Orange Mécanique de Stanley Kubrick, 1971

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Orange Mécanique de Stanley Kubrick, 1971

Messagepar BRUNO MATEI » 28 Janvier 2015, 07:54

Titre d'Origine: A Clockwork Orange
Réalisateur: Stanley Kubrick
Année: 1971
Origine: Angleterre
Durée: 2h17
Distribution: Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates, Warren Clarke, John Clive, Adrienne Corri.

Sortie salles France: 21 Avril 1972. Angleterre: 13 Janvier 1971. U.S: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres.
1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.

Farce caustique terriblement controversée lors de sa sortie pour sa réflexion virulente impartie à la violence, Orange Mécanique n'en finit pas de perdurer son pouvoir de fascination plus de 40 ans après sa sortie. Provocant, décalé, sarcastique, burlesque, ultra-violent, dérangeant, érotique, baroque, débridé, psychédélique, cauchemardesque et j'en passe, ce pamphlet contre l'asservissement illustre avec une verve d'insolence (réparties ciselées à l'appui !) un délire d'anticipation aussi singulier qu'incisif . Alex est un jeune délinquant passionné par la musique classique de Beethoven et l'ultra-violence. Avec ses acolytes, il commet la nuit diverses agressions auprès de paisibles quidams, quand bien même la police finit par l'alpaguer au moment d'un sauvage homicide chez un couple nanti. Condamné à 14 ans de réclusion pour meurtre, il se voit néanmoins proposer par le ministre de l'intérieur un traitement révolutionnaire afin de le guérir de son Mal ! C'est à dire le rendre aussi docile qu'un agneau par le contrôle de sa conscience !

D'une audace polissonne dans son esthétisme sexuel, sa partition dissonante oscillant avec l'élégance classique de Beethoven, sa violence stylisée semi-parodique et la posture excentrique de délinquants forcenés, Orange Mécanique ironise à tout va pour souligner l'instinct violent inné en chacun de nous. Que ce soit en terme d'indignation, de rébellion, de vengeance, de légitime défense ou de sévices gratuits intentés à son prochain, la violence fait partie intégrante de la nature humaine, notamment pour extérioriser notre exaspération face au sentiment d'injustice, d'inégalité et d'intolérance. Chaque être humain ayant le choix moral d'exercer le Bien ou le Mal au nom de sa libre indépendance dans une société démocrate bâtie sur le principe d'égalité. Par le biais d'un traitement révolutionnaire apte à expurger toute idéologie destructrice chez un meurtrier, Stanley Kubrick entend dénoncer les travers perfides d'une société totalitaire délibérée à lobotomiser l'individu pour mieux l'asservir à des fins politiques. Alex devenant après 15 jours d'expérimentions un pantin dénué de toute agressivité, que ce soit de son libre-arbitre, d'humiliations et de menaces auprès d'un agresseur ou par l'influence sexuelle d'une plantureuse aguicheuse. De manière satirique et pour mieux proclamer le caractère grotesque de ces expérimentations inhumaines, Kubrick réduit donc la nature d'Alex à l'objet d'obédience avant que ses pulsions perverses ne le rappellent à sa raison. D'ancien meurtrier sans vergogne féru de sexe et de violence, il se retrouve aujourd'hui reconverti en victime stérile. Notamment par le rejet de ses parents chagrinés de honte, par la brimade implacable de ses anciens camarades (affectés dans la corruption sous la bannière policière !) et la vengeance retorse du mari de sa dernière victime. Enfin, triste ironie quand à l'issue de sa convalescence lorsqu'une partition de Beethoven va le rappeler à l'ordre de ses bas instincts de jouissance ! (ou quand l'art ne peut remédier à sa rédemption !).

Dominé par l'interprétation hallucinée de Malcolm McDowell (son rôle le plus magnétique et exubérant de toute sa carrière !) et rehaussé de la mise en scène stylisée du maître Kubrick n'hésitant pas à cristalliser une ambiance baroque néo-futuriste, Orance Mécanique s'édifie en film monstre. Un chef-d'oeuvre de décadence où pointe le désespoir d'une jeunesse livrée à elle-même, faute de démission parentale, de crise du chômage et d'une société conservatrice toujours plus restrictive dans sa censure opiniâtre, quand bien même la violence restera le catalyseur du malaise existentiel. Indémodable !
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BRUNO MATEI
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