Parvenir à faire pire que le premier
Resident Evil était un gage d'une difficulté extrême, confinant à l'impossible. Et pourtant, ce gage, Alexander Witt l'a remporté. L'on pourrait qualifier ces deux adaptations cinématographiques d'un jeu vidéo pourtant prestigieux en soi d'authentiques modes d'emploi énumérant tout ce qu'il est nécessaire de mettre en uvre pour aboutir à quelque chose de médiocre. Autant le téléfilm (euh, film, désolé
) de Paul W.S. Anderson réalisé en 2001 camouflait derrière un ensemble d'une nullité abyssale quelques scènes potentiellement louables, autant il n'y a strictement rien à sauver de cette séquelle qui grouille dans les tréfonds de la déjection. La réalisation, quoique d'une grande platitude et perpétuellement dégueulassée par un affreux montage
à la tronçonneuse ainsi que des effets troubles/ralentis de vidéoclip ringard, est encore l'élément qui tient le mieux la route dans ce gargantuesque tas de matières fécales, ce grâce à une photographie léchée. Sans savoir si le script est en l'occurrence entièrement tiré ou non du jeu vidéo, une chose est sûre, celui-ci tiendrait facilement sur l'étiquette du t-shirt de Corky. Mais à la rigueur, tout cela n'importe pas énormément. On veut de l'action, de la bastonnade, en somme, du spectacle. Hélas, encore une fois, l'on devra se contenter d'un enchaînement de péripéties, castagnes et gunfights très mollement filmés, saupoudré de deux ou trois gags en carton déblatérés par l'humoriste black de service. Par conséquent, adios les sensations fortes, bonjour les bâillements et les mines de consternation. C'est fade, banal, mal fichu, débile et ennuyeux, mais à un point difficilement imaginable. Il flotte un tel manque de spontanéité dans cette production qu'on en vient à regretter les crétineries finalement sympathiques avec Jean-Claude Van Damme, Stallone ou Seagal qui occupaient les soirées de TF1 et M6. Les personnages taillés à la machettes sont forcément de rigueur: Jovovich, plus froide et monolithique que jamais, nous refait sa Rambo tantôt invincible tantôt amnésique, la fliquette, le membre du SWAT, la journaliste et le blackos rigolo se font voler la vedette par le docteur en chaise roulante à la face de hamster qui négocie avec les héros afin de revoir sa fillette chérie (révolutionnaire, le scénar' !), le méchant est moins mémorable que le cours de bio de la journée, et reste les monstres - mutant tout droit sorti d'un paquet de kellogs ou meute de chiens-zombies mi-réels mi-numériques qui devraient retourner jouer les doublures de Scooby-Doo -, mais bon, pas besoin d'en dire davantage à ce sujet. Rajoutons à cela les sempiternels dialogues simplets et les images de synthèse foireuses (à moins qu'il ne s'agisse de stock-shots de Nintendo 64). Mais le pire encore réside dans le traitement du rythme: la narration est digne de celles des pires nanars des années quatre-vingt, soit ça va trop vite et ça abrège à toute vitesse, soit ça s'essouffle et on se tourne les pouces en attendant le générique de fin. Ciel, quelle torture !
Resident Evil: Apocalypse ne restera pas dans les annales du nanar, car il s'avère bien trop insipide, conventionnel, premier degré et bien trop peu divertissant pour mériter une telle faveur. Il n'est rien d'autre qu'un très mauvais film qui se doit juste de figurer dans les paniers de DVDs à 1 euro ou alors dans la programmation du samedi soir de M6 avec des coupures pub pour laisser de temps à autre un peu de répit au spectateur. Choisissons-lui un titre plus adéquat:
Resident Evil 2: Au pays des purges cinématographiques, avec une mention publicitaire: « Encore pire que le premier ! Accrochez-vous ! »
1/10
