The King of New-York d'Abel Ferrara, 1990

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The King of New-York d'Abel Ferrara, 1990

Messagepar BRUNO MATEI » 09 Mai 2015, 06:40

Réalisateur: Abel Ferrara
Année: 1990
Origine: Italie/Angleterre/U.S.A.
Durée: 1h43
Distribution: Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo, Wesley Snipes, Janet Julian, Joey Chin, Steve Buscemi.

Sortie salles France: 18 Juillet 1990. U.S: 28 Septembre 1990

Récompense: 1991: MysFest -"Best Direction" (Abel Ferrara) Prix du meilleur réalisateur

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.

Deux ans avant son chef-d'oeuvre Bad Lieutenant, Abel Ferrara nous avait déjà estomaqué avec le fulgurant King of New-York. Hormis son échec commercial à sa sortie et des critiques parfois mitigées, le film finit au fil des années par se tailler une réputation culte auprès d'une frange de cinéphiles jamais remis d'une expérience aussi opaque et frénétique. Une fresque mafieuse inscrite dans le nihilisme, notamment par son portrait imparti à la déliquescence morale d'antagonistes convergeant inévitablement vers une impasse. Transcendé par la présence ensorcelante de Christopher Walken dans l'un de ses meilleurs rôles, The King of New-York hypnotise les sens du spectateur dans sa faculté immersive à nous plonger dans l'univers du gangstérisme parmi l'obédience d'un caïd à peine libéré de prison. Délibéré à reprendre le contrôle de sa ville et peut-être postuler pour la place de Maire, Frank White est malencontreusement contraint de livrer une bataille sans merci contre le cartel pour se disputer l'enjeu de la drogue. Soutenu par quelques avocats corrompus, sa manoeuvre triviale a également pour but de financer la reconstruction d'un hôpital afin de venir en aide aux plus démunis et pour se racheter une bonne conscience. Mais une poignée de flics réactionnaires ont décidé de transgresser leur propre règle pour mieux alpaguer celui que l'on surnomme: le Roi de New-York.

Polar ultra violent dans ses éclairs de brutalité acérée déployant règlements de compte entre bandes rivales ainsi qu'une poursuite automobile effrénée au coeur de l'enfer new-yorkais, The King of New-York est l'un des films les plus envoûtants que l'on ait pu inscrire sur pellicule. Un polar d'une noirceur abyssale, une virée cauchemardesque dans les tréfonds d'une métropole agonisante où gangsters et flics se provoquent mutuellement avec un entêtement suicidaire. Nanti d'un esthétisme crépusculaire et d'une mise en scène stylisée où le luxe est également mis en contraste afin de mettre en exergue l'addiction que peut insuffler une existence aussi faste que celle de Frank et ses sbires, The King of New-York reproduit le même effet de fascination que pouvait l'être le personnage de Tony Montana dans Scarface. Ce même attrait pour le goût de l'argent et des résidences luxueuses auquel la compagnie de jeunes filles en lingerie fine se récurent le nez avant de passer à l'étreinte et à l'affront (elles font également usage de leur flingue pour protéger leur baron). Peinture nihiliste d'une société dégingandée engluée dans la corruption de l'argent et l'affluence de la drogue face à la pression d'une criminalité incontrôlable, Abel Ferrara cristallise l'idée du chaos avec un réalisme proprement cauchemardesque. Par le biais du personnage iconique de Frank White, il provoque une empathie ambivalente pour sa posture héroïque de gangster intouchable et son absolution de financer un Hôpital tout en continuant d'exercer ses exactions sanglantes auprès de parrains impliqués dans les trafics d'être humains et l'exploitation sexuelle de mineurs. S'efforçant d'incarner une sorte de Robin des Bois des temps modernes en quête de rédemption, Frank White n'en reste pas moins un exterminateur fortuné tributaire de son idéologie mégalo dans des pulsions de haine et de violence.

Chef-d'oeuvre du polar noir d'une intensité viscérale électrisante, The King of New-York reste l'un des plus fascinants films de gangsters jamais réalisés. En ange de la mort, Frank White faisant office de légende criminelle pour ses ambitions disproportionnées à dompter une ville en chute libre. Il en émane une fresque de décadence d'un pessimisme absolu auquel son pouvoir vénéneux s'avère aussi étrangement stimulant que profondément malsain quant à sa peinture baroque du vice et du luxe.
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BRUNO MATEI
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