par BRUNO MATEI » 06 Septembre 2011, 11:31
Première réalisation de Tom Holland, Vampire, vous avez dit Vampire s'est taillé un joli succès public et critique lors de sa sortie en 1985. Avec un budget de 9,5 millions de dollars et l'innovation d'effets-spéciaux révolutionnaires (sous l'édifice de la Boss Film Corporation de Richard Edlund), le film en récolta 25 pour devenir au fil du temps un vrai classique du Fantastique contemporain. Alors qu'aujourd'hui pointe à l'horizon le remake de Craig Gillespie, je me suis empressé de revoir son ascendant pour pouvoir rendre hommage à une comédie d'horreur savoureusement ludique.
Un jeune adolescent, Charley Brewster, vit seul avec sa mère et s'aperçoit un soir que ses nouveaux voisins sont des vampires à longues canines ! Après avoir averti en vain les autorités, il s'entreprend avec l'aide de son amie et d'un acolyte à rencontrer le notoire présentateur télé d'un show axé sur le mythe du vampire pour tenter d'annihiler ses imposteurs.
Au milieu des années 80, une nouvelle mode commence à affluer dans le paysage horrifique pour tenter de redonner un sang neuf à certains thèmes rebattus. Affilier l'horreur et la comédie sans jamais déprécier ou railler leur genre distinct, du moins pour les réussites les plus probantes (Ré-animator, Street Trash, From Beyond, Bad Taste, Elmer, Evil-Dead 2). Vampire, vous avez dit Vampire fait indubitablement parti de ses réussites dont la recette humour/frisson est parfaitement ajustée par la loufoquerie d'un scénario irrésistible et d'une complicité attendrie de personnages extravagants.
L'idée de départ du jeune ado fermement convaincu que son nouveau voisin est un véritable vampire est fort savoureuse dans sa tentative désespérée de convaincre ses proches ainsi que les forces de l'ordre qu'un véritable prince des ténèbres et son valet se sont infiltrés dans une banlieue américaine. Surtout que durant la nuit, ce vampire du nom de Jerry Dandridge va venir provoquer la curiosité de son jeune voisin pour lui sommer d'endiguer d'informer la population de son identité frauduleuse.
L'harmonie attachante de ces jeunes comédiens très à l'aise dans leur tempérament vivace va beaucoup contribuer au charme de cette série B pleine de fougue, privilégiée par un invité de marque du nom de Peter Vincent. Ce sexagénaire sur le déclin est un présentateur de télé, responsable d'une émission vantant les classiques vintage du cinéma d'épouvante essentiellement aiguillée sur le vampirisme. Avec l'aide de celui-ci, Charley va tenter de le convaincre que ses voisins de palier sont d'authentiques goules de l'enfer. Mais fiction et réalité sont deux univers antinomiques et Peter Vincent va leur rappeler à l'ordre que les suceurs de sang n'existent que dans l'imagerie des salles obscures et le folklore populaire. Après avoir négocié avec notre chasseur de vampire appâté par une somme d'argent dérisoire, nos héros décident de s'inviter dans la demeure classieuse occupée par Jerry Dandridge. En effet, ceux-ci vont lui demander d'ingérer une eau bénite afin de savoir si oui ou non, cet homme maléfique particulièrement snob et hautain est doué d'immortalité occulte. Les réparties verbales sarcastiques du dandy ténébreux adressées à ces hôtes craintifs sont irrésistibles de cocasserie alors que Peter Vincent, dubitatif et convaincu que ce dernier ne puisse être un vampire, va finalement se rendre à l'évidence que Charley n'était en rien un affabulateur. Là aussi, la truculence accordée à cette icône télévisuelle va s'amplifier quand cette égérie proprement terrifiée à l'idée d'être confronté à de véritables créatures assoiffées de sang va lâchement abandonner ses compagnons et fuir sans sommation !
La dernière partie du film laisse place à une succession d'actions fertiles dans les prises de risques de Charley et Peter à tenter de décimer leurs rivaux réfugiés dans une demeure gothique. Alors que l'originalité des effets-spéciaux artisanaux va grandement participer au caractère spectaculaire de l'entreprise (la troublante décomposition de Ed devenu un loup mortellement blessé pour revenir l'instant d'après à l'état moribond d'être humain est franchement saisissante, voire empathique devant le regard médusé de Peter).
Le sardonique Chris Sarandon endosse avec séduction hautaine le meilleur rôle de sa carrière tant son charisme classieux et sa raillerie sous-jacente alloué à ses invités juvéniles lui accordent une totale fiabilité. Rody Mc Dowall est comme à son habitude épatant de tendresse et de naïveté folingue dans sa demi-mesure d'un chasseur de vampire tour à tour froussard et fourbe mais finalement valeureux et audacieux pour pouvoir affronter royalement ses oppresseurs. La séduisante Amanda Bearse dégage une vraie sensualité charnelle quand celle-ci se voit possédée et envoûtée par l'esprit perfide du prince des ténèbres. Son compagnon de prime abord lunatique est interprété par William Ragsdale, épatant de fougue et de persuasion dans sa conviction de convaincre coûte que coûte son entourage mais aussi sa ténacité à repousser les démons de l'enfer. Enfin, l'ultime acolyte tête à claque du trio juvénile campé par Stephen Geoffreys est franchement irritable dans ses continuelles âneries mesquines mais compose avec une aisance innée un gamin effronté influencé par son tempérament risible.
Rythmé de manière lascive par le score envoûtant de Brad Fiedel, Vampire, vous avez dit Vampire trouve le juste équilibre entre la truculence d'une situation saugrenue (mon voisin est un vampire !) et l'horreur des affrontements dantesques compromises aux forces surnaturelles. En affiliant l'épouvante gothique célébrée par le personnage vieillissant de Peter Vincent incorporé au monde contemporain d'une nouvelle génération d'ados pubères, le film de Tom Holland parvient facilement à séduire dans son respect chaleureux du genre. La qualité des effets-spéciaux en quête d'innovation, son scénario original et la sympathie cordiale des comédiens attachants achèvent de nous rappeler qu'en l'occurrence cette comédie d'horreur n'a toujours rien perdu de son mordant ni de son pouvoir attractif.
