SATANICO PANDEMONIUM
Titre Original: La Sexorcista / La Novizia Indemoniata
Réalisateur: Gilberto Martínez Solares.
Année: 1973.
Origine: Mexique.
Durée: 1h28.
Distribution: Cecilia Pezet, Enrique Rocha, Delia Magaña, Clemencia Colin, Sandra Torres, Adarene San Martin, Patricia Alban, Yayoi Tokawa, Amparo Fustenberg, Paula Aack, Laura Montalvo, Verónica Ávila, Leo Villanueva, Daniel Albertos, Verónica Rivas, Valeria Lupercio.
FILMOGRAPHIE: Gilberto Martínez Solares (né le 19 janvier 1906 à Mexico - décédé le 18 janvier 1997 à Mexico) était un réalisateur, scénariste, directeur de la photographie, producteur et acteur mexicain.
Ce réalisateur mexicain méconnu du public français aura réalisé plus de 160 films
Envisagé un an avant Flavia la défroquée et le magnifique Couvent de la bête sacrée, le pays Mexicain s'entreprend avec Satanico Pandemonium à une nouvelle tendance christique masochiste allouée au sévices corporelles pour le sous-genre de la Nunsploitation (récit d'exploitation à caractère religieux prétextant la libération des moeurs en blasphémant ironiquement sur une doctrine sectaire intégriste). L'inspiration de cette sombre histoire de reconversion sataniste est peut-être aussi influencée par le thème de possession maléfique, alors que sortira la même année l'Exorciste de William Fridekin. Le sous-titre similaire "la sexorcista" n'étant pas non plus étranger au caractère lucratif du film phénomène citée ci-dessus.
Soeur Marie est une nonne vertueuse à la réputation notoire dans son couvent retiré en pleine campagne idyllique parmi l'assemblée de ses soeurs prêchant la bonne parole pour l'amour de Dieu.
Mais durant une balade bucolique, la nonne fidélisée et respectée va être attirée par l'apparence intrigante d'un homme dévêtu lui proposant le fruit défendu d'une pomme. Celle-ci repousse son offrande avant que l'individu ne disparaisse comme par enchantement.
De manière récurrente, Soeur Marie va être en proie aux visions dérangées de cet esprit indocile aux pouvoirs pernicieux surnaturels. Rapidement, elle sombre facilement à la tentation du Mal.
Méconnu dans notre pays hexagonal, ce film scabreux et sulfureux au climat trouble irrésistiblement fascinant et inquiétant distille dès le préambule une texture visuelle flamboyante dans ses chaudes couleurs pastel contrastant avec la beauté écologique d'une nature radieuse et ensoleillée. Tandis qu'au beau milieu de cette verdure rayonnante, une jolie nonne juvénile, fraîche et épanouie, vêtue d'une robe ecclésiastique bleu ciel et lactée, savoure l'instant présent parmi le sifflement enchanté de volatiles égayés, tout en cueillant sereinement un bouquet parfumé de fleurs sauvages (pour un peu, on se croirait presque dans Blanche Neige et les 7 nains !).
Mais l'ambiance agréablement vertueuse va brusquement virer de ton avec l'apparition virile d'un homme dans sa plus simple apparence physique dénuée de vêtements ! Dès lors, le visage craintif et renfrogné de Marie va se charger d'anxiété pour fuir furtivement l'endroit avili par la présence du Mal en personne !
C'est après cette exposition en demi-teinte d'une ambiance hybride que Satanico Pandémonium va pouvoir amorcer sa narration et dépeindre le portrait dégénéréscent d'une religieuse terrifiée à l'idée de s'octroyer à l'emprise du mal mais irrésistiblement attirée par ses effets pervers libertaires comme la sexualité, la déviance et les interdits les plus répréhensibles.
Dans une première mesure, celle-ci révulsée par ses désirs galvaudés décide de se sanctionner en s'infligeant diverses flagellations et scarifications sur son corps souillé de désirs refoulés.
Mais fugacement, Marie ne pourra pas longtemps décliner le mal qui s'est malencontreusement insinué en elle depuis l'influence perfide de ce mentor diabolisé.
S'ensuit donc une série d'expériences sexuelles saphiques ou limite pédophiles comme le fait de vouloir séduire un jeune mineur esseulé, réuni aux abords d'un lac en s'empressant de l'embrasser sur la bouche après l'avoir provoqué par la volupté de son corps sexuellement attirant.
Mais le pire est à venir quand quelques instants plus tard ce même garçonnet réfugié cette fois-ci dans sa demeure familiale est sereinement endormi dans la chaleur douillette de son lit. C'est après s'être déshabillée que Marie, entièrement nue, décide de le rejoindre en se faufilant à travers les draps pour le violenter sexuellement. L'adolescent surpris dans son sommeil et profondément apeuré refuse illico ses avances ! Elle décide donc en ultime recours de le poignarder sauvagement à maintes reprises !
Cette séquence saugrenue et cruciale pour les conséquences à venir tolérant pour la première fois un véritable crime gratuit se révèle d'une audace inouïe d'autant plus choquante qu'elle se révèle explicite dans son acte meurtrier très sanglant éludé du hors-champ. De plus, la répétition des coups de couteau assénés sur la chair de la victime va incommoder avec persistance le spectateur dérangé par cette vision d'horreur suprême !
Autant dire que des séquences aussi couillues et dérangeantes comme celle que je viens de vous suggérer ont largement de quoi choquer encore aujourd'hui un spectateur surpris, d'autant plus envoûté par une ambiance démoniaque sous jacente savamment distillée et accompagnée d'une bande son inconfortable sortie d'outre-tombe !
Un climat rendu d'autant plus licencieux qu'il se déroule dans la hiérarchie d'une doctrine catholique complètement bafouée et blasphémée par la présence du Malin venu contaminer cette charmante et rassurante résidence docile. Le film est d'autant plus osé en terme d'imagerie gore excessive ou de déviance sexuelle subversive profanant le milieu ecclésiastique que les citoyens mexicains se révèlent dans la vraie vie courante de fervents chrétiens puritains !
Il faut en outre saluer l'interprétation convaincante de la ravissante Cecilia Pezet portant le film à bout de bras et exacerbant le caractère troublement malsain qui en résulte dans son apparence angélique sensiblement attirante et provocante. Tout le récit effronté dans sa dépravation constante est entièrement bâti sur son profil dérangé, possédé par l'esprit du Mal alors que son final inopinément déconcertant surprend dans son éthique cathartique illustrant la crainte de la mort et exorcisant nos démons refoulés.
En dehors du portrait acéré de cette religieuse hantée par ses démons intérieurs que Gilberto Martinez Solares filme avec attention et un soin technique indéniable, il dénonce également et effleure au passage les pratiques barbares d'une juridiction inquisitrice (créée de prime abord par l'église catholique romaine !) quand la personne potentiellement coupable de s'être soumise au service du diable se voyait réprimander d'actes de torture sadiennes dépassant l'entendement !
Bénéficiant d'une photographie splendide traversée d'images limpides en accord avec la nature épanouie, Satanico Pandemonium est un fleuron du film de Nunsploitation à découvrir d'urgence pour l'amateur d'objet sulfureux à l'odeur de naphtaline. Son ambiance patibulaire incroyablement prégnante et l'interprétation effarouchée de la jeune Cecila Pezet nous entraîne dans un fascinant poème pervers assujetti à la peur de la mort et sa crainte chétive de l'insidieux pouvoir du Mal absolu.
Un film hors norme soigneusement élaboré qui laisse une marque indélébile dans le psyché désincarné du spectateur sitôt la projection achevée.