THE REEF
Titre original: The REEF.
Réalisateur: Andrew Tarucki.
Année: 2010.
Origine: Australie.
Durée: 1H32.
Distribution: Adrienne Pickering, Damian Walshe-howling, Gyton Grantley, Zoe Naylor, Kieran Darcy-smith.
BIOGRAPHIE: Andrew Tarucki est un réalisateur et scénariste australien qui s'est fait connaitre en 2008 avec un petit survival animalier fort sympathique, particulièrement lucratif dans sa terreur psychologique, Black Water.
L'ARGUMENT: Un grand requin blanc traque l'équipage d'un voilier le long de la grande barrière de corail...
Jaws, Tintorera, Blue demon, le Tueur de monstres, Cruel Jaws, Peur bleue, Killer Shark, les Machoires Infernales, Dark Waters, Terreur sous la mer, la Nuit des requins, Open Water, Shark Attack, la Mort au large ainsi qu'une ribambelle de nanars Z et autres navets concoctés pour récupérer le succès du chef-d'oeuvre de Steven Spielberg.
Autant dire que l'arrivée d'un énième succédané, dérivé des Dents de la mer avec une affiche accrocheuse mettant en avant l'aileron d'un requin avait de quoi faire frémir les plus blasés, craignant une fois de plus un sous-produit mercantile sans une once d'ambition à renouveler la peur sur pellicule.
Là ou The Reef pourrait de prime abord quelque peu rassurer les dubitatifs, c'est qu'il s'agit du deuxième long-métrage australien du réalisateur de l'excellent Black Water, cet éprouvant film de croco particulièrement réaliste et intense qui prenait en otage trois personnages perdus au beau milieu d'un marécage forestier après que leur bateau se soit renversé par la faute d'un alligator. Cette série B haletante était d'autant plus crédible qu'elle mettait en scène un véritable crocodile et non un reptile carnivore caoutchouteux hérité de Godzilla ou informatisé en CGI trompe oeil !
Et la surprise est ici d'autant plus surprenante qu'Andrew Tarucki reprend les mêmes ingrédients de son premier bébé en y exacerbant une dose de terreur encore plus clinquante et funeste !
Cinq personnes vont se retrouver coincées en pleine mer après que leur bateau se soit chaviré sans raison.
Après brève réflexion, le groupe d'amis décide de regagner à la nage l'île la plus proche, sauf exception, Warren qui décide de rester seul sur la coque de son voilier.
Nos quatre nageurs déconcertés ne vont pas tarder à rencontrer sur leur trajet un prédateur redoutable à l'appétit très vorace.
Après une brève présentation familière de nos protagonistes (le frère, la soeur, l'ex et deux amis), le récit (encore tiré d'un fait divers) ne tarde pas à nous embarquer à bord d'un voilier jusqu'à ce qu'un furtif accident ne vienne interrompre leur virée égayée.
Cette séquence spectaculaire se joue habilement de l'effet de claustrophobie dans une mise en scène économique filmant habilement des décors restreints quand nos héros se retrouvent coincés à l'intérieur du voilier subitement renversé, alors que l'eau a envahi chaque pièce.
C'est à cet instant que nos protagonistes (à l'exception du propriétaire du voilier) décideront d'abandonner l'embarcation pour tenter de regagner une île avoisinante.
Andrew Tarucki oriente sa première partie dans la réalisation latente d'un suspense diffus quand nos nageurs plutôt anxieux et peu rassurés se retrouvent dans un climat aquatique semblant hostile, au beau milieu de la plénitude d''un vaste océan.
Ces séquences peu rythmées ancrées dans la banalité de l'instant présent, condensées sur l'attitude anxieuse des nageurs ne sachant où s'exiler laisse malgré tout le spectateur en état d'inquiétude, sans savoir quand l'attaque impromptue du requin pourrait intervenir.
Au fur et à mesure de leur trajet semblant sans destination, la seconde partie va s'installer et largement monter d'un cran la tension fugacement entretenue pour nous amorcer vers une partie survival aquatique impitoyable, âpre et fatalement terrifiante. A ce titre, il y a trois séquences totalement paniquantes et abruptes qui marqueront les esprits impressionnés, sans que jamais la mise en scène ne cède à l'effet choc facile ou outrancier. Et il faut voir de quelle manière sauvage le requin blanc fonce sur ces victimes totalement démunies !
Le côté lambda du physique de nos comédiens australiens peu connus dans notre pays hexagonal ajoute un cachet supplémentaire dans l'implication du spectateur, lui aussi alerté et sur le qui-vive d'une prochaine attaque du squale, véritable poisson de mer ! Car comme dans son précédant métrage, Andrex Tarucki refuse la duplication, emprunte un vrai requin de chair pour rendre le plus crédible possible et rationnel son cauchemar sempiternel, soignant avec sobriété la psychologie des personnages matures et responsabilisés.
Ce survival brutal perdu au milieu de l'immensité sourde d'un océan (superbement photogénique !) provoque la peur instable dans le portrait rude et glacial d'une poignée d'humains éreintés. Des êtres esseulés laissés à l'abandon, davantage envahis par la terreur, désespérés à l'idée d'être la prochaine proie d'un monstre redoutablement pernicieux dans ses rondes perfides incessantes et sa traque inlassable.
Nonobstant un petit air de déjà vu avec Open Water, The Reef (lui aussi, tiré d'une histoire vraie) créé la surprise que personne n'osait prétendre et impressionne durablement dans sa seconde moitié impitoyable, efficace et sans retenue.
Sobrement interprété, réaliste, âpre, terrifiant et suffocant, cette modeste série B est un excellent survival maritime qui ne cherche jamais à épater la galerie dans un "ouh fais moi peur" de pacotille tant rebattu. Il peut sans rougir se targuer de figurer dans les meilleures réussites d'attaques de squale infatigable ! (comme l'était Black Water en peau de croco)