
Nationalité: Canada
Casting: Sammy Snyders, Jeannie Elias, Sonja Smits, Laura Hollingsworth.
Musique: Victor Davies

Un film atypique, simmisçant dans la vie dun enfant de douze ans particulier, ne parvenant pas à établir de contact avec ses autres camarades, et qui se confie ainsi à son ours en peluche. Les petites pulsions libidineuses du garçon narrangent en rien le fait que tous les enfants et adultes de sa ville le prennent au mieux pour un môme mal élevé, au pire un véritable «sauvage». Pourtant, ses parents sinscrivent tout normalement dans la classe bourgeoise moyenne de leur époque, faisant preuve dun comportement on ne peut plus normal et dispensant une éducation honnête à leur unique gosse. Lorsque une énième baby-sitter est engagée pour sen occuper, Jamie (cest le prénom de lenfant) voit ses sentiments virevolter; il en devient amoureux, à force dentretenir avec elle une relation de plus en plus intimiste, où il se confie pleinement. La réaction de la jeune femme face à la mise à nu du garçon oscille entre attention, rires, compassion et inquiétude. Elle est étonnée que Jamie nait pas le moindre ami, même sil lui avoue passer son temps avec son ours en peluche Teddy ainsi que des troglodytes camouflés dans un grand trou se trouvant dans une clairière de la forêt avoisinante; bien évidemment, elle ne croit pas une seconde en lhistoire quil lui raconte. Cest alors que le mental de Jamie devient de plus en plus inquiétant, bientôt dangereux: sous les conseils de son ours Teddy, il commence à se venger de tous ceux qui ont passé leur temps à le rabaisser ou lhumilier, en les faisant disparaître dans le trou à troglodytes, par le biais dune multitude de petites ruses.

Teddy, la Mort en Peluche na jamais bénéficié dun grand succès dans nos contrées, même, il savère aujourdhui assez rare à dénicher. Ceci est peut-être expliqué par lapproche très déroutante de son récit et le fait que lon ne sait jamais si lon se trouve dans un vrai film dépouvante, dans un épisode de Chair de Poule, ou carrément dans un ersatz de Gremlins ou Les Goonies. Avec le recul, cette façon de manier les dites tonalités est lun des gros points forts du film, car il met le spectateur mal à laise. Teddy, la Mort en Peluche est-il un méchant film dhorreur ou un petit film qui fait un peu peur et réservé aux plus de dix ans ? Un peu des deux. Lew Lehman soigne sa mise en scène et parvient à distiller une atmosphère profondément bizarre et malsaine, à lépouvante latente, mais qui se tient justement de ne jamais se manifester ou presque. Cette uvre est à classer aux côtés de Harlequin ou Donnie Darko dans sa même manière de renverser les codes du genre horrifique afin de signer une fable psychologique mâtinée dangoisse et de petits éléments chocs vraiment parcimonieux, mais sans omettre lhumour non plus, de temps à autre (pour Teddy, la Mort en Peluche, lon retiendra à ce niveau les séquences où Jamie élimine quelques unes des personnes qui lui ont nui en les faisant dégringoler dans le trou à troglodytes par des subterfuges en tous genres). Bien sûr, inutile de préciser que lon persiste dans tous les cas sur léchelon de la série B, que cela soit dans la direction dacteurs comme dans le fond du métrage; mais un film estampillé pop-corn des années 80 parmi tant dautres avec un traitement aussi original, ça ne se voit pas tous les jours.

Teddy, la Mort en Peluche se veut résolument angoissant durant les scènes où Teddy lours parle à Jamie dune petite voix glaçante et résonnante tout en demeurant immobile dans sa peau de peluche; les paroles quil prononce, les intonations macabres de sa voix et lenvironnement sombre de la chambre de Jamie, laquelle il ne quitte bien sûr pas, font tous ensemble frissonner. Et Teddy nest pas un ange: un peu à la manière de labominable clown de Ça lorsquil parle à Henry Bowers, il attise Jamie à faire le mal. Et si la voix de Teddy nétait tout simplement que le fruit des penchants schizophrènes du garçon ? Cela laisserait à le croire, puisque le timbre vocal du nounours est à peu près le même que celui du môme, mais avec une intonation beaucoup plus traînante et insidieuse. Et si tout cela nétait que dans la tête de Jamie ? Malgré un bref plan où la tête de la peluche effectue une rotation, ce qui nous laisserait à croire quil est bel et bien possédé par un esprit maléfique, on reste, mal à laise, sur nos doutes. Fantastique ou purement schizophrénique ? Teddy, la Mort en Peluche se fait habilement manipulateur.
Le tempo très lent de la narration peut lui aussi rebuter; et pour ceux qui sattendaient à une multitude deffets-chocs ou de débordements Gore, quils aillent se repaître ailleurs. La suggestion triomphe la plupart du temps, et cest tant mieux. On ne peut pas tout mélanger.

Quel drôle de film ! On ne sait pas comment le prendre, mais, une chose est sûre, il nous laisse inconfortable. Certains lont considéré comme un nanar car les frontières entre labsurde, langoisse, lépouvante et lhumour ny sont jamais clairement définies. Mais cest bien peu faire honneur à cette pépite rare, bien plus maligne et passionnante quil ny paraît, encore faut-il y être sensible. Fascinant.
9/10

P.S.: Si vous fouillez bien les Cash et autres brocantes, vous tomberez avec un peu de chance sur un exemplaire de la VHS Proserpine du film:
