
Réalisé par Paul Solet
Ecrit par Paul Solet
Avec Jordan Ladd, Gabrielle Rose, Samantha Ferris...
.: L'HISTOIRE
Madeline Matheson, enceinte de huit mois, est déterminée à accoucher naturellement. Suite à un grave accident, le bébé qu'elle porte meurt dans son ventre. Néanmoins, elle décide de mener sa grossesse à terme. Après l'accouchement, le bébé revient miraculeusement à la vie...
.: LA CRITIQUE
Madeline et Michael Matheson tentent désespérément d'avoir un enfant. Lorsque ce jour arrive enfin, Madeline, végétalienne convaincue, préfère à la médecine traditionnelle un suivi de sa grossesse plus naturel en compagnie d'une ancienne amie sage femme, au risque de s'attirer les foudres d'une belle-mère trop envahissante...
Après un tragique accident de voiture qui coûte la vie à son mari, Madeline décide de mener sa grossesse à terme, bien que l'enfant qu'elle porte soit déclaré décédé. C'est alors que celui-ci revient comme par enchantement à la vie après sa mise au monde.
C'est décidé, ce petit miracle portera le prénom de Grace.
Mais le rêve vire bientôt au cauchemar lorsque l'état de santé de Grace se dégrade et que les mouches commencent à tourner autour du berceau du nouveau né, qui montre un intérêt croissant pour l'allaitement, à condition que ce soit jusqu'au sang... Eprouvant les pires difficultés à nourrir son enfant, Madeline reste cloîtrée chez elle, évitant toute intervention médicale et attendant désespérément les conseils de son amie Patricia, qui reste injoignable...
Inspiré de son court métrage éponyme réalisé trois ans plus tôt et récompensé par deux prix, "GRACE" est le premier long métrage de Paul Solet, si difficile que cela puisse paraître !
Car effectivement, à travers cette uvre au scénario totalement hors du commun, se dégage une incroyable maturité, que l'on aurait à priori attribuée à une réalisatrice plutôt qu'à un réalisateur, tant les sentiments maternels apparaissent crédibles et forts.
Et "GRACE" tourne justement autour des relations mère-enfant, à l'instar de celle qu'entretient Michael avec sa mère Vivian, qui cherche sans cesse à s'immiscer dans la vie du couple. Mais avant tout, il s'agit de l'histoire de Madeline, une femme au désir de maternité tellement fort que la mort prématurée de son mari ne lui fait quasiment aucun effet, contrairement à Vivian qui, ne supportant pas la perte de son fils, projette son mal-être sur le nouveau né qu'elle aimerait allaiter elle-même...
Beau et malsain à l'image de cet enfant, qui derrière l'innocence de son doux visage cache une créature assoiffée de sang humain frais, "GRACE" est poétique et terrifiant à la fois.
Il met en exergue la « femme » (dans un contexte ou l'homme est réduit au statut de simple géniteur) et les états psychiques inhérents à la grossesse, mais aussi le désespoir des mères lorsque leur enfant se retrouve en danger. Un désespoir qui les conduit fatalement à des actes désespérés, en particulier quand leur amour se veut à ce point obsessionnel !
Outre la dualité qui règne constamment dans le film entre « donner la vie » et « tuer pour subvenir aux besoins nutritionnels de son enfant », le fait que Madeline ait porté la mort en elle ne peut que générer des conséquences macabres, et ce qui est sensé représenter la beauté ou le bonheur prend tout à coup une dimension effrayante... C'est ainsi que dans une atmosphère morbide à souhait, on assiste dans un premier temps à la dégénérescence de ce petit corps, qui commence à pourrir lentement dans son berceau.
Pour aller encore plus loin dans l'analyse des rapports humains, le réalisateur propose également une réflexion sur le non-conformisme via le mode de vie des personnages (homosexualité, végétalisme...) et la propre nature de l'enfant (vampire ? mort-vivant ?). L'un de ces sujets ressort d'ailleurs de manière assez saisissante : Madeline et son rapport à la viande, elle qui, végétalienne, se voit contrainte de nourrir son enfant avec du sang animal, puis humain...
Un film d'une grande sensibilité, intelligent et sombre, qui a reçu un Prix du Jury bien mérité à Gérardmer !
Note de Lan : 10 sur 10
Critique de "GRACE" sur Oh My Gore !