par BRUNO MATEI » 01 Juin 2011, 07:19
Deux ans après l'excellent Edmond qui illustrait litinéraire d'un sociopathe sur le déclin, Stuart Gordon renoue avec l'horreur sociale pour un fait divers sordide à peine probable dans ses exactions tolérées par des personnages éhontés, dénués de toute dignité humaine.
Une jeune infirmière se voit prochainement créditée à un poste privilégié pour la résultante de ses compétences professionnelles solicitées.
Un soir, après avoir pris quelques substances illicites dans une boite de nuit, elle renverse sur la route un Sdf littéralement encastré dans son pare-brise. Après avoir hésité à se rendre aux urgences, elle décide de ramener le blessé dans son garage.
Le nouveau long-métrage d'un ancien maître de l'horreur est une fois de plus passé par la case DTV et au vu du résultat estomaquant, on ne peut que déplorer cette politique inéquitable privilégiant davantage les blockbusters et autres produits familiaux mercantiles éludés d'originalité.
Et en parlant d'excentricité, cette histoire sidérante d'ironie sardonique est d'autant plus terrifiante qu'elle est tirée d'un fait divers à peine pensable dans son nihilisme subversif !
Dès le préambule, cynique et caustique, Stuart Gordon s'attache à nous décrire une société égocentrique et méprisable pour les citoyens les plus démunis réduits à la précarité et au chomage. En priorité, vers ce SDF néophyte contraint d'attendre près de 3 heures dans une salle d'attente pour un RV professionnel inabouti dans une agence orgueilleuse. Après une journée éreintante plutôt infortunée, il décide de s'endormir sur le banc d'un parc public alors qu'un policier intransigeant ira le menacer au milieu de la nuit pour quitter les lieux au risque d'être embarqué vers le poste le plus proche.
C'est sur son chemin entrepris vers le local d'une mission que l'homme va être violemment percuté par le véhicule d'une aide-soignante éméchée, pourtant réputée pour sa labeur et son honnêteté à s'occuper courageusement des personnes âgées dans son service hospitalier.
Seulement, cette aimable demoiselle éprise d'un amant volage décide en guise de panique d'enfermer l'homme gravement blessé à l'intérieur de son garage ! Après avoir téléphoné de son domicile le service des urgences directement relié à un répondeur automatique lattent par son laps de temps enduré, elle renonce à porter assistance à la victime. Terrifiée à l'idée d'imaginer qu'elle puisse se retrouver derrière les barreaux, elle décide en désespoir de cause d'appeler son ami pour entreprendre une résolution plus radicale.
Terrifiant de cynisme face à ses personnages crapuleux sans vergogne et glaçant d'immoralité dans les états d'âme délivrés, Stuart Gordon dresse un impitoyable constat social d'une société déshumanisée en chute libre !
Il nous envoie directement en pleine face ce que l'être humain est capable de commettre de pire pour la valeur de son égo et ainsi obstruer les pires ennuis judiciaires répréhensibles. Cette jeune fille entièrement responsable d'un grave accident commis contre un pauvre quidam est si terrifiée à l'idée d'avoir elle même créé cette situation alarmiste, qu'elle décide lamentablement d'envisager le pire pour se débarrasser furtivement d'un tel fardeau.
C'est le portrait effarant d'une galerie de personnages lambdas consolidés dans la lâcheté, l'égoïsme, l'hypocrisie et l'individualisme perfide qui nous est illustré par la résultante d'une société engendrant des citoyens paranos, désinvoltes, capricieux, impertinents, ne souhaitant plus épauler leur prochain.
Le constat est sans appel dans son contexte tristement actuel car bien inscrit dans notre réalité contemporaine ! Au fil des décennies escomptées, l'être humain s'est au fur et à mesure muté en véritable monstre irresponsable et inconsidérée. La faute incombant à une civilisation arriviste, irrévérencieuse et aristocratique engendrant davantage l'incommunicabilité entre les êtres humains toujours plus repliés sur eux-même.
Partant d'une idée hallucinante de dérision sordide, les nombreux rebondissements qui parsèment le métrage ne cessent de surprendre et relancer une intrigue dense et passionnante auquel les protagonistes désincarnés vont se livrer à une rivalité frénétique au nom du sacre de l'égotisme.
La charmante Mena Suvari était innée pour interpréter ce rôle délétère d'une jeune femme effrontée, proprement abjecte dans sa conscience putride envahie par la peur panique et d'un marasme incontrôlable. Quand à l'excellent Stephen Rea, il campe adroitement le personnage du Sdf avec un ton flegme empathique dans sa lente descente aux enfers impliquant un véritable parcours de combattant à tenter de se dépêtrer d'une folie meurtrière incongrue.
L'HORREUR EST HUMAINE.
Mené sans temps morts, violemment incisif et parsemé de touches d'humour noir cinglant, Stuck est un uppercut à l'estomac. Un authentique film d'horreur acéré jusqu'au boutiste dans sa folie acculée parce qu'il démontre que l'être humain est foncièrement rattaché à un instinct de bassesse pour sa considération condescendante.
Une farce cinglante pathétique d'indolence dans son esprit tendancieux, viscéralement dérangeante dans le tableau asséné à notre civilisation déclinante, à subir de toute urgence !
