
Olaf Ittenbach a enfin compris qu'une réalisation amateuriste faisait mieux passer la pilule au spectateur quand elle ne se prenait pas au sérieux; en témoigne ce sympathique «PREMUTOS» qui, entre deux séquences Gore, égratigne méchamment la classe allemande moyenne grossière, en un portrait complètement délirant mais au final pas si lointain de la réalité d'une famille germanique et de leurs amis convives. Les gros mots pullulent, ça pète, ça rote, ça s'enlève des crottes de nez, tout ceci en un simple apéro entre quelques personnes à priori normales. Les dialogues sont d'une bêtise et d'une vulgarité volontaires à toute épreuve, aidés par des acteurs qui mériteraient presque un oscar, tant ils se révèlent savoureux et de meilleure augure face aux interprétations abominables des bandes antérieures du réalisateur.
Niveau Gore quantitatif, on atteint avec «PREMUTOS» des sommets. Force est de remarquer néanmoins que les effets spéciaux s'avèrent particulièrement mal fichus (au contraire de «THE BURNING MOON» où Ittenbach soignait davantage ses FX faute d'en abuser; ceci dit le film en question demeure globalement d'une affligeante médiocrité). Oui, bien sûr, l'hémoglobine atteint les proportions d'un océan, les mutilations en tous genres, éclatages de tête aux flingues, tripailles, décapitations, démembrements & cie abondent, mais l'on remarque un peu trop les tonnes de mannequins en latex utilisés, le sang qui finit par ressembler davantage à du sirop rougeâtre tout liquide qu'à de saisissantes globules fictives, etc., etc. Ittenbach semble oublier qu'il ne possède pas le budget d'un Peter Jackson et l'ensemble se fait souvent ressentir.
Petite déception aussi, niveau inventivité dans les meurtres. Beaucoup trop de « headshots » avec des armes à feu, qui finissent par lasser quelque peu; en revanche, lorsque le père se muni d'une grosse tronçonneuse et s'en va dégommer du zombie, c'est d'un jubilatoire incroyable.
À propos de jubilatoire, «PREMUTOS» le devient sérieusement durant ses trente dernières minutes, concentrées dans la cave d'une maison, où quelques protagonistes doivent survivre face à une horde de zombies débiles. Degré de Gore presque digne d'un «BRAINDEAD», nous avons affaire à une véritable orgie d'atrocités sanglantes à gogo, aussi peu réalistes et mal torchées soient-elles. Une chanson Pop/Rock géniale, mais malheureusement trop courte vient renforcer le caractère authentiquement fun de ce dernier tiers (davantage de musique de ce style, plutôt que le sempiternel trop-plein de brouhaha synthétique bidon typique de ce genre de production n'aurait pas été de refus).
En somme, l'on perd l'aspect « trash » de «THE BURNING MOON» au profit d'un film Gore amateur assez drôle et un peu mieux réalisé, cela va de soit. Pas inoubliable, ni incontournable, mais diablement divertissant, que cette phrase reste à jamais gravée dans la roche horrifique.
Note: 6,5/10