From Beyond

-> Le gros Gore qui tache et les films dégueux à vomir

Messagepar SUSPIRIA » 26 Mai 2010, 20:47

Acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain de 16 longs-métrages, Stuart Gordon aura immédiatement accédé à la notoriété avec son premier essai pour le cinéma en 1985 (ayant réalisé auparavant un télé-film en 1979) avec "Ré-animator", véritable révolution dans le domaine gore reconnu de tous et chef-d'oeuvre de l'horreur associé au sens du burlesque. Un an plus tard, il semble souhaiter remettre le couvercle en reprenant à nouveau une histoire d'H.P. Lovecraft, réunir ses deux acteurs fétiches de son premier coup de maitre (le génial Jeffrey Combs et la superbe Barbara Crampton) et réinsérer le même sens du délire dans la narration en mélangeant l'horreur et l'humour, matiné d'une dose de sexe sulfureux.
Le problème avec "from Beyond" c'est qu'il arrive juste après un premier chef-d'oeuvre qui a tant marquer les esprits et tenter de surpasser son modèle ou tout du moins vouloir l'égaliser n'est surement pas chose aisée surtout après avoir aussi rapidement enchainé avec ce nouveau projet ! (un an d'écart sépare les 2 films).
L'histoire complètement improbable et débridée est un pur régal de délire visuel dans ses reproductions gluantes couleur rose et mauve fluos de créatures venues de l'au-dela. Un professeur lubrique et son disciple inquiet ont mit au point un système pour permettre de stimuler la glande pinéale située dans le cerveau. Pendant la première expérience d'essai, d'étrange créatures flottantes apparaissent dans les airs et les attaquent. Seul son assistant en sort indemne tandis que le professeur se retrouve mystérieusement décapité mais sans trace de tête ! Crawford accusé du meurtre de son maître sera dirigé dans un centre psychiatrique tandis qu'il fera connaissance avec la séduisante docteur Katherine McMichaels. Ensemble ils vont tenter d'élucider la mystérieuse disparition de la tête du professeur et rééenclencher le résonateur responsable de ce désagrément.
Le scénario jubilatoire n'est qu'un savoureux prétexte à débordements horrifiques dantesques récréés dans un univers organique atypique, une forme nouvelle de l'au-dela à orientation sexuelle, s'invitant dans notre réalité grâce à une machine révolutionnaire.
Où cette nouvelle matière colorée et rendue visible à l'oeil nu peut à sa guise prendre le contrôle des esprits, déformer à outrance et remodeler indéfiniment les corps composés de chair tendre et humaine.
Le rythme vif de sa trame de génie, son efficacité indéniable dans la mise en scène et les nombreux revirements ne nous laissent pas un instant de répit et Stuart Gordon réussit une fois de plus à réunir ses deux éléments si habilement dosés qui ont fait le succès de Ré-Animator : l'horreur et l'humour même si ici ces deux composants seront beaucoup moins exposés et intraveinés dans l'histoire. Par contre au niveau de la connotation, de la raisonnance sexuelle de notre charmante Barbara Crampton, il y a à nouveau une séquence érotico sensuelle d'anthologie avec cette blonde libidineuse dans son nouvel accoutrement vestimentaire sado-maso quand elle s'imagine transie, princesse de l'amour sexuelle habillée de noires jaretelles et bas nylons pour tenter d'exciter son compagnon endormi. Il faut la voir dans cette tenue légère ultra charnelle, sa silhouette de rêve, ses yeux bleux dévorants, sa bouche pulpeuse et son rouge à lèvre flamboyant à damner un saint !
Le gore bien rouge est en fin de compte assez peu présent dans "From Beyond" et ces éléments horrifiques, ces attaques violentes et morts subites sont adoucis par la couleur du rose dans la représentation d'une existence nouvelle, la nouvelle chair retransmise à travers les corps humains déchiquetés et malaxés dans cette nouvelle quête éternelle de jouissance addictive conquise.
Les effets-spéciaux remarquables tiennent encore très bien la route et restent surprenants d'inventivité, fascinants dans son large éventail d'interprétations visqueuses, organiques aboutissant à des monstres tentaculaires, difformés, démesurés, hors normes.
Stuart Gordon se lache malgré tout dans 2/3 séquences sanglantes comme l'arrachage d'un oeil extirpé en gros plan après l'avoir siroté du fond de son orbite où cette délirante glande pinéale rouge vive située au milieu du cerveau de Crawford auquel Catherine ira le déchirer violemment à pleines dents !
Malgré un arrière goût d'inachevé et ce sentiment qu'il y manque un je ne sais quoi pour être pleinement enthousiaste, "From Beyond" se révèle malgré tout un sacré petit moment de peloche diablement plaisant, excitant et fantasmé, réhaussé par l'attitude sympathique de 3 comédiens pleinement attachants (Ken Foree en tête, aurai-je oublié d'émettre, du moins pour la 1ère partie du film !).

Note: Prix de la meilleure musique originale et des meilleurs effets spéciaux (John Naulin, Anthony Doublin), lors du Festival international du film de Catalogne en 1986.
Carolyn Purdy-Gordon, qui interprète le docteur Bloch, est l'épouse du réalisateur.
SUSPIRIA
BRUNO MATEI
 
Messages: 4055
Inscription: 30 Avril 2004, 06:35

Précédente

Retourner vers Cinéma Gore, Trash & Splatter

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité