The Woman in Black (la dame en noir)
Réalisateur: James Watkins.
Année: 2012.
Origine: Angleterre/Canada.
Durée: 1h35.
Production: Hammer Films.
Distribution: Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet Mc Teer, Sophie Stuckey, Roger Allam, Alisa Khazanova, Shaun Dooley, Alexia Osborne, Sidney Johnston, Liz White.
Sortie salles France: 14 Mars 2012. U.S: 3 Février 2012
FILMOGRAPHIE: James Watkins est un réalisateur et producteur anglais né en 1978.
2008: Eden Lake
2012: The Woman in Black
2009: The Descent, Part 2 (scénariste)
Après 30 ans de silence, la célèbre firme anglaise (acquérie par Exclusive Media Group) renaît de ces cendres en 2008 avec Beyond the Wave, un Dtv passé inaperçu. Deux ans plus tard, la société enchaîne avec un remake plutôt bien reçu par le public et la critique, Let Me In. Mais en 2011, les espoirs de retrouver la verve singulière si chère à la compagnie s'amenuisent avec deux oeuvres conventionnelles, Wake Wood et la Locataire. En 2012, c'est la résurrection, le retour aux sources de leur flamboyance gothique typiquement brittish. Bien qu'il s'agit encore d'un remake d'une version TV de 1989, The Woman in Black est l'adaptation réussie d'un roman écrit par Susan Hill en 1983.
Un notaire se réfugie dans l'étrange demeure d'une cliente récemment décédée. Les habitants du village semblent craindre l'apparition récurrente d'une dame en noir qui emporte les âmes des enfants par son influence diabolique. Au delà des apparitions surnaturelles qui hantent la demeure, Arthur Kipps va découvrir que le corps d'un enfant préalablement noyé dans un marécage n'a jamais été retrouvé.
Annoncé sans renfort de pub mercantile, The Woman in Black est le genre de petit film dont on attendait pas grand chose alors qu'il va miraculeusement réconcilier les aficionados d'ambiances romantico-macabres héritées du patrimoine gothique de la Hammer.
Visuellement splendide, cette oeuvre funeste illumine nos pupilles du soin formel alloué aux moindres décors, transcendés de surcroît par une photographie alternant le bleu velouté et le mauve onctueux. De l'architecture poussiéreuse et opaque d'une vieille bâtisse à l'environnement naturel d'une campagne adjacente parfois teintée de brume, cette ghost story insuffle irrémédiablement un sentiment palpable de mystère lattent. La trame orthodoxe basée sur la perte de l'innocence infantile réussit avec habileté probante à fasciner et captiver sans sourciller. Le spectateur témoin étant irrémédiablement entraîné dans le refuge d'une sombre demeure hantée par des voix moribondes d'enfants car asservis par l'allégeance d'une sinistre mégère enrobée de noir.
Avec une efficience indiscutable, le réalisateur de l'éprouvant Eden Lake réussit dans sa première partie à distiller un climat anxiogène, trouble et angoissant en insistant sur la notion de suspense lattent. Les nombreuses apparitions surnaturelles qui interfèrent durant le récit ne jouent jamais en défaveur de l'esbroufe grand guignolesque pour tourmenter notre protagoniste attiré par le secret obscur de morts candides. C'est ce sentiment prédominant de mystère tangible provoqué par les tourments de la dame en noir et la fascination exercée sur son emprise machiavélique qui rend cette ghost story irrésistiblement ensorcelante. La seconde partie plus haletante et déterminante pour notre héros confronté à la quête de vérité par l'exhumation d'un cadavre accentue un peu plus son intensité et rivalise de moments de trouille assez incisifs.
Quand à son épilogue inopiné, il pourra peut-être rebuter au premier abord le spectateur qui n'était pas préparé à une conclusion aussi acerbe, voire sardonique. Pourtant, cette conclusion privilégiant l'élégie macabre se révèle finalement tolérable dans son exutoire éperdu.
Sans livrer une composition mémorable, le rôle titre attribué à Daniel Radcliffe fait preuve d'une modeste sobriété à incarner un notaire irrésistiblement attiré par une présence nuisible. Un défunt taciturne plongé entre les mailles délétères d'une veuve noire particulièrement vindicative.
Hammer, la résurrection
D'une beauté macabre picturale rappelant les plus belles réminiscences de la Hammer ou les fleurons d'Edgar Poe peaufinés par l'écurie Corman (de mémoire personnelle, je n'avais pas vu un gothique aussi faste depuis Sleepy Hollow, voir Les Autres), The Woman in Black renoue enfin avec la flamboyance funèbre si chère aux yeux des fantasticophiles puristes. Son sens habile de l'efficacité, la maîtrise de sa mise en scène tributaire d'une horreur voluptueuse et la percutance de moments de flippe cinglante concourent à nous offrir une ancienne ghost story aussi délectable qu'un petit verre de cognac.