Oh My Gore ! - Forum

[BRUNO MATEI]

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS
Titre d'origine: The Night of the Living-Dead
Réalisateur: Tom Savini.
Année: 1990.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h25.
Distribution: Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, Mc Kee Anderson, William Butler, Katue Finneran, Bill Mosley.

Sortie en salles U.S.A: 19 Octobre 1990.

FILMOGRAPHIE: Tom Savini est un acteur, réalisateur, maquilleur et ateur d'effets-spéciaux américain, né le 3 Novembre 1946 à Pittsburgh (Pennsylvanie).
Réalisateur: 1990: La Nuit des Morts-Vivants (Remake)
Maquilleur:
1974: Deranged.
1977: Martin.
1978: Zombie.
1980: Vendredi 13. Maniac.
1981: Carnage. Rosemary's Killer.
1984: Vendredi 13 IV.
1986: Le Jour des Morts-Vivants. Massacre à la Tronçonneuse 2
1988: Incidents de Parcours.
1993: Trauma.
2004: Family Portraits.

22 ans après le chef-d'oeuvre immuable de Georges A. Romero, La Nuit des Morts-vivants fait l'objet d'un remake à la demande du maître, dépité à l'époque (ainsi que toute son équipe technique) de ne pas avoir été financièrement rémunéré suite à une erreur d'organisation de droit d'auteur. A l'origine du film fondateur, le maquilleur Tom Savini avait été enrôlé pour l'élaboration des effets-spéciaux mais son recrutement précipité au Viêt Nam en tant que photographe de guerre le contraint de quitter l'entreprise. Georges A. Romero, cette fois-ci producteur et désireux de récupérer des bénéfices jamais versés, décide en 1990 de réunir toute l'équipe originelle et d'offrir le poste de metteur en scène à son collègue Tom Savini. Une manière altruiste de pouvoir permettre la revanche d'un artiste expert en maquillage, mais pourvu cette fois-ci de mettre en image une version modernisée d'un archétype de l'horreur sociale.

Un frère et une soeur se rendent sur la tombe de leur mère quand un inconnu moribond se met à agresser cette dernière. Après une violente confrontation avec ce quidam erratique, le frère venu en aide à sa soeur succombe incidemment à une chute mortelle. La jeune fille Barbara réussit in extremis à s'enfuir pour rejoindre une demeure champêtre située aux alentours du cimetière. Sur place, elle fait la rencontre impromptue d'un afro-américain déterminé à se défendre contre ces mystérieux individus se déplaçant de manière apathique, l'air hagard ! Les morts décomposés semblent revenir à la vie sans explication logique !

Il y avait de quoi être dubitatif, voir carrément réfractaire à la vue du projet de remake d'un des films les plus terrifiants de tous les temps ! Scénarisé et produit par Georges Romero en personne et réalisé par un novice Tom Savini impliqué derrière la caméra, La Nuit des Morts-vivants est une surprise inespérée au vu du résultat formel. Dès le prologue, préalablement célébré par une tirade verbale dans toutes les mémoires (ils vont venir te chercher Barbara !!!), Tom Savini réussit à surprendre et terrifier son public pris à la gorge en faisant intervenir de nouveaux éléments narratifs impondérables. Au vu du soin méticuleux octroyé à l'aspect clinique des zombies décharnés, l'ambiance funèbre qui en découle scotche le spectateur impressionné par le réalisme brutal des scènes d'agression particulièrement intenses (la mort accidentelle de Johnny est viscéralement choc et spectaculaire !). En prime, l'idée couillue d'avoir réalisé ce prélude terrifiant dans un cimetière éclairé par un climat solaire (un paradoxe !) était une gageure au défi louablement relevé (alors qu'à la base Savini souhaitait filmer cette séquence-clef sous un ciel pluvieux !). L'évolution du récit qui voit la fuite éperdue de Barbara à travers champs, complètement affolée par ces agressions en série, va perdurer dans la terreur oppressante avec ces rencontres distinctes de quelques zombies planqués dans une demeure bucolique. Des séquences horrifiques superbement réalisées, transcendant l'aspect repoussant de ces morts-vivants plus vrais que nature ! (une rumeur prétend que Romero était jaloux au vu du résultat final adroitement entrepris par son acolyte Savini). Cette réussite technique probante est due à John Vulich et Everett Burrell qui ont passé de longs mois à lire des bouquins de médecins légistes afin de mieux coller à la réalité de la mort putride. Ils vont apprendre entre autre que les vrais cadavres de la vie courante n'ont pas une teinte grisonnante comme on peut souvent l'observer dans les fictions orthodoxes mais une nuance jaunâtre à l'odeur fétide sous-jacente !

Après la présentation des deux personnages principaux forts en caractère et détermination et de cinq quidams beaucoup moins exemplaires parce que blottis dans le refuge étroit d'une cave souterraine, Tom Savini va réussir à maintenir l'intérêt d'une histoire archi connue par une incroyable faculté à daigner réinventer le "zombie movie". Cette alchimie miraculeuse est appuyée par le soin d'une mise en scène assidue, des morts-vivants criant de vérité agrémentés par des maquillages proches de la perfection, des interprètes formidablement vigoureux dans leur jeu incisif et une ambiance palpable de fin du monde perceptiblement inquiétante. En outre, le réalisateur va malicieusement inverser les rôles principaux attribués à Ben et Barbara en faisant de la femme chétive et affolée du film précurseur un superbe portrait d'héroïne pugnace, téméraire et d'un courage exemplaire ! En l'occurrence, le nouveau huis-clos cauchemardesque tout aussi favorisé par la caractérisation humaine de ses protagonistes peut donc renouer avec l'efficacité implacable de son prédécesseur. Dans ses conflits humains anarchiques attribués à une poignée de survivants au bord du marasme, Savini n'oublie jamais de stigmatiser l'instinct d'arrogance, l'esprit de supériorité et l'orgueil primaire de l'être humain mégalomane incapable de transiger et négocier avec son voisin. Où l'homme foncièrement rancunier se nourrit de l'homme et que les morts victimisées s'approprient de leur chair pour renouer à un besoin nutritif antique.

L'amertume de son final nihiliste, épouvantablement pessimiste dans la force brutale de certaines images dérisoires va enfoncer le clou dans la bassesse humaine, l'incommunicabilité, la violence primitive dans cette Amérique profonde engorgée par des rednecks incultes et rétrogrades. Alors que d'ultimes rebondissements inopinés et percutants vont venir encore surprendre un public humainement secoué de ce pathétique constat social en décrépitude.

Sans verser dans le gore festif et décomplexé, cette nouvelle Nuit des Morts-vivants colorisée réussit haut la main à terrifier, ébranler et plaquer le spectateur. Un public porté en témoignage, convaincu que cette menace improbable et inexpliquée faisant revenir à la vie les morts faméliques soumis au cannibalisme est sur le point de concrétiser l'enfer sur terre. Baignant dans une superbe photographie aux éclairages pastels, de manière à naturaliser la beauté macabre de la nature crépusculaire, ce joyau âpre de l'horreur sociale est à réhabiliter d'urgence et se révèle l'un des plus secouants films d'horreur des années 90.

[lirandel]

une bonne critique, pour un premier c'est vraiment pas mal.
une superbe photo , c'est vrai. dommage qu'elle n'est pas servie plus d'effets
sanglants, c'est très étonnant de sa part , j'aimerai bien entendre son avis la dessus.
j'ajoute que la liste des maquillages crédité à Savini n'est pas exhaustive
donc la voici : je fais un copier coller avec le wiki anglais.

http://en.wikipedia.org/wiki/Tom_Savini

pour les gros fans de monsieur craspec, surtout ne pas passer à coté
de "The Prowler" de 1981.