LE FAISEUR D'EPOUVANTE
Titre Original: The Manitou
Réalisateur: William Girdler.
Année: 1978.
Origine: U.S.A./Canada.
Durée: 1h40.
Distribution: Tony Curtis, Michael Ansara, Susan Strasberg, Stella Stevens, Jon Cedar, Ann Sothern, Burgess Meredith.
Sortie le 11 Septembre 1985.
FILMOGRAPHIE: William Girdler est un compositeur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 22 Octobre 1947 à Louisville, dans le Kentucky aux États-Unis, et décédé le 21 Janvier 1978 à Manille aux Philippines.
1972 : Three on a Meathook
1974: Quand la ville tremble. Abby.
1975: l'Antre de l'horreur
1975: Sheba Baby
1976: Grizzly. Project: Kill
1977: Day of the Animals
1978: Le Faiseur d'Epouvantes
The Manitou est le dernier film d'un réalisateur discret parti trop tôt, modeste faiseur de série B ludique qui a su parfois faire preuve d'un sens de l'imagination catastrophiste avec des scripts insensés mettant en oeuvre de féroces agressions animales comme Grizzly ou Day of the Animals.
Karen est une jeune femme de 28 ans, mariée et sans histoire, jusqu'au jour où une forme inédite de tumeur semble apparaître sur son dos. Après divers examens médicaux, il semble que cette boule de chair davantage volumineuse soit un foetus humain. Cette inédite révélation incongrue serait en faite la réincarnation d'un grand médecin sorcier indien surnommé Manitou.
Karen, prise de marasme est sur le point d'accoucher ! Planquez vos totems !!! L'horreur peut commencer !
Découvrir aujourd'hui pour la première fois Le Faiseur d'épouvante concocté dans le simple but de divertir se révèle d'autant plus jubilatoire que ce projet tiré à la base du roman de Graham Masterson est devenu au fil du temps un nanar suprême de haute volée ! Comprenez, Le Faiseur d'épouvante est ce que le Big Tasty est au Mac Donald !
Rien que le scénario linéaire résumable en une seule phrase vaut son pesant de cacahuètes !
"Une jeune femme accouche (par le dos !???) d'un sorcier maudit prêt à foutre le zouc dans un centre hospitalier réduit en véritable enfer glacier !" Alors que toute cette mascarade ira piocher dans son point d'orgue rédempteur vers des références célébrées telles que de 2001 pour les visions hallucinogènes métaphysiques, Scanners (avant l'heure) pour le combat humain à distance des ordinateurs contre l'entité et Star Crash pour ses réparties spectaculaires au rayon laser commanditées par notre redresseuse de tort, Karen, transformée au bout du compte en super Jaimie !.
La première séquence choc qui voit notre Harry Eskin (Tony Curtis) affublé d'une blouse de mage décoré de signes astraux, lancer les cartes divinatoires à une mémé fidélisée est sans doute le moment le plus hilarant et jouissif du film ! En effet, Mme Gertz, subitement transie va se voir soudainement posséder par l'esprit du Manitou pour gesticuler des rimes satanistes invoquées de manière délurée ! La mamie renfrognée va ensuite se retrouver à concourir pour les plus belles mimiques grimaçantes en se dandinant façon "danse indienne autour du feu", se léviter du haut du sol et finir par violemment valdinguer dans les escaliers en fracassant une à une chaque barre de la rampe !
Impossible de garder son calme et son sérieux face à cette séquence involontairement parodique, irrésistible de sarcasme cartoonesque !
La suite des aventures de notre Manitou est tout aussi savoureuse de niaiserie improbable dans sa conviction à vouloir rendre effrayant une histoire de possession à peine inspirée du modèle de démonologie inculquée par Friedkin et toutes ces influences empruntant la tendance du Mal sous l'apparence angélique infantile (Damien et ses suites sans compter les ersatz récurrents des seventies et du début des eighties).
Toute cette fantaisie échevelée évoquant en toile de fond social le génocide amérindien encensé par la colonisation américaine sous couvert d'une allégorie horrifique tombe rapidement à l'eau pour s'orienter pleinement au caractère foutraque, bordélique de l'entreprise croyant dur comme fer à ce qu'elle tente de nous narrer !
Comme cette fameuse séquence clef qui montre enfin dans la chambre d'hôpital le fameux accouchement tant redouté avec l'apparition dantesque du fameux manitou réduit ici à un homme de petite taille (à hauteur de Joséphine !), déployant une armada de pouvoirs surnaturels comme le fait de pouvoir transformer le centre hospitalier en véritable palais des glaces ! Alors qu'un autre indien cette fois-ci pacifiste (et caricatural), constamment au pied du lit de notre mini "Mr Propre" aux muscles contrastés, se prend pour un exorciste chevronné afin de tenter mettre un terme aux méfaits démoniaques du nain pour le déposséder de ses fonctions pernicieuses !
Il faut souligner l'aspect cartoonesque de ce nain en question physiquement attribué d'une longue chevelure alors que son corps dénué de vêtements est entièrement peinturluré d'une couleur monochrome mauve bonbon ! Un archétype du Mal à entrer dans les annales des plus impayables faiseurs d'épouvante !
Le final impensable et fructueux, spectaculaire et foisonnant qui laisse bénéficier les forces du Bien grâce à la victoire cathartique de l'amour est un moment d'anthologie immanquable à situer entre un épisode désinvolte de la 4è dimension et le climax vrombissant de House de Steve Miner !
Il fallait avoir un sacré sens couillu pour oser faire appel dans une production horrifique au chatoyant dandy Tony Curtis, à peine remis 6 ans auparavant de l'arrêt brutal de sa série Amicalement Votre (diffusée entre le 17 septembre 1971 et le 25 Février 1972). En sosie presque voilé de Danny Wilde, il faut le voir dans la trempe d'un voyant bonimenteur ou du mari inquiet de l'état meurtri de sa dulcinée possédée, s'exclamer avec véhémence et stupeur face à son calvaire imposé dans un florilège de ressentiments potentiellement accès à la panique, la peur et l'effroi ! Une prestance inconcevable aussi digne, aimable et savoureuse qu'un Abbot ou Costello !
Y'A T-IL UN EXORCISTE INDIEN POUR SAUVER LES URGENCES ?
Le Faiseur d'épouvante est un nanar de choix immanquable pour tout amateur inconditionnel de spectacle involontairement farfelue et déluré, transcendant la consternation pour créer l'hilarité.
Un pur délire de défouloir qui réussit de surcroît à tempérer une vraie efficacité au cheminement du récit, captivant le spectateur malgré lui sans décliner un chouilla de son désintérêt ! Jusqu'à l'apothéose d'un final apocalyptique, dans tous les sens du terme !
Assistez nombreux à la séance si vous souhaitez réussir une soirée arrosée bien allumée, tout en fumant le calumet de la paix !