiérarchie.

>> Critique : La palme du gros film d'action HK de l'année 2005 reviendra sans nul doute à "SLP", qui réunit un trio de méga stars, dont les deux acteurs/chorégraphes/réalisateurs Sammo Hung et Donnie Yen (récemment à l'affiche de "SEVEN SWORDS" de Tsui Hark), sans oublier Simon Yam très présent ces derniers temps entre "ELECTION" de Johnnie To et "MOB SISTER" de Wong Ching-Po.
A priori, rien de véritablement nouveau dans ce film, qui aurait parfaitement eu sa place dans la compétition Action Asia du festival, et dont le titre évoque les noms de trois étoiles de l'astrologies chinoise (Sha Po Lang) censées représenter chacun des personnages. Une histoire banale de flics en guerre contre un chef de la pègre, qui pourtant se démarque par la qualité sans faille de ses chorégraphies − signées Donnie Yen − d'une violence et d'une rapidité hors du commun ! Si nos deux maîtres en arts martiaux portent presque le film à eux seuls, la performance du très prometteur Wu Jing est également très impressionnante, d'une sauvagerie sans concession.
Outre l'intérêt des combats, le scénario présente quelques originalités, mettant de côté le manichéisme traditionnel des polars et conférant aux personnages un aspect profondément humain, notamment à travers leurs rapports à la paternité, que l'ont retrouve chez chacun sous un angle différent.
Avec "SPL", Wilson Yip ("BULLETS OVER SUMMER", "JULIET IN LOVE", "WHITE DRAGON", "DRAGON TIGER GATE") affichait clairement sa volonté de renouveler le genre, en alliant des scènes d'action spectaculaires à une histoire dramatique et complexe. Le pari est réussi, non exempt cependant de quelques clichés récalcitrants, en tête le jeu pompeux de Donnie Yen, véritable gravure de mode...




.: HOMMAGE A CHEN KAIGE :.


"LA VIE SUR UN FIL" - 1991
avec Liu Zhongyuan, Huang Lei, Xu Qing
Deux musiciens aveugles, un vieil homme et son disciple, traversent le désert. Un jour, le plus âgé casse les 1000 cordes de son banjo...

>> Critique : L'odyssée méditative, parfois presque irréelle, de deux musiciens aveugles, censés retrouver la vue à la millième corde de banjo cassée... Le vieux maître, la sagesse incarnée, s'évertue à jouer de villages en villages jusqu'à ce que la prophétie se réalise, tandis que son disciple préfère l'amour de la jeune Lanxiu à la pratique de la musique et du chant...
"LA VIE SUR UN FIL" est un film lent, qui l'espace de quelques heures, nous fait voyager dans une province du nord de la Chine, proche de la Mongolie, à travers l'immensité de magnifiques paysages tour à tour désertiques et montagneux. Dans ce cadre majestueux, ce quatrième long métrage de Chen Kaige décrit un parcours spirituel, une réflexion philosophique sur la foi, ses illusions et désillusions, une manière détournée d'évoquer les promesses de la Révolution Culturelle... un sujet récurrent dans la carrière du réalisateur.



"ADIEU MA CONCUBINE" - 1993
avec Leslie Cheung, Gong Li, Zhang Fengyi
La vie de deux acteurs de l'opéra de Pékin dont le destin est inextricablement imbriqué dans les méandres de l'Histoire de la Chine.

>> Critique : Mondialement connu et reconnu, puisqu'il a obtenu de nombreux prix dont la Palme d'Or au festival de Cannes en 1993, "ADIEU MA CONCUBINE" est sans doute le long métrage le plus troublant et le plus marquant de la filmographie de Chen Kaige. La première partie de ce film de 2h45 raconte les conditions de vie difficiles des élèves de l'Académie de l'Opéra de Pékin dans les années 30. Les scènes sont particulièrement dures, presque insoutenables par moment, et déjà, un enfant se démarque du lot, Douzi un garçon à l'apparence fragile qui commence à ne plus distinguer le théâtre de la réalité et qui se lie d'amitié avec Shitou, un autre élève qui se comporte en grand frère protecteur. Viendra ensuite la gloire pour le duo d'acteurs, avant que la guerre avec le Japon n'intervienne dans l'histoire de la Chine populaire, conduisant à la Révolution Culturelle de 1966, qui mettra un terme à leur carrière.
Une fresque qui retrace, à travers la vie mouvementée de ces deux personnages, tout un pan de l'histoire de la Chine, un thème très cher au réalisateur depuis le début de sa carrière. Les acteurs en herbes sont époustouflants, presque autant que le trio Leslie Cheung / Gong Li / Zhang Fengyi. Un triangle amoureux porté presque exclusivement par le seul personnage de Dieyi (le nom de scène de Douzi), interprété par le regretté Leslie Cheung, vecteur d'une réelle intensité dramatique, et impérial dans sa façon de jouer l'ambiguïté d'un être torturé, sans doute parce qu'il l'était aussi dans la vie, avant son suicide en 2003...



"TEMPTRESS MOON" – 1996
avec Leslie Cheung, Gong Li, Kevin Lin, He Caifei
Non loin de Shanghai, le clan Pang règne sur la vie locale. Le jour où le vieux maître décède, Ruyi est chargée de prendre en main les affaires de la famille



"L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN" - 1999
avec Gong Li, Zhang Fengyi, Sun Zhou, Chen Kaige
Au troisième siècle avant Jésus Christ, un roi ambitieux est obsédé par l'idée de réunir les sept royaumes de Chine et de devenir ainsi son premier empereur.

>> Critique : Avec "L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN", Chen Kaige nous livre une fresque shakespearienne aux allures "Kurosawaienne", qui s'inspire d'un épisode important de l'histoire de la Chine, à l'époque de l'unification des sept royaumes en un immense empire. Mettant en scène un triangle amoureux au destin quelque peu dramatique, "L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN" évolue dans de somptueux décors, reflets du faste et de la grandeur des hautes sphères chinoises de l'époque. Un pouvoir destructeur pour le futur empereur, Ying Zheng, que l'ambition démesurée conduira aux pires exactions, contre la volonté de sa bien aimée, le Dame de Zhao.
Après "ADIEU MA CONCUBINE", le couple Gong Li / Zhang Fenyi se retrouve pour camper deux êtres épris de justice, face à un roi que la soif de puissance a rendu cruel et amer. Une tragédie épique agencée de main de maître à la manière d'une pièce en cinq actes, où s'entremêlent fatalement amour et haine, fidélité et trahison, honneur et vengeance... Superbe !



"L'ENFANT AU VIOLON" - 2002
avec Tang Yun, Liu Peiqi, Chen Hong, Wang Zhiwen
Le jeune violoniste Xiao Chun est considéré comme un virtuose, pour la plus grande fierté de son père, qui décide de l'emmener à Pékin pour se perfectionner

>> Critique : Encore un chef d'œuvre signé Chen Kaige, qui raconte cette fois l'histoire d'un jeune virtuose du violon, que son père dévoué espère voir réussir en l'emmenant à la ville. Un peu dépaysé par ce changement de vie, l'enfant fera toute sorte de rencontres, certaines plus insolites que d'autres... Ainsi, Jiang, un professeur de musique passionné et solitaire, Lily, une jeune femme sophistiquée à la vie sentimentale mouvementée (incarnée par Chen Hong, la propre épouse du réalisateur), et Yu un autre professeur de violon avide du succès de ses élèves (interprété par Chen Kaige lui-même !)... tous, y compris son propre père, le conduiront indirectement et chacun à leur manière, à découvrir ses véritables aspirations.
Un très joli conte contemporain rempli d'émotions, grâce à des acteurs éblouissants et à la sensibilité de son réalisateur, très loin du climat tourmenté de la plupart de ses films.



"WU JI, LES CAVALIERS DU VENTS" - 2005
avec Jang Dong-gun, Cecilia Cheung, Nicholas Tse, Hiroyuki Sanada, Liu Ye, Chen Hong
La petite Qingcheng erre à la recherche de nourriture quand elle se retrouve face à la Déesse Manshen qui va l'aider mais lui imposer également un pacte qui la liera jusqu'à la mort : "Tu seras adorée par les hommes les plus puissants et leurs richesses seront à tes pieds. Mais tu n'obtiendras jamais l'amour vrai et si tu le rencontres, tu le perdras aussitôt"...

>> Critique : Est-il encore besoin de présenter Chen Kaige ? L'un des réalisateurs chinois de la "cinquième génération" les plus connus pour sa filmographie pleine de poésie, très remarqué en occident pour son chef d'œuvre ultime "ADIEU MA CONCUBINE" - qui a remporté la Palme d'or à Cannes en 1993 - et accessoirement celui qui a fait découvrir Gong Li au public international est de retour, trois ans après le magnifique "L'ENFANT AU VIOLON", avec "WU JI", un film ambitieux, visuellement impressionnant pour ne pas dire absolument somptueux, qui pourtant ne tiendra pas toutes ses promesses... Lire la suite



.: REGARD SUR LE TRAVAIL DE RYUCHI HIROKI :.

"800 TWO LAP RUNNERS" - 1994
avec Shunsuke Matsuoka, Eugene Nomura, Tsugumi Arimura, Miwako Kawai
Lorsque Ryuji est surpris par l'un de ses professeurs en train de se masturber, il est obligé d'intégrer l'équipe d'athlétisme de son école.


"FUTEI NO KISETSU" ("I AM AN SM WRITER") - 2000
avec Ren Osugi, Yôko Hoshi, Jun Murakami, Eri Yamazaki
Kurosaki, un écrivain sado-masochiste, est de plus en plus dénigré par sa femme. Il devient convaincu qu'elle le trompe le jour où elle semble enjouée et rayonnante.


"VIBRATOR" - 2003
avec Shinobu Terajima, Nao Omori, Masahiro Toda
Rei Hayakawa entend sans cesse des voix dans sa tête qui perturbent énormément son équilibre psychologique. Un soir, elle rencontre un jeune routier.


"KIKANSHA SENSEI" ("SILENT BIG MAN") - 2004
avec Mitsuko Baisho, Masato Ibu, Kenji Sakaguchi, Nene Oyuka
Dans les années 60, un jeune professeur part enseigner sur une petite île. Les élèves sont anxieux à l'idée de le rencontrer, mais ce dernier reste muet.


"L'AMANT" - 2004
avec Nozomi Andô, Tomorowo Taguchi, Yuya Endo, Ayaka Maeda
Le jour de ses dix-sept ans, une lycéenne signe un contrat afin de devenir l'esclave sexuelle de trois hommes pendant un an.


"IT'S ONLY TALK" - 2005
avec Shinobu Terajima, Etsushi Toyokama, Shunsuke Matsuoka
Yuko, 35 ans, célibataire et sans travail, partage son temps entre plusieurs hommes qui ont des personnalités très différentes



Palmarès 2006 :

Le jury présidé par Jacques Weber, entouré de Marilyne Canto, Benoît Cohen, Jean-Marie Duprez, François Guérif, Bernard Rapp, Romain Slocombe et Florence Thomassin a décerné les prix suivants :

LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix
"DAM STREET" de LI Yu (Chine)
LOTUS DU JURY - Prix du Jury
"THE PETER PAN FORMULA" de CHO Chang-ho (Corée du Sud)
LOTUS DU MEILLEUR SCENARIO - Prix du Groupe Lucien Barrière
"MIDNIGHT MY LOVE" de Kongdej JATURANRASMEE (Thaïlande)


Le jury présidé par Jérôme Paillard, entouré de Ida Daussy, Julie Gayet, Olivier Megaton et Linh-Dan Pham a décerné le prix suivant :

LOTUS ACTION ASIA - Grand Prix Action Asia parrainé par la chaîne 13ème Rue
"A BITTERSWEET LIFE" de KIM Jee-woon (Corée du Sud)


Le jury composé de journalistes de la presse internationale a décerné le prix suivant :

LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique Internationale
"CITIZEN DOG" de Wisit SASANATIENG (Thaïlande)


Remerciements à Céline Petit & Alexandra Faussier du Public Système Cinéma, ainsi qu'à tout le personnel du festival pour son accueil.
Note de : 10 sur 10
Publiée le
8ème Festival du Film Asiatique de Deauville
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Sharita Termeer - 07/08/2014 à 09:46
# 3

Properly just considered i'd say howdy. Terrific web site Ian.

Sharita Termeer - 07/08/2014 à 07:05
# 2

Properly just considered i'd say howdy. Terrific web site Ian.

Sharita Termeer - 01/08/2014 à 14:46
# 1

Properly just considered i'd say howdy. Terrific web site Ian.

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