CITADEL de Ciaran Foy, 2012

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CITADEL de Ciaran Foy, 2012

Messagepar Lan » 29 Novembre 2012, 15:24

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Ecrit par Ciaran Foy
Avec Aneurin Barnard, James Cosmo, Amy Shields

Année : 2012
Pays : Ireland
Durée : 85 min

L'HISTOIRE
Un jeune père devenu agoraphobe depuis que sa femme a été tuée par un gang d'enfants cagoulés affronte de nouveau les agresseurs qui veulent s'en prendre à son bébé. Aidé par une infirmière et un prêtre adepte de l'auto-défense, il comprend que le seul moyen d'exorciser sa peur est d'y faire face en s'introduisant dans la Citadelle, là où réside le gang...

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.: LA CRITIQUE
L'une des plus belles surprises de cette dernière édition de l'Etrange Festival nous venait tout droit d'Irlande. Premier film d'un jeune réalisateur de talent (qui en a également signé le scénario), "CITADEL" est, en quelque sorte, autobiographique. Car en effet, à travers le parcours de son héros, Tommy, Ciaran Foy semble vouloir exorciser ses propres démons, puisqu'il a lui-même été sujet à un épisode d'agoraphobie suite à une violente agression...

D'emblée, on est saisi à la gorge par l'atmosphère anxiogène qui règne dans la banlieue sinistre que Tommy et sa femme enceinte s'apprêtent à quitter. L'immense tour laissée à l'abandon – théâtre du meurtre de sa jeune épouse, dont il est le témoin impuissant – semble littéralement prendre vie, se nourrissant des peurs les plus profondes des habitants quasi-invisibles de ce no man's land. D'ailleurs, l'image assez incongrue du jeune père arpentant les rues désaffectées de la cité avec sa poussette (façon "BABY CART" des temps modernes) retranscrit assez bien le climat d'insécurité qui restera palpable tout au long du film.

C'est dans ce contexte peu réjouissant que le pauvre Tommy se retrouve dans la position difficile de veuf précoce avec un bébé à charge, alors que lui-même peine à se reconstruire, sombrant rapidement dans une forme aiguë d'agoraphobie qu'il ne parvient pas à contrôler. Son angoisse communicative est à son paroxysme lorsqu'il en arrive à se barricader dans son appartement sous la menace – réelle ou imaginaire – d'une bande de jeunes délinquants encapuchonnés, qui semblent le persécuter dans le seul but de lui voler ce qu'il a de plus cher : sa petite fille.
Autant dire que le film repose exclusivement sur les épaules d'Aneurin Barnard, physiquement à la croisée d'Elijah Wood et de notre ami Fu'ad Aït Aattou (bientôt à l'affiche de "FIEVRE", réalisé par Romain Basset), particulièrement convaincant dans ce rôle de paranoïaque maladif, écrasé de surcroit par le poids de ses nouvelles responsabilités, qui parvient à nous faire basculer avec lui dans ce cauchemar totalement effrayant.
Par ailleurs, les relations qu'il entretient avec son enfant sont plutôt bien analysées, notamment dans la distance qui se creuse inconsciemment avec l'être qui symbolise le plus la mort tragique de sa femme... Le spectateur ressent bien les conflits intérieurs de ce personnage, que l'on a envie d'aider à affronter ses peurs, personnifiées par de mystérieux individus dont on ne voit pas le visage...

On s'intéresse moins à la légende urbaine qui se profile qu'à la dimension quasi-fantastique que prend le récit et à son climat de terreur permanente. On pensera peut-être à "LA HORDE", à "ATTACK THE BLOCK" ou encore à "THE STRANGERS" et "ILS", mais "CITADEL" est une œuvre personnelle et unique en son genre, qui ne semble pas spécialement puiser son inspiration ailleurs que dans l'esprit de son auteur. En tout cas, ça fonctionne !

Note de Lan : 8 sur 10

Critique du film "CITADEL" : http://www.ohmygore.com/critique-citadel-1039.html
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Messagepar BRUNO MATEI » 12 Février 2013, 07:54

Réalisateur: Ciaran Foy
Année: 2012
Origine: Irlande/Angleterre
Durée: 1h24
Distribution: Aneurin Barnard, James Cosmo, Wunmi Mosaku.

Sortie salles U.S: 9 Novembre 2012

Récompenses: Prix du Public (Midnight Audience) à South by Southwest, 2012
Prix Narcisse au Festival de Neuchâtel, 2012
Méliès d'Argent au Festival de Neuchâtel, 2012
Meilleur réalisateur au Festival du film fantastique de Puchon, 2012
Meilleur son aux Irish Film and Television Awards, 2013

FILMOGRAPHIE: Ciaran Foy est un réalisateur, scénariste, monteur, acteur, producteur
2001: 1902. 2001: Wired. 2002: The Puppet. 2006: The Faeries of Blackheath Woods. 2007: Scumbot. 2009: Hotel Darklight (segment directeur). 2012: Citadel.

Dans la lignée des Révoltés de l'an 2000 pour son thème alloué à l'enfant martyr, cette modeste série B co-produite entre l'Irlande et la Grande Bretagne privilégie un ton désenchanté pour établir un constat social sur la dégénérescence des laissés pour compte.

Suite à l'agression mortelle de son amie par des enfants sauvages, un jeune père de famille sombre dans l'agoraphobie. Epié et menacé par ses meurtriers infantiles, l'homme va tenter de transcender sa frayeur pour sauver sa vie ainsi que celle de son bambin.

Imprégné d'une atmosphère anxiogène et renforcé par l'esthétisme blafard de ghettos défavorisés, Citadel est une oeuvre étrange d'une sensibilité prégnante. Un cauchemar urbain dans lequel nous suivons l'introspection fébrile d'un jeune veuf, traumatisé par la mort de sa compagne lors d'une violente altercation avec des jeunes agresseurs. Souffrant d'agoraphobie et totalement replié au sein de son appartement, Tommy sombre dans une grave paranoïa à force de vouloir prémunir coûte que coûte l'existence de son enfant. Sa brève thérapie dans un centre spécialisé et l'aide amicale d'une amie de longue date lui apportent un frêle soutien, d'autant plus que les sauvageons semblent déterminés à l'appréhender. Ce n'est qu'avec l'entremise d'un prêtre accompagné d'un enfant aveugle que Tommy va pouvoir faire preuve de bravoure et courage afin de réprimer son inévitable frayeur.
Dominé par la prestance chétive de Aneurin Barnard, le comédien réussit avec beaucoup d'humanisme à nous insuffler ces lourdes contrariétés confinées dans une solitude meurtrie. Cette ambiance dépressive émanant du psyché névrosé du protagoniste engendre une inévitable empathie chez le spectateur, d'autant plus intrigué par l'hostilité meurtrière d'une bande organisée. En effet, nous ne saurons jamais dans quel but les enfants encapuchonnés et atteints de cécité (on pense aux mutants défigurés de Chromosome 3, notamment par leur vocalité rauque imposée !) décident d'assassiner tous les adultes. Si ce n'est que seuls les quidams dominés par leur propre peur sont systématiquement identifiés et battus à mort. La cause de leur déficience mentale ainsi que leurs pulsions erratiques proviendraient d'une maladie infectieuse d'origine inconnue transmise par la mère de deux jumeaux. Sans fioriture, le film réussit avec réalisme à dépeindre un climat de peur au sein d'une banlieue déserté de citadins, d'où seule plane la présence primitive d'enfants martyrs livrés à l'abandon. Son final particulièrement poignant véhicule également une vibrante émotion pour la destinée précaire de nos héros, mais aussi celle des antagonistes infantiles, victimes malgré eux d'une société individualiste.

Les Enfants du Silence
Réalisé avec autonomie et dominé par une poignée de comédiens chargés d'humanisme, Citadel allie désespoir, angoisse et terreur autour d'un constat social sur la délinquance juvénile. Une oeuvre fragile et austère, à l'efficacité mesurée et à la violence sèche, louablement exacerbée d'une force émotionnelle désespérée.
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