Heartless

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Messagepar BRUNO MATEI » 23 Novembre 2010, 16:47

HEARTLESS

Réalisateur: Philip Ridley.
Année: 2009.
Origine: Angleterre.
Durée: 1H54.
Distribution: Sturgess Jim, Clarke Noel, Poesy Clemence, Treadaway Luke, Salinger Justin, Ayres Fraser, Sheen Ruth, Florez David.

BIOGRAPHIE: Réalisateur et scénariste de l'Enfant miroir (1990) et Darkly Noon (1995), l'anglais Philip Ridley revient derrière la caméra après 15 ans d'absence avec Heartless réalisé en 2009.

L'ARGUMENT: Un jeune homme conclut un pacte avec le diable pour être plus séduisant aux yeux d’une belle inconnue. Ce qu’il ignore c’est que ce changement a un prix. En échange de la beauté, il devra tuer. Jusqu’où est-il donc prêt à aller pour séduire et s’accepter tel qu’il est ?

Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
"Dune"

J'IRAI AU PARADIS CAR L'ENFER EST ICI.
Il aura fallu attendre plus de 15 ans pour voir débarquer le nouveau long-métrage du génial Philip Ridley, réalisateur anglais hors norme qui aime bousculer les règles du genre avec une maestria probante dans sa personnalité aigue et clairsemée.

Son dernier né est une fois de plus une réussite atypique, un tortueux cauchemar trouble, étrange, dérangeant et terrifiant autant que beau, touchant, poétique, poignant, voir bouleversant dans l'orientation des rapports humains désabusés ainsi que son final rédempteur, immolé dans sa tragédie sordide, tristement actuelle.

En s'inspirant du Mythe de Faust réactualisé dans un contexte social ultra violent dans le pays de l'Angleterre, Philip Ridley s'attache à nous décrire le parcours nonchalant et anxiogène d'un jeune homme de 25 ans. Jamie est défiguré par une volumineuse tâche de vin, mise en exergue sur le côté gauche de son visage. Une marque indélébile qui va également se propager vers la partie gauche de son épaule.
Ce jeune garçon introverti est un photographe de mode qui trompe son défaitisme en prenant en photo de jolies mannequins quelque peu dévêtues. Seul, brimé et insulté par la majorité des jeunes rebelles de son quartier, Jamie ne comprend pas le monde sauvage et violent dans lequel il vit, remettant sans cesse en question existentielle : quel est le sens de la vie ?
Un soir, dans une rue désertée à l'abord d'un arrêt de bus, sa mère se fait sauvagement agressée par une bande de délinquants encapuchonnés, sous les yeux de son fils.
Jamie Morgan décide alors de se venger de ces tortionnaires en signant un pacte avec papa B, un marginal perfide ressemblant au diable, capable de lui renvoyer sa beauté physique dénuée de balafre. Mais le prix à payer pour garder intact un physique normalisé aura de lourdes conséquences pour son entourage affectif ainsi que sa propre vie.

Avec une trame inquiétante qui laisse furtivement intervenir des personnages encapuchonnés à l'apparence de reptile, le ton est donné ! Heartless va rapidement impliquer le spectateur, embarqué dans un récit qui bouscule les habitudes conventionnelles au cinéma de genre. Entre cinéma d'auteur affirmé et série B ambitieuse noyant l'académisme des situations rebattues dans un bain d'acide.
Philip Ridley soigne avant tout la retranscription inquiétante, insolite et pernicieuse de ses décors urbains avec ses nombreux graffitis inscrits sur les murs, situés dans une banlieue anglaise. Dans une photographie nocturne aux teintes noires et orangers, l'ambiance opaque et tendue s'emboite dans un enchevêtrement de situations toutes plus insolites et inopinées les unes que les autres.
Le récit alambiqué avec ses personnages peu banals ne cesse de nous surprendre et bousculer dans un mélange d'émotions aussi fortes que troubles, pour accéder en toile de fond à un regard désabusé sur notre monde gangrené par le Mal, auquel la mort et la souffrance sont les uniques raisons de pouvoir accéder au bonheur et à notre raison d'existence.
Profondément humain et déstabilisant, Heartless tire sa force et son pouvoir fascinant dans sa science inimitable du fantastique horrifique, juxtaposée à la réalité des faits retranscrits à travers notre époque paranoïaque et de tous ces maux du monde qui nous contaminent un peu plus chaque jour.

Dans le rôle du jeune Jamie, Jim Sturgess compose avec humanité fébrile et tendresse désabusée un personnage abstrait à interpréter. Un rôle en demi-teinte qui passe de victime empathique à bourreau contre son gré dans son lourd labeur à devoir supprimer quelques innocents au nom de Satan, parce qu'un monde sans violence ne peut vivre sans souffrance. Ce jeune acteur se révèle particulièrement juste dans ses états d'âme torturés, invoqués au nom du démon, terrifié à l'idée d'accomplir l'impardonnable, mais également enivré par le pouvoir addictif et réconfortant d'une idylle amoureuse.

Le final ambigu, voir incompréhensible pour certains participe à divers niveaux de lecture.
ATTENTION SPOILER !!! Il semble peut-être ramener à la raison du spectateur un potentiel rêve schizophrène d'un jeune garçon envahi par la terreur, victime de l'intolérance et l'indifférence d'un monde sans pitié, incapable d'assumer la vie qui l'entoure ainsi que la mort de son paternel. FIN DU SPOILER.

ANNIHILER LA PEUR.
Impeccablement mis en scène avec force et personnalité dans une bande son patibulaire, Heartless ne peut laisser indifférent dans sa structure démembrée traversée de plages d'émotion tendre, de poésie lancinante dans les rapports affectés. Un récit abrupt notamment terrifiant dans ses accès de sauvagerie clinquants avec quelques dérives gores impressionnantes plutôt cruelles (la scène très sanglante du gars éventré à coup de couteau évite le hors champ).
Cet exutoire existentielle est en somme un ténébreux et magnifique rêve illusoire sur le pouvoir (dominant) du Mal dans notre monde actuel. Sur la difficulté d'imposer sa condition de vie aux autres, sur le manque d'aplomb de notre identité et surtout sur la peur oppressante qui détruit toute ambition.
Il serait alors permis d'envisager que l'enfer est bien dans l'écorce terrestre, alors que sa conclusion salvatrice laissera supposer que le paradis est ailleurs.

RECOMPENSES: Meilleur Acteur (Jim Sturgess), Meilleure mise en scène, Meilleur réalisateur, Meilleur film au Festival de Fantasporto 2010.
Méliès d'Argent au Leeds International Film Festival 2009.
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Messagepar Lan » 20 Mai 2011, 14:04

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Ecrit par Philip Ridley
Avec Jim Sturgess, Clémence Poésy, Noel Clarke

Année : 2009
Pays : UK
Durée : 114 min

.: L'HISTOIRE
Un jeune homme conclut un pacte avec le diable pour être plus séduisant aux yeux d'une belle inconnue. Ce qu'il ignore c'est que ce changement a un prix. En échange de la beauté, il devra tuer. Jusqu'où est-il donc prêt à aller pour séduire et s'accepter tel qu'il est ?

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.: LA CRITIQUE
Troisième long de Philip Ridley, "HEARTLESS" ne manque pas de confirmer la place de son auteur parmi les artistes honnêtes et amoureux du travail bien fait. Le film qu'il voulait labyrinthique et protéiforme est une quasi complète réussite.
Le parti pris peut pourtant sembler casse-gueule : réussir à faire le grand écart entre la chronique sociale et le fantastique pur, entre le thriller et la comédie, bref, proposer un film de genres. Oui avec un « s », car le souhait du réalisateur est de proposer un film tout sauf aisément cataloguable. La gageure était donc de réussir à mener l'histoire du début à la fin sans se perdre dans le labyrinthe qu'il avait lui même choisi de traverser...

Et ce labyrinthe c'est aussi Jamie qui va le traverser, au cours d'un périple initiatique, un de ces voyages au bout de la nuit dont on ne revient jamais vraiment (coup de tonnerre, éclairs et portes qui grincent...). Prisonnier d'un Londres en état de décrépitude avancée, gangréné par la violence comme nous en font l'écho l'épicier de son quartier ou les infos qu'il regarde à la télévision, prisonnier d'un monde qu'il ne comprend pas et au sein duquel il est persuadé de n'avoir pas sa place et prisonnier enfin d'une infamante tâche de naissance qui lui barre le visage et une partie du corps, Jamie n'a que sa passion pour la photographie et sa famille proche comme bouées de sauvetage.
Son équilibre psychologique est précaire et s'écroule définitivement le jour ou sa mère est assassinée devant ses yeux.

Sans être un réel ovni cinématographique exempt du moindre défaut (le film est un poil trop long), "HEARTLESS" frappe par sa justesse, de mise en scène d'abord, ainsi que par sa façon d'aborder avec ce qu'il faut de distance les moments les plus dramatiques de l'histoire de son héros, leur conférant ainsi beaucoup plus d'impact, et par l'impressionnante interprétation de son acteur principal, un Jim Sturgess littéralement possédé.
Se référant constamment à d'autres œuvres ("FIGHT CLUB" ou "HELLRAISER" pour les plus flagrants), Philip Ridley réussit le tour de force de ne jamais laisser glisser son film et en garde constamment la totale maîtrise.
A noter également que ce dernier est esthétiquement très réussi. De nombreuses scènes sont vraiment magnifiques (le retour au cimetière, le « réveil » de Jamie après sa première rencontre avec Papa B, la toute fin du film...) et montrent, si l'on en doutait encore, que le long métrage est porté par un amoureux de belles images. "HEARTLESS" est une surprise, et de taille puisqu'assez inattendu. Un film à la saveur « autre » à rapprocher peut-être d'un "DONNIE DARKO" par exemple, en plus sombre tout de même. On passe un très agréable moment à voyager dans une sorte de conte de fée urbain et cauchemardesque en se demandant constamment comment les choses vont finir.
Une belle réussite et un réalisateur à découvrir.

Note de jaimelaviande : 7 sur 10

Critique du film "HEARTLESS"
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