Il est de ces classiques intouchables dont les suites peuvent produire davantage d'étincelles encore. La saga Alien confirme la devise avec ce second opus dévastateur, qui perd en atmosphère angoissante et claustrophobe ce qu'il gagne en séquences spectaculaires et en esthétisme. Il en résulte un summum du cinéma d'action US, excitant et bourrin à souhait, qui n'en omet pas moins d'assurer la continuité du scénario vis-à-vis du premier film et réserve, entre deux rebondissements dantesques, une passionnante intrigue de SF, crédible et adulte. Sigourney Weaver se refond à la perfection dans le personnage de Ripley, femme courageuse et humaine, cette fois-ci opposée à un contingent d'aliens qu'elle se devra d'affronter avec l'aide d'un corps de marines surentraîné, dont la gâchette convient mieux que les palabres. Après une première moitié sous forme d'exposition impeccablement mise en scène, Cameron laisse libre cours à son génie de l'action hard-boiled et nous livre un fabuleux assemblage de morceaux de bravoure en tous genres, d'effets spéciaux hallucinants et de suspense habilement dosé. Avec
Aliens, l'action et la SF forment un bloc indestructible comme on n'en verra jamais d'autre; c'est, d'une certaine manière, la quintessence de deux genres respectifs juxtaposés dans une même uvre. L'auteur de l'imparable
Terminator et hélas de l'indigeste
Titanic peut donc être fier de lui.
Outre qu'il constitue un entertainment de premier choix,
Aliens marque la rétine de par sa beauté formelle. La photographie très chromatique d'Adrian Biddle confère à la mise en scène une immanquable (et guère déplaisante) touche eighties, tandis que les décors, réalisés par Peter Lamont, permettent une représentation matérielle de cet environnement futuriste plus saisissante encore que dans le premier opus. Pour tout dire, les trucages du film n'ont pris une seule ride, excepté le design et le fonctionnement des ordinateurs aujourd'hui forcément dépassés. Comme à son habitude, James Cameron signe une réalisation énergique et sans fioritures particulières, au plus proche de l'efficacité: des mouvements de caméra sobres mais extrêmement bien agencés, un montage vigoureux et un découpage d'une grande fluidité. Rien à remettre en question de ce côté-là. Si certains personnages de marines quelque peu taillés à la machette pourront paraître caricaturaux, cela attribue volontairement ou non à l'ensemble une dimension de BD relativement jouissive, qui contraste avec le caractère plus réaliste du métrage de Ridley Scott. On savourera la présence du toujours très bon Michael Biehn, qui incarne ici le Caporal Hicks, militaire intègre et plutôt attachant, dont l'héroïsme en prendra un sacré coup lors de l'ultime face-à-face entre Ripley et la mère alien. Enfin, la bande-son d'
Aliens, composée par James Horner, possède les mêmes qualités que le score précédent: tour à tour discrète, angoissante et envoûtante. Un petit bijou musical.
Aliens, l'une des meilleures suites jamais réalisées ? Oui, sans nul doute. James Cameron a fait dans le
« better, faster, stronger » et nous a pondu un film d'action/SF terminal, spectaculaire au possible, plastiquement magnifique. Du cinéma bourrin, malin et captivant à la fois, qui fait du bien là par où il passe. Aussi culte qu'
Alien premier du nom.
10/10
