
Ecrit par James gunn
Avec Rainn Wilson, Ellen Page, Kevin Bacon, Nathan Fillion, Linda Cardellini, Lloyd Kaufman
Année : 2010
Pays : usa
Durée : 96 min
.: L'HISTOIRE
Lorsque Frank D'Arbo, chômeur désespéré, découvre que son ex-femme junkie est à la merci d'un séduisant dealer, il ne trouve pas le courage de faire changer les choses.
Suite à un inattendu don de Dieu, il se découvre du courage et afin de faire revenir son ex, décide de combattre le crime sous le nom de Crimson Bolt, bientôt aidé par une employé de boutique de comics devenue son acolyte, Boltie.




.: LA CRITIQUE
Je vous vois déjà en train de vous dire, mais ça ressemble vachement à "KICK ASS" ce scénario.
Et bien oui vous n'avez pas tort. Non seulement James Gunn prétend l'avoir écrit bien avant, mais cette histoire de super-héros sans pouvoir n'est pas nouvelle non plus. Si on fouille un peu, et ce uniquement au cinéma, il y a déjà le très bon "DEFENDOR" avec Woody Harrelson qui date de 2009, mais n'est sorti qu'après le « Botteur de Cul ». 10 ans avant il y a eu également le personnage de Mr Furious joué par Ben Stiller dans "MYSTERY MEN". On peut citer également quelques autres titres moins connus du grand public qui ne sortiront jamais chez nous tels que : "DEFECTIVE MAN", "THE CONTINUED ADVENTURES OF REPTILE MAN AND HIS FAITHFUL SIDEKICK TADPOLE" avec Tony Curtis et j'en passe.
Sans compter que depuis le retour des super-héros sur le grand écran, on observe une nette progression de gens ordinaires qui se prennent réellement pour des super-héros ou jouent à le faire. Bien sûr ce ne sont que des types normaux (enfin un peu cons quand même) qui se contentent de faire des patrouilles (en costume) et d'appeler les flics dès que ça se corse un peu. Plusieurs documentaires ont été consacrés à ce sujet, comme "CONFESSIONS OF A SUPERHERO", "REAL LIFE SUPERHERO" ou encore "SUPER AMIGOS", montrant l'engouement des Mexicains pour les lutteurs considérés comme de véritables héros.
Tout ceci pour remettre en contexte le fait que cette idée (comme bien d'autres) n'est pas neuve et que beaucoup de sujets ont déjà été abordés. Maintenant la question est : que vaut "SUPER" par rapport aux autres ?
Pour ne pas vous faire languir plus longtemps et avant d'expliquer pourquoi, je n'ai pas peur de le dire : c'est tout bonnement le meilleur de tous. Ce film est SUPER.
James Gunn est au départ le genre de type que j'aime bien. Il est cool, facile d'accès, aime la déconne, il suffit de le suivre un peu sur son site ou sur les divers réseaux sociaux (sur lesquels il est très actif) pour en être convaincu. Autre raison, il à commencé chez Troma, chez qui il a écrit les scripts de "TROMEO AND JULIET" et "TERROR FIRMER" et réalisé divers trucs et machins. Il en profite alors pour réaliser, produire et même jouer dans son premier long métrage "THE SPECIALS", déjà une comédie parodique sur les super-héros. Il y explore la vie privée d'un groupe genre « X Men », confronté aux problèmes de la vie quotidienne et aux médias. Très drôle en dépit d'un budget minuscule, celui-ci lui permettra de passer à un niveau supérieur, et il écrira les scénarios des 2 films live de "SCOOBY-DOO" et celui du remake de Romero "L'ARMEE DES MORTS". Tout en restant très actif dans diverses petites productions, il finit par réaliser le bien cool "HORRIBILLIS", qui bénéficia d'une distribution mondiale. Après un détour par la TV il revient à nouveau au cinéma, et le moins que l'on puisse dire, c'est que James Gunn ne s'est pas assagi, et c'est tant mieux pour nous.
Si on ne lui a toujours pas accordé de budget décent, on lui au moins laissé un peu de liberté et ça se sent. Il s'en donne à cur à joie et ne verse pas dans comédie familiale tous publics, ce qu'on aurait pu reprocher à "KICK ASS", qui avait pourtant choqué quelques mamans rétrogrades.
"SUPER" flirte avec le gore et le mauvais goût, et on prend un réel plaisir à regarder ce film où à tout moment n'importe quoi peut arriver. Attention, je ne veux pas dire par là qu'il est absurde et verse dans le non sens, mais qu'au contraire, les actions de ses protagonistes entrainent des réactions loin des clichés que le politiquement correct impose au cinéma. Car toute comédie soit-elle, cette histoire n'oublie pas de montrer la dure et cruelle réalité de la vie, et c'est justement ce décalage qui provoque le rire. Personne n'est bon à 100% dans "SUPER", le héros délaissé par sa compagne est pathétique et idiot et chacun possède une tare, avec laquelle il doit (sur)vivre.
Il ne veut pas devenir super-héros pour le bien de l'humanité mais par pure rancur, et se donnera un alibi avec cette vision de « Dieu » lui donnant son accord dans une scène onirique complètement inutile, sanglante et gratuite, qui en fait toute sa saveur. Le reste du métrage restera ancré dans une réalité sordide : travail minable, dealers de drogue, prostitution et quartiers pourris.
Ce qui l'amènera sous son costume de « Crimson Bolt » à régler leur compte à coup de clef anglaise, à divers malfrats, mais aussi à de simples connards qui doublent dans les files d'attente, et ce avec la même violence, sans plus de discernement. A la manière de "SHAUN OF THE DEAD", c'est cette prise constante sur la réalité qui provoque le rire, même s'il est ici beaucoup plus grinçant et cynique.
Le seul regret qu'on puisse avoir, c'est justement lorsque Gunn nous montre que finalement son pire ennemi, qui n'est autre que le nouveau mec de sa femme, n'est pas qu'un branleur bourré de pognon, mais bel bien un trafiquant, ce qui justifie au final son acharnement à son égard. Ce léger sacrifice à la bonne morale, n'entache pas le plaisir qu'on prend mais diminue quelque peu le propos du métrage, qui jusqu'ici faisait un parcours sans fautes. Mais n'oublions pas que c'est une comédie avant tout, et qu'il fallait bien un « Super-enculé » à combattre, rôle dans lequel Kevin Bacon se glisse avec une aisance particulière. Car c'est également l'une des forces du film : son casting.
Rainn Wilson est un habitué des rôles de loser, qu'il maitrise parfaitement. On a pu le découvrir dans "THE ROCKER" ou "HOUSE OF 1000 CORPSES".
Ellen Page est prodigieuse ici, dans le rôle de Libby, une fan de comics qui l'aidera dans sa quête et deviendra son acolyte sous le nom de « Boltie ». Une nouvelle facette et un don comique qu'on ne lui connaissait pas, bien loin de ses rôles les plus connus comme dans "HARD CANDY", "INCEPTION" ou "X-MEN 3". On retrouve aussi la trogne bien connue de Michael Rooker en homme de main du méchant de service, qui faisait déjà partie du casting d'"HORRIBILLIS". La femme, objet de toutes les convoitises est jouée par Liv Tyler, qui si elle reste toujours jolie, s'amuse à casser son image en incarnant une pétasse junkie accro, à cent lieues de la douce Arwen du "SEIGNEUR DES ANNEAUX".
"SUPER" est donc au final une comédie noire, qui malgré un postulat simple et déjà vu, surprend à tout instant. On ne s'ennuie pas une seconde, il se passe toujours quelque chose et Gunn nous livre même quelques instants dramatiques assez éprouvants.
Gunn nous livre donc une satire sociale bien plus intelligente qu'il n'y parait sous des dehors de comédie trash débridée, mélangeant ainsi avec bonheur divertissement et réflexion.
Ce film ne sera pas du goût de tous, j'en suis sûr, mais ravira autant les amateurs de super-héros avec ses références jamais trop appuyées, ainsi que les fans d'horreur et de comédie qui ont largement de quoi se mettre sous la dent.
Le visionnage dans l'ambiance survoltée du Festival du BIFFF à Bruxelles ne fit que rajouter à cette expérience ultime, la salle applaudissant à tout rompre chaque fois qu'un bad guy se faisait démonter la tronche.
James Gunn, je t'aime.
Note de ottorivers : 10 sur 10
Critique du film "SUPER"