Miike fustige la société nippone contemporaine et toutes les murs malsaines qui vont avec, en signant une forme de grosse caricature sociale d'où ressort parfois une réalité à la base triste, ici rendue jubilatoire, voire drôle. Le cinéaste pond ainsi son film le plus trash, la même année qu'
Ichi the Killer qui demeure quant à lui l'uvre la plus Gore de sa filmographie en date. Dans
Visitor Q, on trouve pêle-mêle: de l'inceste, du viol, du meurtre, de la nécrophilie, de la scatologie, une mère de famille qui retrouve la joie de vivre en pressant ses seins de sorte que des hectolitres de lait maternel jaillisse des mamelons, des fixations sur l'assouvissement des pulsions sexuelles de la part d'un père de famille devenu fou, ou encore un gosse qui tabasse sa propre mère à l'aide de tatamis.
Miike joue ici avec les limites du tolérable, mais pour ceux qui craignent les plans pornographiques, qu'ils soient sans risque, tout se révèle suggéré, sinon camouflé par des caches troubles aux endroits adéquats, de ce côté-là. Or,
Visitor Q bascule parfois dans la farce trash pure et simple, si bien qu'on se demande si la critique sociale ne s'avère en fin de compte qu'un prétexte de fond aux délires provocateurs jusqu'au-boutistes de celui que l'on nomme l'enfant terrible du cinéma japonais actuel. Au final, peu importe, car cet objet pour le moins subversif donne dans le jouissif extrême. On rit, on grimace, on frissonne, on reste parfois pantois, en bref, on ne s'ennuie jamais.
Le seul défaut - et considérable s'il en est - de ce film réside dans le fait qu'il a été tourné en une poignée de jours, et ce entièrement en DV; la qualité d'image apparaît ainsi comme dégueulasse, aucun plan ne fait preuve d'une quelconque petite recherche artistique ou même d'un soin technique aussi minimaliste qu'il soit, tout se veut laid, visuellement bâclé et en somme carrément filmé
à l'amateur, sans doute dans le but de renforcer l'aspect
live de la narration, mais en vain. Miike déçoit assurément sur ce point de vue, on ne retrouve pas la classe, les audaces et l'inventivité qui faisaient en partie la force de plusieurs autres réalisations de ses soins. Dommage.
Visitor Q ne sombrera cependant pas dans les oubliettes de sitôt, car comment oublier si vite un tel joyau de trash et d'obscénité ? À défaut d'être un Miike du meilleur tonneau, celui-ci n'en demeure pas moins l'un des plus corsés.
7/10
