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Critique du film 5150, Rue Des Ormes

5150, RUE DES ORMES

Titre original : 5150, Rue Des Ormes
Réalisé par Eric Tessier
Année : 2009
Pays : Canada
Durée : 106 min
Note du rédacteur : 10 / 10

L'HISTOIRE

Le 5150, rue des Ormes se trouve au bout d'une allée tranquille dans une petite ville sans histoire. Suite à une chute de vélo, Yannick frappe à la porte des Beaulieu, une famille menée d'une main de fer par Jacques Beaulieu, et se retrouve séquestré dans leur maison. Le père de famille propose alors un marché à Yannick : s'il arrive à le battre aux échecs, il pourra s'en aller librement...

LA CRITIQUE

Sous ce titre un peu mystérieux se cache une véritable petite perle made in Québec, adaptée d'un roman de Patrick Senécal, l'auteur qui inspira déjà le scénario de "SUR LE SEUIL", le premier long métrage du réalisateur de génie qu'est Eric Tessier.
Dans "5150, RUE DES ORMES", Yannick, un étudiant en cinéma malmené psychologiquement par son père, crève en vélo devant la maison de la famille Beaulieu. Alors qu'il cherche à y téléphoner, le jeune homme est témoin d'une étrange scène de séquestration, qui lui vaudra d'être à son tour emprisonné par cette famille en apparence tout à fait ordinaire...
Et c'est justement cet aspect si banal (d'ailleurs le titre du film fait référence à un nom de rue extrêmement commun au Québec) qui confère toute l'ambiguïté et l'incongruité de la situation... A la fois privé de sa liberté mais relativement bien traité (hormis lorsqu'il tente de s'échapper), Yan semblerait presque faire partie de la famille !

Non sans rappeler le récent "MUM & DAD", le film d'Eric Tessier ne verse pas à proprement parler dans « l'horreur », mais se rapprocherait plutôt d'une sorte de thriller psychologique à tendances comiques, extrêmement raffiné et riche d'un humour noir sacrément efficace !
Alors que le père Beaulieu mène une croisade - louable sur le fond mais discutable sur la forme - contre ceux qu'il nomme les « non-justes », qu'ils soient dealers ou pédophiles, la détention de Yan lui pose par conséquent un vrai cas de conscience, non seulement à lui mais surtout à sa femme, fervente croyante, qui sous son apparente bonhomie souffre au quotidien de l'obsession de son époux.
Leur fille cadette, vraisemblablement muette, éprouve elle aussi une certaine affection pour ce nouveau grand frère, en particulier depuis leur rencontre en ville quelques jours auparavant. Quant à Michelle, l'ado rebelle de la famille, même si elle semble singulièrement intriguée par le jeune homme, développe une certaine animosité envers lui, elle qui dotée d'un certain potentiel pour poursuivre l'œuvre de son père n'a pour seul et unique but de lui succéder dans un avenir proche, alors que Jacques, lui, outre ses loisirs douteux de justicier, est également un champion d'échecs jusqu'alors invaincu...

Voilà donc le prix que devra payer Yannick pour gagner sa liberté, battre Jacques Beaulieu à son propre jeu et lui prouver par la même occasion le mal fondé de son combat.
Obsédé à son tour par les parties d'échec qu'il tente de remporter contre le maître incontesté, Yan sombre peu à peu dans la folie, symbolisée par une dimension fantastique, échappatoire nécessaire à la construction de sa stratégie de jeu.
Mais ce que l'on retiendra surtout du film, ce sont les dialogues truculents ainsi que la galerie de personnages pour lesquels on éprouvera une certaine sympathie. Car effectivement la famille Beaulieu est attachante, malgré toute l'horreur de leurs actes, ou plutôt face à la démarche du père que le reste de la famille semble approuver le plus naturellement du monde !

Incarnés par des noms du cinéma québécois peu familiers dans nos contrées pourtant francophones, les rôles sont aussi bien écrits que les acteurs sont excellents, et manifestement taillés sur mesure pour leurs personnages à l'écran ! On reconnaîtra notamment Marc-André Grondin ("C.R.A.Z.Y.", "CHE", "LE DERNIER JOUR DU RESTE DE TA VIE"), et on remarquera l'immense présence de Normand D'Amour, bien connu dans son pays, sans parler des trois femmes de la famille magistralement interprétées.

Tout en sobriété, Eric Tessier parvient à livrer un film - que dis-je une œuvre ! - touchante, drôle et complètement burlesque au vu de l'absurdité des situations. On ressort de la séance heureux de cette trouvaille et avide d'en savoir plus sur la carrière et les projets du réalisateur ainsi que de l'auteur du roman d'origine. Quoiqu'il en soit, qu'ils n'aient aucun souci à se faire, si l'accent et les expressions québécoises peuvent paraître insolites à nous autres français, c'est aussi précisément ce qui apporte un cachet aussi inimitable à ce magnifique film !
Note de : 10 sur 10
Publiée le
5150, Rue Des Ormes
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ottorivers - 16/06/2010 à 16:15
# 3

Vraiment bien aimé ce film qui réussit ce qu'il veut accomplir sur tous les points. D'accord avec Lan pour tout sur ce coup là.
Sauf que je mets 9/10 car 10 n'existe pas ou très rarement pour moi. Hé oui sinon les élèves ne bossent plus après.

Sa note: 9/10
LanLan - 02/03/2010 à 11:56
# 2

Bah sorry, moi j'ai vraiment adoré...

Sa note: 10/10
marvin - 28/02/2010 à 12:33
# 1

Quand j'etais au lycée , j'ai lu "le joueur d'echec" , une nouvelle de stephan zweig.Ca raconte l'histoire d'un homme prisonnier des nazis , complètement coupé du monde .Il trouve pour seul échapatoire un livret sur les échecs et deviens omnubilé par ca , fou de ce jeu, devenant limite schyzophrène a force de jouer contre lui meme. Plus tard j'ai vu une petite perle francaise, " barracuda" avec Rochefort et Canet, qui donne aussi dans la séquestration.Et la , je viens de voir 5150 rue des ormes et je me dit que Tessier a du mixer les 2 , consciemment ou pas .C'est un bon film de part sa mise en scène et son jeu d'acteur mais loin d'un funny games pour la séquestration.
(De la a mettre 10, Lan , je t'ai lu plus sévère et plus juste )

Sa note: 7/10
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