Lucio Fulci

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Messagepar Sir Gore » 12 Juillet 2006, 17:57

killjoy @ 12.07.2006 à 18:20 a écrit:
Gunblast @ 12.07.2006 à 17:34 a écrit: Comme tu dis, ton Nobru est un minable, qui a fait des films minables


Didier Super lui doit tout ! :P :P :P :P :P :P :D :D :D :D


Compare par les génies de l'absurde et les tâcherons du Z ! :P :P :P :D :D :D :D :D
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Messagepar The Trooper » 12 Juillet 2006, 18:07

la tacheronade est aussi une forme de genie ! :D :D :D :D :D :D
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Messagepar Sir Gore » 14 Juillet 2006, 10:56

Un autre interview foisonnant du maître, dans lequel il parle de ses films mais aussi de sa vie (notamment un détail qui devrait ravir le père Killjoy tout au bas de l'itv :P :D):

JE VOUS ORDONNE DE LIRE, MÊME SI C'EST EN ANGLAIS !
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Messagepar The Trooper » 14 Juillet 2006, 19:02

excellent !
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Messagepar Killjoy » 15 Juillet 2006, 11:52

Gunblast @ 14.07.2006 à 11:56 a écrit: (notamment un détail qui devrait ravir le père Killjoy tout au bas de l'itv :P :D):




j'ai tout lu l'interview mais c'était quoi au juste ce fameux détail ?
ce qu'il a dit sur "The long night of exorcism" ?
éclaire moi please... :) :)
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Messagepar Sir Gore » 15 Juillet 2006, 12:17

killjoy @ 15.07.2006 à 12:52 a écrit: éclaire moi please... :) :)


Ok, ok... :D


My only two hobbies are my dogs (...)


Peut-être était-ce un aussi même couple de westies ??!? :P :P :D :D :D :D B) :P
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Messagepar Killjoy » 15 Juillet 2006, 14:33

Gunblast @ 15.07.2006 à 13:17 a écrit: Peut-être était-ce un aussi même couple de westies ??!? :P :P :D :D :D :D B) :P


peut être ... :rolleyes: :rolleyes: :rolleyes:

en tout cas RESPECT !!! B) B)
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Messagepar Sir Gore » 07 Octobre 2007, 18:48

Petit up! Je vous propose une mini-bio que j'avais écrite sur le maestro pour un forum il y a environ six mois... le texte est agrémenté de photos dont une grande partie sont tirées de Devildead. Enjoy! B)

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Souvent adulé ou à l'inverse détesté, Lucio Fulci porte sur lui l'étiquette d'un réalisateur tantôt génial, tantôt passable, tantôt médiocre. Perpétuellement tiraillé par le public entre l'école des auteurs majeurs du cinéma d'épouvante de son pays (Mario Bava, Dario Argento, Michele Soavi) et celle des tâcherons ou artisans allant du correct au pis (Joe D'Amato, Ruggero Deodato, Umberto Lenzi, Bruno Mattei), le statut de Fulci ne risque guère de trouver une base sûre dans les années à venir, même s'il est bon de reconnaître que le cinéaste n'a jamais bénéficié d'une reconnaissance aussi importante qu'aujourd'hui même, ou disons plutôt, depuis une petite décennie. Aux États-Unis ou en France plus particulièrement, l'œuvre de Lucio Fulci et parfois même la personnalité du monsieur en elle-même font pour une bonne poignée d'aficionados l'objet d'un culte impressionnant s'il en est. D'une vénération sans pareil que l'on voue à certains de ses films, l'on passe à une multitude d'éditions et de rééditions de ces derniers sous support DVD, et ce dans des conditions techniques la plupart du temps prestigieuses - pour la petite anecdote, dans l'hexagone, il y a davantage de DVDs de Fulci que de Stanley Kubrick sur le marché -, puis, comble de tout, à la production de certaines babioles à l'effigie du réalisateur (autocollants, vêtements, figurines). Généralement sous-estimé de son vivant, Fulci a acquis au cours de ces dernières années l'auréole d’un petit mythe du cinéma de genre, quoiqu'il continue à diviser son public. Si beaucoup décèlent en son cinéma une ampleur plastique et atmosphérique unique parmi les millions, d'autres n'en retiennent que les maladresses et les limites inhérentes aux écueils généraux du film d'exploitation (ou dit « bis », dans le jargon). Il y a du reste la catégorie des fans de gore or nothing qui chérissent Fulci, à tort sans doute, car la violence graphique ne résume de loin pas le seul intérêt suscité par ses films. En effet, qu'il soit techniquement parlant au top ou au pire de sa forme, le cinéaste signe des œuvres empreintes d'onirisme et de morbidité face auxquelles, amateur ou détracteur, l'on a du mal à rester indifférent. Là réside la clé du véritable talent de Fulci et non pas dans les scènes de boucherie que l'on tend habituellement à survaloriser à l'aune du reste. Certes, au même titre que Peter Jackson et George A. Romero par exemple, Fulci peut se voir décerner la couronne de pape de l'esthétique du gore, dans la mesure où il ne fait guère qu'exceller dans ce domaine au détriment des autres caractéristiques d'un métrage (Olaf Ittenbach, Andreas Schnaas, Hideshi Hino), il métamorphose le matériau de l'atroce au septième art en un formidable facteur de poésie macabre, tout comme Jackson l'utilise à des fins comiques. Chez Fulci, le gore n'a pas uniquement un but spectaculaire ou choquant, il est également inséré dans un contexte esthétique et même artistique, ce qui le rend diablement intéressant, tout désamorcé par des trucages approximatifs dus à des lacunes de moyens qu'il soit quelquefois. Mais n'hésitons pas à la répéter, si le gore joue un rôle considérable dans l'œuvre de Fulci, il n'en constitue pas l'essence. Ne culmine chez lui que l'ambiance qu'il est parvenu à insuffler à chacun de ses films - ou presque - et voilà qui suffit à le distinguer de n'importe lequel de ses homologues.

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Né en 1927 à Rome dans un milieu pauvre, Lucio Fulci effectue de laborieuses études de médecine avant de se reconvertir dès les années 50 en scénariste au service de la comédie italienne dans l'air du temps, dont le comédien Totò est alors la star la plus influente. Assez vite, il se forge une jolie réputation dans le domaine, si bien que l'on finit par lui confier une première réalisation. Il s'agit de I Ladri (1959), mettant en vedette Totò, dont l'échec ne revêt guère de très bonnes augures. S'ensuit une lignée de comédies du même acabit, dont la plupart, si ce n'est toutes, croupissent depuis bien longtemps déjà dans les abysses de l'oubli. Et subitement, un changement de cap avec le western Le Temps du Massacre, tourné en 1966, qui révèle une toute autre facette, bien plus marquante celle-ci, de Fulci. De petits films populaires sans envergure, le réalisateur est passé à un cinéma à la fois outrancier, pessimiste et complaisamment cruel, où les coups de fouet insistants, les victimes dévorées par les chiens et autres tortures sadiques esquissent d'ores et déjà l'univers hardcore des chefs-d'œuvre ultérieurs. Après un bref retour aux comédies de série, Lucio Fulci réalise Perversion Story, considéré parallèlement à L'Oiseau au Plumage de Cristal de Dario Argento comme le prototype du « giallo » - thriller à l'italienne qui trouve son origine dans les romans policiers à couverture jaune intitulés ainsi - et bénéficiant d'une certaine renommée auprès des fans de ce sous-genre. La même année voit le jour Beatrice Cenci, intéressant film historique se déroulant en Italie lors de la Renaissance et basé sur un fait divers réel. Fort d'une belle distribution (George Wilson, Raymond Pellegrin, la sublime et trop méconnue Adrienne Larussa), nantie d'une mise en scène audacieuse et une fois n'est pas coutume encline au sadisme, cette œuvre se veut sans doute la plus ambitieuse de Fulci et le cinéaste lui-même la considère comme sa plus grande réussite. Force est de relativiser: Beatrice Cenci, en dépit de ses indéniables qualités, souffre d'un rythme en dents de scie et suscite par conséquent quelque ennui entre deux scènes assez épiques. Le Venin de la Peur, de même que La Longue Nuit de l'Exorcisme, tous deux réalisés à l'aube des années soixante-dix, constituent deux gialli de haut niveau et par la même occasion deux films majeurs dans la carrière de Lucio Fulci, le second plus encore. La Longue Nuit de l'Exorcisme transpose les codes du thriller transalpin, aux décors jusque-là urbains, dans un cadre géographique rural. Intrigue sophistiquée, réalisation tirée au cordeau, interprétation remarquable, violence et perversité au programme de ce polar campagnard pour le moins excellent. Retour à un univers moins sombre - mais guère exempt de cruauté pour autant - avec Croc-Blanc, jolie série B d'aventures inspirée du fameux roman de Jack London et tournée dans de beaux décors naturels. Ces mêmes paysages serviront d'ailleurs à réaliser la suite de Croc-Blanc puis Les Quatre de l'Apocalypse, western atypique et non dénué d'intérêt dont la bande-son composée par le trio Bixio - Frizzi - Tempera évoque la pop sixties anglo-saxonne à son meilleur. Deux comédies insignifiantes plus tard, Fulci réalise l'un de ses chefs-d'œuvre avec L'Emmurée Vivante, un formidable suspense à l'esthétique léchée et au scénario captivant qui n'est pas sans rappeler certaines intrigues des romans d'Agatha Christie. Dès lors, le réalisateur s'approprie une véritable identité filmique en multipliant par exemple de manière quasi obsessionnelle les zooms sur l'expression oculaire d'un visage.

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En 1979 a lieu un tournant de taille dans la carrière de Lucio Fulci: L'Enfer des Zombies. Le producteur Fabrizio de Angelis souhaite surfer sur le succès de Zombie de Romero et fait appel au scénariste Dardano Sachetti afin d'écrire ce qui sera finalement une sorte de prologue à l'histoire du modèle américain, se déroulant dans l'un des lieux d'origine du mythe vaudou: la République dominicaine. Sollicité en tant que réalisateur du projet, Fulci ne signe à la base qu'un film de commande, intitulé Zombi 2 pour des raisons purement mercantiles. Et pourtant, L'Enfer des Zombies, grâce à une horde de brillants techniciens, transcende le concept du film d'exploitation lambda et se révèle être un puissant zombie movie, à l'atmosphère moite et putride, doté d'une mise en scène exceptionnelle (avec la présence du format cinémascope), d'une musique aussi minimaliste qu'envoûtante signée Fabio Frizzi et d'effets spéciaux franchement saisissants en regard du budget et de l'époque. La pierre angulaire du film de zombies transalpin et la meilleure œuvre d'épouvante de Fulci avec L'Au-delà, tout simplement. Contre toute attente, les recettes de L'Enfer des Zombies en salles s'avèrent des plus fructueuses et motivent probablement Fulci et son équipe technique du moment à surenchérir sur la voie de l'horreur pure. Entre temps, le réalisateur se fait néanmoins plaisir et livre un polar extrêmement violent, La Guerre des Gangs, dans lequel brûlure d'un visage au chalumeau, explosion de gorge sous l'impact d'un coup de feu, éclaboussure de faciès à coups de mitraillette, gunfights sanguinaires et viol proche de l'insoutenable contrastent face à une intrigue très banale, voire insipide. Et le flambeau de l'horreur reprend vite grâce à Frayeurs, superbe voyage au bout du macabre vaguement inspiré de Lovecraft, dont le clou reste pour beaucoup ces deux scènes gore paroxysmiques, soit un vomissement d'entrailles en règle ainsi qu'un meurtre scandaleux à l'aide d'une grosse perceuse électrique, où tout nous est exhibé dans les plus infimes détails. Une fois encore, ambiance, réalisation et décors ne méritent que le qualificatif d'extraordinaire et l'ahurissante musique au synthétiseur de Fabio Frizzi joue même un rôle à part dans l'œuvre en soi. Toutefois, Frayeurs fait en quelque sorte office du formidable brouillon de L'Au-delà, la clé-d'œuvre de Fulci, avec lequel il forme une espèce de diptyque, peut-être le plus beau du cinéma d'épouvante transalpin en incluant celui d'Argento (Suspiria et Inferno), d'ailleurs. Le Chat Noir, pataude adaptation du classique de Poe aux vertus soporifiques, sépare chronologiquement les deux Fulci majeurs que sont Frayeurs et L'Au-delà. Ce dernier, tourné en 1981 en Louisiane dans les mêmes décors intérieurs que La Petite de Louis Malle, demeure le point d'orgue de son auteur doublé d'un summum du cinéma d'horreur italien. Avec sa trame scénaristique dépouillée au possible, son refus à toute logique et son atmosphère onirique tangible, L'Au-delà n'a d'autre étoffe que celle d'un grand chef-d'œuvre surréaliste déguisé en série B ultra-gore. En terme de technique pure, Fulci signe là sa mise en scène la plus aboutie: les cadres et mouvements de caméra, étayés par un somptueux cinémascope, sont la plupart du temps irréprochables et l'étincelante photographie de Sergio Salvati dénote une volonté de raffinement esthétique aussi définitive que chez Bava ou Argento à leurs grandes heures. Le compositeur Fabio Frizzi délivre quant à lui la plus belle bande-son de sa carrière. Basses funky cauchemardesques, mélodies pianistiques tonitruantes, nappes de synthétiseur stridentes, chœurs sentencieux, violons inquiétants, un authentique petit concerto pour film d'épouvante à écouter et réécouter même en dissociation avec le métrage. L'Au-delà se conclut sur une allégorie de la faucheuse des plus fascinante, qui en sous-entend long sur la volonté de Fulci consistant à réaliser une sorte de livre d'images macabres sous un angle cinématographique. À la suite de ce coup de maître terminal, le cinéaste boucle sa tétralogie culte avec La Maison près du Cimetière, angoissante variation sur le thème de la maison hantée qui oscille entre terreur pure et gore outrancier. Le tout ne déroge guère aux leitmotivs des trois chefs-d'œuvre antérieurs, à savoir une atmosphère hypnotisante, une esthétique sublime, une bande-son tonitruante et de l'hémoglobine torrentielle. En l'espace de L'Enfer des Zombies, Frayeurs, L'Au-delà et La Maison près du Cimetière, Lucio Fulci a tout donné. Il a démontré qu'il pouvait sans conteste faire partie de la trempe des plus grands de sa génération et a octroyé à l'industrie du film d'horreur italien quelques unes des plus belles pièces de son puzzle.

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Messagepar Sir Gore » 07 Octobre 2007, 18:52

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La suite annonce le déclin commercial et artistique progressif de Fulci. L'Éventreur de New York, terne et poussif giallo mâtiné de violence et d'érotisme soft, déçoit fortement, malgré une réalisation honnête. Très bon film d'ambiance mais paresseux par son script bâclé (un bête métissage de Poltergeist et L'Exorciste), La Malédiction du Pharaon ne parvient pas même à séduire les inconditionnels du maestro. L'on retiendra de cette œuvre sous-estimée une mise en scène élégante, des décors soignés ainsi qu'une excellente musique marquant par ailleurs la fin d'une collaboration durable entre Frizzi et Fulci, avant qu'ils ne se retrouvent une dernière fois pour Nightmare Concert huit ans plus tard. La médiocrité révèle le bout de son nez avec Conquest, ersatz d'heroic fantasy dont on n'a gardé en mémoire qu'une ou deux incartades gore, puis se dévoile complètement à l'arrivée de 2072, Les Mercenaires du Futur et Murderock. Ce dernier, calamiteux thriller à l'esthétique de mauvais téléfilm érotique, reste probablement le pire métrage de sa carrière. Tout y est désespérément insipide et laborieux. Fulci rectifie le tir avec Le Miel du Diable, étonnant mélange de drame de la folie et de porno soft qui constitue selon beaucoup son dernier véritable bon film. Aenigma, dont le scénario se veut un bâtard de Carrie et de Patrick, est une sympathique série Z horrifique au filmage et à la photographie honorables, quoiqu'objectivement médiocre elle aussi. Les dernières œuvres de Fulci, excepté Les Fantômes de Sodome, unanimement considéré comme un ratage total, souffrent d'un manque de reconnaissance inique. En effet, l'on trouve énormément d'intérêt dans Soupçons de Mort, savoureuse variation sur le mythe de Barbe Bleue corsée de gore crasseux et jusqu'au-boutiste (cadavre démembré à la tronçonneuse, transformé en viande hachée et servi en pâture aux porcs, vagabond écrabouillé avec insistance sous les roues d'une voiture, tête d'une victime fracassée à l'aide d'un bâton puis subissant une lente fonte à l'intérieur d'un four), de même que dans Hansel e Gretel, petit bijou totalement méconnu et en grande partie co-réalisé par un certain Giovanni Simonelli, qui narre la vengeance de deux chérubins-fantômes contre les responsables de leur mort. Entre temps, Fulci réalise deux des quatre téléfilms d'une collaboration avec Umberto Lenzi ayant pour cadre le thème de la maison hantée. Il s'agit de La dolce Casa degli Orrori et La Casa Nel Tempo - sauf erreur inédits en France - un duo de curiosités truffées de faiblesses (réalisation au rabais, acteurs souvent exécrables, script indigent) mais valant néanmoins leur menu pesant de cacahuètes par l'atmosphère envoûtante et le rythme soutenu qui les caractérisent. En ce qui concerne Zombi 3, Fulci déclare clairement que sa réalisation est presque totalement due à Bruno Mattei, le plus mauvais tâcheron du bis italien, et qu'il n'a fait qu'en tourner deux ou trois plans. Cela vaut sans nul doute mieux pour lui, puisque cette série Z traîne derrière elle la réputation - justifiée - d'un des pires zombie movies jamais pondus. Nightmare Concert fait figure d'ovni dans la filmographie de Lucio Fulci. Forcé à achever un contrat avec la compagnie Alpha Cinematografica, il signe un film d'horreur en grande partie composé de scènes-chocs directement « empruntées » à divers métrages de la même firme (dont plusieurs mis en scène par Fulci himself tels que Soupçons de Mort et Les Fantômes de Sodome) dans lequel il interprète son propre rôle et s'imagine hanté par des visions atroces découlant des images des films gore qu'il tourne ! Gros déluge de gore extrême rythmé par une puissante bande-son de Fabio Frizzi - sa dernière collaboration avec Fulci remonte à La Malédiction du Pharaon - et sur lequel plane les ombres du Cabinet du Docteur Caligari et de Huit et demi, Nightmare Concert ravira assurément les fans de cinéma hardcore mais laissera les autres plus perplexes. Les trois ultimes réalisations de Lucio Fulci valent sincèrement le détour. En dépit d'une esthétique hideuse, la faute en revenant à un budget totalement dérisoire, Demonia distille une ambiance hallucinante et réserve quelques effets gore hautement malsains tout en évoquant l'univers onirique de Frayeurs et L'Au-delà, les magnifiques décors d'un petit village d'Italie en prime. Avant-dernier film quelque part testamentaire, Voix Profondes révèle un fond étonnamment touchant et humain derrière son emballage de petit thriller horrifique un peu lisse. Enfin, Les Portes du Silence, produit par Joe D'Amato, tourné en Louisiane et inédit dans nos contrées, est une fabuleuse surprise de la part de Lucio Fulci. Plus la moindre trace de gore, mais un passionnant road movie à suspense qui oppose deux automobilistes tout le récit durant, de la même manière que Duel de Spielberg malgré une approche stylistique sensiblement différente. John Savage y est très convaincant dans son rôle d'homme d'affaires dépassé par les événements inquiétants auxquels il se voit confronté. Mis en scène à l'aube des années quatre-vingt-dix, Les Portes du Silence ne bénéficiera d'une petite exploitation dans certains festivals qu'en 1994 mais croupira du reste dans un total anonymat. Injustement, il ne fait aucun doute là-dessus. Mutuellement compétiteurs, Fulci et Dario Argento finissent par se réconcilier et s'unissent dans le dessein de scénariser puis réaliser Le Masque de Cire, à la base tiré d'un roman de Gaston Leroux. La mort de Fulci en 1996 avortera leur collaboration et c'est finalement Sergio Stivaletti, un maître des effets spéciaux dans le genre, qui se chargera de mettre en scène le projet en question. Il en résulte une petite production horrifico-gothique acceptable, mais loin, très loin de ce à quoi l'alliance des deux maîtres aurait pu aboutir.

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Décédé des suites d'une trop grande absorption de chocolat pour un diabétique, Lucio Fulci laisse derrière lui une œuvre prolifique aussi bien qu'inégale, qui a tout au moins le mérite de démontrer une grande polyvalence de sa part (comédie, western, giallo, film d'épouvante à inclination gore). Par les quelques gialli d'excellente cuvée qu'il a signés, et surtout par ses quatre chefs-d'œuvre horrifiques que sont L'Enfer des Zombies, Frayeurs, L'Au-delà et La Maison près du Cimetière, Fulci mérite indubitablement le titre d'auteur majeur du cinéma de genre. Ce cinéaste reste l'un des rares qui soient parvenus à dynamiter le conformisme du « bis » en y imposant une grammaire unique et en privilégiant cet élément essentiel plus que tout autre qu'est l'ambiance. En cela, Fulci a l'étoffe d'un génie.


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Messagepar Killjoy » 09 Octobre 2007, 18:45

ba dis donc, tu t'es bien cassé le cul pour rédiger ça ! :D
+ que moi en tout cas ! :P
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