Pensione Paura

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Messagepar BRUNO MATEI » 10 Mai 2011, 16:30

PENSIONE PAURA
Réalisateur: Francesco Barilli.
Année: 1977.
Origine: Italie/Espagne.
Durée: 1h32.
Distribution: Luc Merenda, Leonora Fani, Francisco Rabal, Jole Fierro, José Maria Prada, Lidia Biondi, Maximo Valverde, Wolfango Soldati.

FILMOGRAPHIE: Francesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie).
Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo).
Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)

Trois ans après le superbe Parfum de la dame en noir qui dépeignait avec une esthétique fantasmagorique l'introspection psychanalytique d'un traumatisme infantile, Francesco Barilli renoue sous couvert de Giallo avec le drame schizophrène pour ce magnifique portrait désenchanté d'une jeune fille refoulée, incapable de surmonter l'absence d'un père parti au front durant la seconde guerre mondiale.

Une jeune fille, Rosa, et sa mère tiennent une pension bucolique parmi une clientèle extravagante et putanesque ainsi que la présence discrète de l'amant de celle-ci, secrètement caché dans une pièce réservée. Un soir, la matriarche est retrouvée morte en bas de l'escalier de l'hôtel. Depuis, Rosa est persécutée par l'assemblée des locataires davantage pernicieux et insolents à son égard.

Giallo frelaté totalement inédit et méconnu en France, Pensione Paura détonne de prime abord par son ambiance étrange savamment distillée, troublement perverse pour un spectateur facilement envoûté par cette aura corporelle qui s'y insuffle de façon opiniâtre.
La narration équivoque nous entraîne dans l'environnement putassier d'une pension lugubre laissant peu de place à la lumière du soleil estival suintant de l'extérieur des minces fenêtres.
On pourra être au préalable rebuté par la galerie de personnages interlopes qui défilent durant tout le récit structuré avec dextérité et sens du mystère inné, tant leur comportement extravagant désoriente nos habitudes rationnelles.
Rosa est une jolie jeune fille introvertie, timide et taciturne, vivant reclue avec la compagnie de sa mère et l'assistance de son amant enfermé dans une chambre secrète, en attendant le retour du paternel parti à la guerre alors qu'il leur avait fait la promesse de revenir sain et sauf.
Chaque locataire au comportement douteux et malfaisant semble fasciné, attiré sexuellement par la beauté charnelle de Rosa. Comme ce quarantenaire perfide du nom de Rodolfo, obsédé à l'idée d'entretenir une relation sexuelle devant la beauté docile et vertueuse de celle-ci, au point de la harceler continuellement malgré la compagnie sournoise de sa maîtresse sénile.
Mais rapidement, des évènements dramatiques vont survenir de manière aléatoire comme la mère retrouvée morte en bas de l'escalier. Rosa, esseulée et endeuillée, semble davantage apeurée, en état de perplexité devant l'atmosphère perverse qui s'y dégage abondamment à l'intérieur de l'enceinte de l'hôtel tandis que certains couples salaces se laissent complaisamment exciter à des jeux sexuels dans les couloirs environnants.
Dans cet univers suffocant et malsain, la présence de deux autres antagonistes hostiles, invités précipitamment pour une affaire de diamants dérobés, vont eux aussi envenimer ce sentiment anxiogène persistant.
ATTENTION SPOILER !!! Le climat d'étrangeté et d'insécurité s'imprégnant des murs de la bâtisse va sérieusement s'exacerber à la suite d'un ignoble viol et de deux meurtres sauvagement perpétrés par une présence camouflée FIN DU SPOILER. Les questions formulées seront donc de tenter de savoir qui est le tueur de ses horribles méfaits et pour quel mobile aura t-il osé commettre des actes aussi illicites ?

FAUX SEMBLANTS.
A travers une trame criminelle faisant intervenir quelques incidents meurtriers assénés par un mystérieux tueur encapuchonné, Francesco Barilli prétexte l'alibi giallesque pour dépeindre une fois encore l'introspection d'une jeune fille refoulée, traumatisé par l'absence d'un père et l'emprise du fascisme de Mussolini (le symbole totalitaire des deux inconnus vêtus de noir réclamant les fameux diamants contre l'offrande de deux passeports). Un état d'âme meurtri, blessé, violé et terrifié par la peur virile et machiste des hommes matures alors que sa propre mère infidèle n'aura su faire preuve d'abstinence et d'honnêteté à l'égard de son mari parti courageusement combattre l'antagoniste au front.
Le récit entaillé par une entité malsaine lourdement tangible peut alors se voir comme l'illustration introspective d'un portrait schizophrène envers un être fragile envahi de visions perverses redoutées alors que l'absence du paternel chérissant va fortement exacerber sa déchéance mise en exergue dans la pudeur de sa modestie craintive.

C'est la troublante Leonora Fani qui interprète avec teinte naturelle le personnage chétif et ténu de Rosa. Sa présence pastel et sa pudeur hésitante s'emparent du récit avec une sensuelle alchimie, tel un fantôme modeste errant, squattant les sombres pièces d'une pension hantée par sa sexualité complexée.

REPULSIONS.
Superbement mis en scène dans une texture personnelle parmi ces décors d'époque étrangement glauques ou insolites (on peut penser à La Maison aux Fenêtres qui rient pour l'aspect expressionniste de l'extérieur de la bâtisse), interprété avec conviction par des comédiens aux trognes inaltérables et insufflé d'une insaisissable atmosphère malveillante et indocile, Pensione Paura est un giallo funèbre atypique profondément obsédant et finalement mélancolique. A l'image de son hybride partition musicale embaumant chaque séquence baroque d'un fluide palpable vénéneux, ce thriller noir teinté de désespoir (le cruel épilogue est complètement nihiliste) est un troublant témoignage amer d'une fille éperdue, abandonnée par sa filiation et traumatisée par le spectre fascisant d'une guerre renouée pour un second génocide à échelle mondiale.
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BRUNO MATEI
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