Titre d'Origine: Squirm
Réalisateur: Jeff Lieberman
Année: 1976
Origine: U.S.A.
Durée: 1h33
Distribution: Don Scardino, Patricia Pearcy, R.A. Dow, Jean Sullivan, Peter MacLean, Fran Higgins.
FILMOGRAPHIE: Jeff Lieberman est un réalisateur et scénariste américain, né en 1947 à Brooklyn, New-York.
1972: The Ringer (court-métrage). 1976: Le Rayon Bleu. 1976: La Nuit des Vers géants. 1980: Doctor Franken (télé-film). 1981: Survivance. 1988: Meurtres en VHS. 1994: But... Seriously (télé-film). 1995: Sonny Liston: The Mysterious life and death of a champion (télé-film). 2004: Au service de Satan.
Plutôt discret et peu lucratif, Jeff Lieberman aura tout de même marqué une génération de cinéphiles avec trois séries B mineures mais plutôt originales et attachantes. Si Survivance reste à ce jour son film le plus convaincant (en priorité au niveau de son ambiance anxiogène), notre petit maître du fantastique avait entrepris en 1976 (la même année que l'étonnant le Rayon Bleu), une production fauchée au concept délirant. Imaginez un peu une invasion de vers gluants (le titre français est tout à fait trompeur pour laisser sous entendre qu'ils sont atteints d'une taille démesurée !) après qu'un orage ait entraîné une panne d'électricité dans une bourgade champêtre. Plusieurs pylônes étant saccagés par la violence de la tempête, certains câbles s'y sont détachés pour libérer des décharges électriques sur le sol terreux. Dès lors, les vers sont atteints de folie meurtrière ! Avant cette inévitable invasion, un jeune couple va être témoin d'étranges évènements !
Avec un pitch aussi improbable que crétin, la Nuit des vers géants joue la carte de la pantalonnade grand guignolesque avec une conviction hilarante. La psychologie sommaire des comédiens déversant des tirades incohérentes laisse souvent place à un humour involontaire particulièrement attrayant. Comme ses multiples entretiens que nos deux héros vont être contraints d'établir avec le shérif du coin pour tenter de le convaincre que les morts inexpliqués sont bien la cause d'une attaque de lombrics ! Un cliché éculé qui fonctionne encore au second degré par la maladresse surjouée des acteurs. Il y a aussi l'apparition grotesque d'un troisième personnage, un paysan déficient empli de jalousie maladive pour la compagne du héros. Un élément perturbateur finalement véreux occasionnant des conflits puérils impartis au triangle amoureux.
Entre une conquête amoureuse et la découverte macabre de cadavres décharnés, il faut avouer qu'il ne s'y passe pas grand chose, nos trois témoins déambulant dans une campagne hostile durant une journée ensoleillée. Il faudra donc attendre la nuit pour que l'attaque escomptée ait enfin lieu (les vers ne supportant pas la lumière du jour !). Néanmoins, la bonhomie attachante des protagonistes confrontée à des vicissitudes peu ordinaires rendent leur investigation fantaisiste pour ne jamais laisser place à l'ennui.
En prime, quelques estocades horrifiantes retiennent l'attention comme cette séquence explicite illustrant en mode focale des vers s'infiltrant sous la peau du visage de l'arriéré du village ! Un effet viscéral très efficace auquel les maquillages supervisés par Rick Backer s'avèrent particulièrement spectaculaires dans son réalisme épidermique. Et pour renforcer le caractère crédible de cette répugnante invasion, le réalisateur n'hésite pas à utiliser de véritables invertébrés déployés en masse pour provoquer une stupeur viscérale chez le spectateur. A ce titre, la dernière demi-heure échevelée illustrant des milliers de lombrics s'infiltrant dans les parois des maisons se révèle fertile en visions cauchemardesques particulièrement visqueuses ! Effet répugnant garanti !
Con comme la lune et empli de maladresse mais irrésistiblement attachant et sympathique pour tous les cintrés de nanar débridé, La nuit des vers géants est une modeste série B auquel certaines séquences cinglantes ne manquent pas de provoquer une véritable révulsion viscérale !