Le Mort-Vivant de Bob Clark, 1972/74

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Le Mort-Vivant de Bob Clark, 1972/74

Messagepar BRUNO MATEI » 21 Novembre 2014, 07:30

Titre d'origine: Dead of Night
Réalisateur: Bob Clark
Année: 1972/74
Origine: U.S.A.
Durée: 1h32
Distribution: John Marley, Lynn Carlin, Richard Backus, Henderson Forsythe, Anya Ormsby, Jane Daly, Michael Mazes.

Sortie salles France: 20 Août 1975. U.S: 30 Août 1974

Récompenses: Prix du Meilleur Scénario au Festival du film fantastique de Paris.
Prix du Meilleur Scénario au Festival du film de Catalogne, 1975

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bob Clark est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 5 Août 1941 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane (Etats-Unis), décédé le 4 Avril 2007 à Pacific Palisades, en Californie.
1966: The Emperor's New Clothes. 1967: She-Man. 1972: Children Shouldn't play with dead things. 1974: Le Mort-Vivant. 1974: Black Christmas. 1979: Meurtre par décret. 1980: Un Fils pour l'été. 1982: Porky's. 1983: Porky's 2. 1983: A Christmas Story. 1984: Rhinestone. 1985: Turk 182 ! 1987: From the Hip. 1990: Loose Cannons. 1995: Derby (télé-film). 1999: P'tits génies. 2004: SuperBabies.

Juste avant Black Christmas, fer de lance du psycho-killer, Bob Clark avait déjà marqué les esprits avec le Mort-Vivant, authentique film culte d'une surprenante originalité dans son thème emprunté au mythe du zombie et dans sa métaphore assignée au trauma vietnamien. Car sous couvert d'une intrigue horrifique au climat sévèrement mortifère, le film traite en filigrane de la difficile réinsertion des vétérans américains livrés à la folie et la solitude dans leur pays en berne. Un officier du ministère vient apprendre à la famille Brooks que leur fils Andy est mort au front vietnamien. Quelques jours plus tard, ce dernier réapparaît vivant à la stupeur des parents ! Mais déboussolé, impassible et mutique, Andy se morfond dans la solitude quand bien même un routier est retrouvé sauvagement assassiné. Une descente aux enfers commence pour la famille et leur nouveau rejeton réduit à l'état de monstre !

Portrait glaçant d'un soldat infériorisé par sa dégénérescence physique et morale, le Mort-Vivant est un cauchemar américain d'un réalisme acéré. De par la prestance magnétique de l'acteur John Marley pourvu d'une trogne aussi famélique que rigide, et le parti-pris de sa mise en scène proche du documentaire. Privilégiant l'étude de caractère des personnages, le film gagne en crédibilité lorsque le cinéaste s'attarde à souligner la situation de crise d'une cellule familiale tourmentée par le retour de leur fils, car réfugié depuis dans l'isolement. Alors que le père adopte un comportement davantage irascible et suspicieux à son égard, la mère, déjà bien perturbée de sa longue absence, préserve aujourd'hui son instinct maternel afin de le protéger contre toute culpabilité. Quand à la soeur d'Andy, elle mise pour le retrait, une manière docile de ne pas interférer dans la discorde afin d'apaiser les tensions. Emaillé de séquences horrifiques assez malsaines (les maquillages du débutant Tom Savini ne laissent pas indifférents !), le Mort-Vivant provoque une terreur sourde pour les agissements meurtriers de ce soldat revenu de l'Enfer ! Les meurtres sauvagement perpétrés s'avérant d'autant plus déconcertants qu'Andy pratique des perfusions intraveineuses pour se nourrir du sang des victimes ! Il en émane une trouble fascination face à son comportement interlope, notamment pour la variation de son look (col roulé et lunettes noires afin de panser ses plaies purulentes !) et de sa dégénérescence physique (Andy se putréfiant inexorablement en dépit de ses dernières agressions sanglantes). Qui plus est, épaulé d'une photo granuleuse et sombre, le climat glauque qui enveloppe le récit distille une atmosphère étouffante que la musique de Carl Zittrer va accentuer dans des tonalités dissonantes. Enfin, le film s'achève de manière bien cruelle lors d'un épilogue dérangeant resté dans les mémoires, de par son caractère poignant proprement tragique Spoil ! (Andy s'inhumant lui même devant sa tombe face au témoignage impuissant de sa mère et de la police). Fin du Spoiler.

Moi, Zombie, chronique du traumatisme.
Avec audace, intelligence et originalité, Bob Clark suggère avec le Mort-Vivant un pamphlet contre la barbarie guerrière et le traumatisme des vétérans à leur retour au pays. Grâce à l'interprétation effrayante de John Marley, aux seconds-rôles dépouillés et à la verdeur de son réalisme, le film insuffle une aura putrescente dans cette descente aux enfers d'une intensité cauchemardesque.
AVERTISSEMENT ! N'optez pas pour la Version Française, le doublage s'avérant superficiel et sa nouvelle partition musicale usurpée !
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BRUNO MATEI
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