RESURRECTION.
Prix Spécial du Jury à Avoriaz 1981.
Réalisateur: Daniel Petrie.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h43.
Distribution: Ellen Burstyn, Sam Shepard, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David, Pamela Payton-Wright, Jeffrey DeMunn, Eva Le Gallienne, Lois Smith...
Sortie U.S.A: 26 Septembre 1980.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Daniel Petrie est un producteur, réalisateur et scénariste canadien, né le 26 novembre 1920 à Glace Bay (Canada), et décédé le 22 août 2004 à Los Angeles, en Californie (États-Unis).
1962: The Main Attraction
1978: The Betsy
1980: resurrection
1981: Le Policeman
1988: Cocoon, le retour
1997: The Assistant
Vainqueur du Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1981, présidé par Norman Jewison, Résurrection est un film fantastique méconnu malencontreusement oublié aujourd'hui auprès de la critique spécialisée et même du public vétuste. Ce récit tout en pudeur et humanisme, éludé de tout caractère spectaculaire, évoque le thème spirituel de la vie après la mort par l'entremise du pouvoir d'une guérisseuse aux moyens empiriques inexpliqués.
Edna est une jeune femme prospère qui mène une existence paisible et épanouie en compagnie de son fidèle mari. Un jour, ils partent entamer une virée bucolique à bord de leur voiture mais leur destination va subitement bifurquer vers la cavité d'un ravin après avoir tenter d'esquiver un jeune adolescent traversant la route en skateboard. Son mari décédera sur le coup alors que Edna réchappera in extremis d'une mort certaine. Depuis, paralytique et profondément choquée, elle part se réfugier chez son père. Paradoxalement, elle s'aperçoit qu'elle possède le don de guérisseur par le biais de la chaleur irrationnelle de ses mains bienfaitrices.
Voilà l'exemple type du film Fantastique vintage alloué au pouvoir de suggestion en dépeignant un très beau portrait de femme témoin d'une réminiscence spirituelle afin de sauver les citoyens lambdas atteint d'une maladie incurable par le fluide corporel de ces mains.
Résurrection traite avec une foi inébranlable du thème mystique et nous invite à réfléchir sur l'éventuelle vie après la mort. C'est à la suite d'un très violent accident de voiture que Edna aura eu la faculté d'entrevoir le temps de quelques minutes en apesanteur une vision irréelle de l'au-delà particulièrement réconfortante. Un univers opaque baignant dans une lumière surnaturelle alors que des ombres rassurantes d'ancêtres familiers flottaient à l'intérieur de ce néant en clair-obscur.
Dès lors, la mission d'Edna sera de sauver et guérir la vie des miséreux atteints de dégénérescence physique ou d'un handicap irréversible.
En énonçant son sujet avec sobriété sans une once d'effets-spéciaux tape à l'oeil, totalement investi dans la caractérisation de son personnage principal, Daniel Petrie dénonce également le fanatisme religieux par l'intermédiaire du propre ami d'Edna, persuadé que sa dulcinée est la résurrection du Christ et qu'il se doit de la sacrifier selon les écrits de la bible.
Il démontre également l'intolérance d'individus décontenancés, apeurés par le pouvoir surnaturel d'Edna et plongeant leur incompréhension dans une haine abrutissante et la révolte inquisitrice qui s'ensuit.
C'est l'inoubliable Ellen Burstyn (l'Exorciste) qui incarne le rôle docile d'Edna, femme solitaire persuadée d'avoir vécu une expérience de mort imminente et depuis totalement vouée à aider et favoriser les malchanceux. Sans verser dans les bons sentiments sirupeux, l'actrice illustre avec une aisance naturelle un regard de bienséance inscrit dans la sagesse et la tolérance pour une femme convaincu du pouvoir divin de l'éternité. Et cela malgré la réticence suspicieuse du caractère bougon de son paternel renfrogné dans un pessimisme désarmant avant l'exutoire finalement libérateur.
Traversé de séquences troublantes (les visions nocturnes de l'au-delà sont d'une beauté funèbre prégnante), émouvantes (les rapports conflictuels père/fille, le final poignant bouleverse et nous laisse en questionnement existentiel) et parfois impressionnantes (le violent préambule et son crash automobile très réaliste, la paralytique qui retrouve l'usage de ses membres, le protocole scientifique), Résurrection est un beau film fantastique beaucoup plus profond qu'il n'y parait et totalement voué à l'humanité fructueuse de son personnage principal.
Son récit fantastique à caractère religieux baignant dans une atmosphère de catholicisme pourrait rebuter de prime abord les athées. Mais quelques soit nos convictions, il ne faut pas oublier que nous sommes en présence d'une fiction et qu'il faut savoir se laisser pénétrer, envoûté par des mondes occultes ou inexpliqués quand ils sont retranscrits avec une telle sincérité dans un souci de vraisemblance mesuré.
C'est à travers cette doctrine spirituelle témoignant du droit à la différence que Daniel Petrie énonce finalement le profil d'une femme vertueuse entièrement vouée à l'amour et au respect des autres malgré l'iniquité d'un univers austère et manichéiste.