par darquos » 31 Octobre 2006, 11:12
Un homme solitaire, alchimiste à ses heures, habite une vieille ferme abandonnée. Il tombe amoureux d'une truie. De leur union naissent trois porcelets. Mais le temps des repas familiaux ne dure qu'un temps
On l'aura compris, Vase de noces est loin d'être un film réaliste et n'est pas sans rappeler une certaine femme au cochon de Félicien Rops quand on sait tout l'intérêt que Thierry Zéno porte à ce dernier. Adulé entre autres par Henri Michaux, ce film, seul long métrage de fiction de son auteur habituellement ascète du documentaire, s'éloigne de la réalité pour aller rejoindre l'univers de l'écriture automatique et des désirs inconscients, répétitifs et obsessionnels. Monument du cinéma belge en marge, Vase de noces est, pour les uns, un long poème abyssal, fascinant et, pour les autres, une oeuvre répugnante et scandaleuse encore aujourd'hui.
Certes, on retrouve dans ce film ce qui a toujours animé Thierry Zéno : le refoulé et l'érotisme. Néanmoins, ceux qui n'y voient que l'aspect révoltant et zoophilique passent certainement à côté de la dimension proprement métaphysique, allégorique et quasi mystique d'une oeuvre qui, en jouant avec les frontières des différents microcosmes, nous conduit aux limites de l'humain. Certains détracteurs auront tout de même raison de trouver le dérangeant non pas dans la vulgarité, mais dans le maniérisme et le perfectionnisme des formes.
Une occasion rare de voir ce film rarement projeté - parce que dérangeant ? -, magistralement interprété par Dominique Garny, et qui a remporté de nombreuses distinctions à travers le monde.
Christelle Brüll