Oh My Gore ! - Forum

[BRUNO MATEI]

HELL
Réalisateur: Tim Fehlbaum
Année: 2011.
Origine: Allemagne.
Durée: 1h32.
Distribution: Hannah Herzsprung, Lars Eidinger, Stipe Erceg, Lisa Vicari.

FILMOGRAPHIE: Tim Fehlbaum est un réalisateur, scénariste, directeur de la photo allemand.
2003: Für Julian (court)
2004: Nicht meine Hochzeit (court)
2006: Wo is Freddy ? (court)
2011: Hell

Pour son premier long-métrage, le réalisateur germanique Tim Fehlbaum souhaite élaborer une rigueur formelle à son récit apocalyptique d'une écologie désincarnée. Par sa volonté esthétique probante jalonnée de décors sporadiques, Hell approuve également son intérêt par la dimension cafardeuse de survivants livrés à un despotisme primaire.

2016. En 4 ans, la température de l'atmosphère a augmenté de 10 degrés. Les réserves d'eau et de nourriture s'épuisent. Les structures sociales ont disparu...
Un quatuor de rescapés tentent de survivre dans ce monde désuni, asservi par une horde de cannibales.

Après avoir salué le soin esthétique accordé à son univers aride d'un climat solaire en décrépitude, le réalisateur réussit la gageure de nous convaincre que notre planète n'est qu'un amas de terre décharnée auquel une poignée de survivants tentent d'y survivre en interne des forêts clairsemées. Pour mieux subir une chaleur suffocante, nos derniers héros ont endossé des vêtements soyeux, casquettes et lunettes de soleil en guise de camouflage. A bord de leur véhicule, Philippe, Marie, Léonie et un quidam solitaire traversent les routes bucoliques en quête d'une contrée plus harmonieuse, où la nourriture et l'eau seraient une aubaine inespérée. Par malchance, ils vont se confronter durant leur itinéraire à une confrérie de cannibales planqués dans un bâtiment agricole. Dénués de moralité (même si rattaché à leur semblant de foi catholique) et en proie à une sauvagerie éperdue, faute d'une existence primitive, ces barbares sont délibérés à appréhender de la chair humaine pour subvenir à leur besoin nutritif. Tout aussi assoiffés et affamés, nos résistants blottis dans leur véhicule blindé vont finalement devoir porter assistance à l'une de leur camarade, Léonie, subitement séquestrée par ces antagonistes faméliques.

Le scénario orthodoxe éludé de surprise ne souhaite pas renouveler la prescience du "Jour d'après". Avec pudeur et économie de moyens, le réalisateur souhaite retranscrire au mieux (mais sans esbroufe spectaculaire) la photogénie chaotique d'un climat solaire asphyxiant. Ce sentiment tangible de claustration est d'autant plus rendu prégnant par la fébrilité humaine des interprètes tentant désespérément de se soustraire à l'allégeance d'insurgés sans éthique. C'est cette ambiance désespérée d'isolement et désolation et les faibles enjeux de survie octroyés à nos protagonistes qui rendent l'aventure continuellement efficiente.
La dernière partie, beaucoup plus vigoureuse laisse place à une action cinglante parfois violente dans l'évasion improvisée de nos protagonistes. Cet échappatoire encouru de prime abord par notre héroïne esseulée n'est pas non plus exempt d'un certain suspense oppressant quand elle se réfugie dans le refuge restreint d'un abattoir suintant la mort et la puanteur. ATTENTION POILER !!! Enfin, pour parachever, son point d'orgue capital se culmine vers une traque échevelée à travers champs pour nos fuyards essoufflés, pourchassés par la horde primitive, et aveuglés par la lumière écrasante d'un soleil terrassant. FIN DU SPOILER.

Au final, Hell est une série B germanique au scénario convenu mais transcendé par la vraisemblance d'un univers aride et suffocant, de personnages convaincants ancrés dans un frêle désespoir et d'un argument pessimiste efficacement troussé.
Dispensable mais mérite néanmoins le coup d'oeil pour sa réalisation appliquée et son climat dépaysant.

[Lan]

Ecrit par Tim Fehlbaum, Oliver Khal, Thomas Wöbke
Avec Hannah Herzsprung, Stipe Erceq, Angela Winkler

Année : 2011
Pays : Suisse, Allemagne
Durée : 89 min

L'HISTOIRE
Le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Depuis des années, la surface du globe est brûlée par les rayons du soleil, les terres sont asséchées, désertiques, la nourriture se fait rare. Marie, Phillip et Léonie font route vers les montagnes dans l'espoir d'y trouver un peu d'eau. Mais ils ne sont pas seuls dans ce cas...
Débute alors leur combat pour arriver à survivre dans un monde sans espoir.




.: LA CRITIQUE
2016... ça vient vite. Et d'ici là notre pauvre planète n'aura plus grand-chose d'attrayant : augmentation de la température de quelques degrés et tout le système part en caillade ; plus d'eau, plus de nourriture et rapidement des schémas sociaux qui s'effondrent. Reste alors un peu de place pour les plus forts et un peu moins pour ceux qui finissent à la broche. Dans ce chaos solaire magnifiquement retranscrit par la photo de Markus Förderer (récompensé au festival de Sitges), nos trois – et bientôt quatre – héros vont devoir serrer les dents bien fort pour tenter de survivre.

Philip, Marie et sa sœur Leonie veulent rallier les montagnes pensant y trouver un havre de paix. Les choses ne se passent pas facilement, l'autorité de Philip étant mal vécue par Léonie tandis que Marie s'incline face à l'opportunité de survie qu'il représente plus que par amour pour lui. Les choses commencent à évoluer lorsqu'ils rencontrent Tom, solitaire mais finalement doté de plus d'humanité et de courage que Philip. Leur périple va tourner au véritable cauchemar lorsqu'ils croiseront la route d'une famille de cannibales...

Tim Fehlbaum s'attaque donc pour sa première réalisation à un survival post apocalyptique. Une histoire peu originale mais prometteuse en terme d'action et d'ambiance tendue... Hélas, passées les 20 premières minutes plutôt bien fichues, on commence à déchanter et, fatigué d'attendre que quelque chose se passe, on en arrive au simple constat qu'on va trouver le temps long. Tout ce qui aurait pu faire du film un survival hargneux a trop de mal à aboutir. Les quelques scènes d'actions tombent à plat faute d'un traitement beaucoup trop gentillet. Tout le passage dans la ferme, riche de promesses et qu'on attend comme le bon gros climax du film suite à la tension du début, manque clairement d'audace, de folie, de sang et pue la redite de choses déjà vues en mieux, ailleurs.
Comme dit plus haut, l'histoire n'a rien d'original mais c'est un moindre mal, par contre certaines scènes curieusement mal amenées ont du mal à passer (l'arrivée dans la grotte notamment, le combat final étonnant de platitude...). "HELL" semble régulièrement se référer à "MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE" (la chaleur omniprésente, la scène du repas en famille...), or il n'en possède ni la force évocatrice, ni l'aura cauchemardesque. Il se rapproche également de façon évidente de "LA ROUTE". Mais là encore il n'arrive jamais à dépasser les qualités de son aîné, partageant néanmoins avec lui un rythme pour le moins posé.

Bénéficiant d'acteurs crédibles, d'une photo particulière mais parfaitement en lien avec l'ambiance et d'une atmosphère de fin du monde malgré tout bien retranscrite, "HELL" ne loupe le coche que de peu. La faute à une lenteur et un manque d'action évident. Il faut tout de même saluer le travail accompli pour un film qu'on imagine avoir été réalisé avec peu de moyens. Reste un réalisateur à suivre et qu'on espère retrouver dans un prochain film un peu plus abouti.

Note de jaimelaviande : 4 sur 10

Critique du film "HELL"