INSENSIBLES de Juan Carlos Medina, 2012

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INSENSIBLES de Juan Carlos Medina, 2012

Messagepar Lan » 29 Novembre 2012, 15:16

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Ecrit par Juan Carlos Medina, Luiso Berdejo
Avec Alex Brendemühl, Tomas Lemarquis, Irene Montàla

Année : 2012
Pays : Spain
Durée : 102 min

L'HISTOIRE
A la veille de la guerre civile espagnole, un groupe d'enfants insensibles à la douleur est interné dans un hôpital au cœur des Pyrénées.
De nos jours, David Martel, brillant neurochirurgien, doit retrouver ses parents biologiques pour procéder à une greffe indispensable à sa survie. Dans cette quête vitale, il va ranimer les fantômes de son pays et se confronter au funeste destin des enfants insensibles.


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.: LA CRITIQUE
Pour son premier long-métrage, le réalisateur franco-espagnol Juan Carlos Medina nous propose une histoire de famille marquée par la guerre civile, qui cache de terribles secrets... Co-écrit avec le scénariste de "REC", "INSENSIBLES" suit en parallèle les parcours de deux personnages, à deux époques bien distinctes : d'un côté, David, qui, après un accident de voiture ayant coûté la vie de sa compagne, découvre qu'il est atteint d'une maladie nécessitant une greffe de moelle ; de l'autre, celui d'un enfant dont l'insensibilité à la douleur lui vaudra une bien triste destinée dans un hôpital sordide...
Dans cette quête de ses origines, David s'apprête à découvrir la vérité sur son passé et, par extension, à faire ressurgir les fantômes d'une époque sombre que l'Espagne préfère oublier...

Dans une ambiance très "espagnole" à la lisière du fantastique, "INSENSIBLES" n'est pas sans rappeler "L'ECHINE DU DIABLE" de Guillermo Del Toro, notamment pour sa teneur historique et une intrigue qui s'articule autour d'un groupe d'enfants. Basculant constamment d'un récit à l'autre, on se doute assez rapidement du lien qui unit les deux protagonistes à plusieurs décennies d'écart, bien que le film nous conduise parfois sur de fausses pistes (dont l'intérêt reste toutefois discutable). Cette structure narrative, qui fonctionne relativement bien durant le premier quart d'heure, ne laisse finalement que peu de place à la réflexion, avec le risque que le spectateur décroche faute de pouvoir s'impliquer pleinement.

Le scénario ne manque pourtant pas de charme et l'on sent bien toute la bonne volonté de Juan Carlos Medina, qui y a mis ses tripes. Mais c'est peut-être bien ça le problème.
Malgré des thématiques intéressantes – mais vraisemblablement trop nombreuses, le mélange finit par partir un peu dans tous les sens. Trop généreux, trop ambitieux, "INSENSIBLES" se perd en cours de route dans une sorte de cacophonie scénaristique où certains éléments sont incorporés sans être réellement exploités, où les incohérences se multiplient au fil du récit...

Dommage que la sauce ne prenne pas, car avec son esthétique séduisante, ses décors soignés (la perspective de l'hôpital surplombant les montagnes est superbe !) et ses bonnes intentions, "INSENSIBLES" marque tout de même les débuts prometteurs d'un jeune réalisateur à suivre.

Note de Lan : 6 sur 10

Critique du film "INSENSIBLES" : http://www.ohmygore.com/critique-insensibles-1037.html
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Insensibles

Messagepar BRUNO MATEI » 18 Février 2013, 09:48

Titre d'origine: Painless
Réalisateur: Juan Carlos Medina
Année: 2012
Origine: France/Espagne
Durée: 1h45.
Distribution: Alex Brendemühl, Irene Montalà, Derek de Lint, Tomas Lemarquis, Juan Diego.

Sorties salles France: 10 Octobre 2012. Espagne: 1er Février 2013

FILMOGRAPHIE: Juan Carlos Medina est un scénariste et réalisateur né en 1977 à Miami, en Floride.
1999: Trinidad (court-métrage)
2001: Rage (court-métrage)
2003: Mauvais jour
2012: Insensibles

Violent réquisitoire contre le régime franquiste qui perdura de 1939 à 1977, Insensibles s'avère le premier coup de maître d'un réalisateur engagé afin de dénoncer le despotisme de la guerre espagnole. A partir d'une histoire d'enlèvement d'enfants, martyrisés et séquestrés dans de sordides cellules, parce que tributaires d'une maladie inconnue (ils ne peuvent ressentir la douleur physique et morale !), Insensibles nous entraîne dans leur calvaire avec un réalisme d'âpreté. En parallèle, à travers d'incessants flash-back alternant passé et présent, une énigme tortueuse nous ait illustré sous l'entremise d'un neurochirurgien en quête identitaire. Après avoir perdu le contrôle de son véhicule en compagnie de sa femme enceinte, David va se réveiller dans la chambre d'un hôpital pour apprendre que celle-ci n'a pas survécu. Néanmoins, les médecins ont réussi à sauver la vie du nourrisson. Brusquement atteint d'un cancer, il décide en désespoir de cause de retrouver ses parents biologiques pour le besoin d'une greffe. A travers son cheminement jonché d'interrogations, David va remonter le temps pour essayer de découvrir les origines de son passé, le traitement inhumain infligé à ses géniteurs et quelle part de responsabilité ses parents adoptifs ont pu contribué.

A travers deux intrigues parallèles parfaitement structurées, Juan Carlos Medina adopte une démarche baroque à titre d'originalité pour illustrer le traitement infligé aux enfants martyrs de la guerre. Parce que ces bambins sont malencontreusement destinés à ne pas ressentir la douleur, un médecin nazi décide de les expérimenter en faveur d'une race supérieure destinée à régir l'univers ! (le thème avait déjà été évoqué par Franklyn J. Schaffner dans l'audacieux Ces Garçons qui venaient du Brésil). Avec l'humanisme désespéré de cette innocence galvaudée par le fascisme, Insensibles est une épreuve de force auquel le spectateur est contraint de suivre scrupuleusement pour comprendre les tenants et aboutissants. L'endurance inépuisable d'un enfant monstre mutique (symbole de toutes les souffrances) engendré par le conservatisme des nationalistes, et finalement conditionné à infliger les pires tortures aux otages anarchistes.
A travers le destin martyr de ce monstre rongé par la déchéance, la réalisateur adopte notamment une réflexion sur l'éducation parentale et l'encadrement familial. Sur la manière disciplinaire, intolérante, dont certains enfants sont élevés dès leur plus jeune âge avant d'extérioriser eux mêmes les effets délétères que la haine aura engendré. Sur la quête identitaire de l'enfant en gestation et leur besoin instinctif d'amour maternel prémuni au sein de la cellule familiale.

Chronique de la douleur
Superbement écrit dans une intrigue riche de thématiques, Insensibles est un chef-d'oeuvre aussi passionnant qu'hypnotique auquel sa rudesse psychologique risque d'en chavirer plus d'un. Une métaphore sur l'endoctrinement du mal, une oeuvre humaniste profondément désespérée, un cri d'alarme pour la postérité des enfants maltraités. S'il s'avère parfois insupportable dans sa verdeur réaliste, le réalisateur adopte l'intelligence d'utiliser le hors-champs afin d'éluder la violence crapuleuse (les innommables tortures infligées aux partisans). Il se révèle en tous cas difficile de sortir indemne d'une oeuvre aussi abrupte et bouleversée car elle fustige la candeur la plus vertueuse, l'enfance violée.
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