Schizophrenia

-> Le gros Gore qui tache et les films dégueux à vomir

Messagepar BRUNO MATEI » 11 Juillet 2012, 06:40

SCHIZOPHRENIA
Titre d'Origine: Angst / Fear
Réalisateur: Gérald Kargl.
Année: 1983.
Origine: Autriche.
Durée: 1h27.
Distribution: Erwin Leder, Silvia Rabenreither, Edith Rosset, Rudolf Götz

FILMOGRAPHIE: Gérald Kargl est un réalisateur autrichien né en 1953 à Villach, Austria.
1980: Sceny narciarskie z Franzem Klammerem (documentaire)
1983: Angst

D'après l'histoire vraie du tueur Werner Kniesek

Censuré un peu partout à travers le monde dès sa sortie en 1983, Schizophrenia est une expérience extrême d'autant plus inédite que son origine autrichienne renforce un cachet d'authenticité factuel. Avec la voix perpétuelle d'un monologue narré par l'interprète principal, ce portrait glaçant d'un serial-killer notoire de l'Allemagne des années 80 transcende son introspection mentale avec un réalisme diaphane. Accordant un soin esthétique formel à sa photographie clinique et son ambiance blafarde au bord du marasme, l'unique film de Gérald Kargl est également un modèle de virtuosité technique. Plans larges ou aériens contournés à la louma, caméra subjective pour mieux mettre en exergue l'aspect désincarné du tueur en série, le réalisateur sait utiliser sa caméra avec une dextérité inventive géométrique.

Filmé en temps réel et exploitant à merveille son dédale pavillonnaire, nous suivons les exactions meurtrières d'un détenu relaxé, déjà prêt à perpétrer de nouvelles victimes. Après avoir tenté d'étrangler une chauffeuse de taxi, l'individu apeuré s'enfuit à travers bois pour trouver refuge dans une vaste demeure bourgeoise. Observant qu'il n'y a personne dans la maison, il décide d'y pénétrer par effraction en brisant la vite d'une fenêtre. En comptant sur l'arrivée de ses propriétaires avec une impatience fébrile, une voix-off hypnotisante (à voir en VF pour une fois car plus immersif !) nous narre de façon récursive ses pensées intimes les plus licencieuses mais également son passé de maltraitance infantile. Une sexagénaire, son fils impotent et sa fille vont bientôt être les nouvelles proies de ses crimes sordides dénués de mobile.
Tuer quelqu'un est très dur, très douloureux et très... très long ! Cette célèbre citation du maître du suspense pourrait également convenir à cette descente aux enfers inflexible auquel notre tueur souhaite faire souffrir ses victimes de façon indolente et avec une véhémence incontrôlée ! C'est ce côté pris sur le vif d'une temporalité actuelle, cette verdeur accordée aux meurtres cinglants (dont une mise à mort ultra sanglante !) et l'interprétation innée de notre tueur autrichien qui rend Schizophrenia terriblement glauque et incommodant. En prime, le caractère inexpressif et apathique des personnages secondaires malhabiles va amplifier son caractère insolite teinté d'étrangeté !

En terme de serial-killer déficient, Erwin Leder incarne son personnage avec une vérité si prégnante qu'il n'a pas à rougir de la comparaison avec Joe Spinell ou bien Michael Rooker. La blêmitude de son faciès famélique et l'appréhension de son regard fuyant laissent en mémoire une prestance fébrile qui n'appartient qu'à son esprit déséquilibré. Son seul objectif est d'aborder sans raison n'importe quel quidam signalé au coin d'une rue et de l'assassiner avec un sadisme mâtiné de maladresse. Sa peur panique et son excitation irraisonnée pour la tentative d'homicide exacerbent la personnalité meurtrie d'un adulescent préalablement molesté par une filiation masochiste.

Malsain et hautement dérangeant par son aspect introspectif expérimental, Schizophrenia est une expérience extrême où la folie et le meurtre sont élaborés avec frénésie chez un criminel désaxé. Esthétiquement travaillé et ambitieux par sa mise en scène personnelle, cette oeuvre scabreuse honteusement occultée et bannie depuis des décennies est un sommet de subversion où l'immersion clinique se révèle terriblement déstabilisante. Enfin, pour parachever, il faut notamment avouer que l'impact musical envoûtant coordonné par Klaus Schulze doit autant à son climat contrariant.
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BRUNO MATEI
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