Le Monstre est Vivant

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Messagepar BRUNO MATEI » 26 Juin 2012, 06:38

LE MONSTRE EST VIVANT
Titre d'Origine: It's Alive
Réalisateur: Larry Cohen.
Année: 1974.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h31.
Distribution: John P. Ryan, Sharon Farrell, James Dixon, William Wellman Jr, Shamus Locke, Andrew Duggan, Guy Stockwell, Daniel Holzman, Michael Ansara, Robert Emhardt.

Récompense: Prix Spécial du Jury à Avoriaz, 1975

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance.
- Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.

Dans un centre hospitalier, une femme accouche d'un bébé monstrueux. Libéré dans la nature et planqué dans les égouts, le bambin perpétue une vague de crimes. La police décide d'entamer une traque impitoyable alors que les parents essaient de déchiffrer leur éventuelle responsabilité.

Gros succès un peu partout dans le monde, malgré son échec à la 1ère sortie U.S (il ressortira néanmoins 3 ans et demi plus tard pour enfin rencontrer la reconnaissance), le Monstre est Vivant doit beaucoup de son impact émotionnel grâce à un thème délicat, l'enfance galvaudée. A partir d'une idée incongrue à la limite du grotesque (un bébé monstre commet une série de meurtre dans une paisible bourgade), Larry Cohen en tire un film d'horreur intelligent par son traitement social éludé d'effets-chocs putassiers. Avec un concept aussi délirant, d'autres cinéastes peu scrupuleux et sans le sou auraient largement fait chavirer le projet dans la gaudriole grand-guignolesque (suffit de jeter un oeil sur l'horripilant remake DTV entrepris par Josef Rusnak !).
Larry Cohen prend donc son sujet à coeur pour concrétiser un drame humain poignant (le cruel épilogue d'une grande acuité émotionnelle provoque chez le public une empathie insoupçonnée auprès du nourrisson terrorisé) et inquiétant (la culpabilité des parents déconcertés et les exactions du bébé renforcent l'opacité d'une ambiance feutrée). La séquence du début, un accouchement virant à l'horreur pure, est un exemple pertinent dans la manière dont le réalisateur s'emploie à nous ébranler par l'effet de suggestion. Un médecin ensanglanté sort de la salle d'opération en trébuchant sur le sol ! Et il n'en faut pas plus à Cohen de véhiculer un climat anxiogène abrupt quand le père de famille, alarmé par cet incident fortuit, se dirige vers la salle en accourant pour constater avec effroi l'horrible carnage ! A l'exception de la mère en état de marasme, tous les membres hospitaliers ont été sauvagement mutilés par son bébé difforme et carnassier. Échappé de l'hôpital, le bambin sème la terreur dans la ville adjacente, et semble daigner trouver refuge vers son cocon parental.

Avec beaucoup de sobriété et en éludant de montrer l'apparence du monstre par quelques plans laconiques, Le Monstre est vivant s'agence à une inlassable traque employée par les forces de police pour tenter de l'annihiler. Alors que les parents, dépités et désoeuvrés, se morfondent dans une culpabilité remplie d'opprobre, Larry Cohen apporte beaucoup d'humanisme dans leurs états-d'âme rongés par la honte. Cette aigreur comportementale émane des agissements d'une société drastique incapable d'accorder un traitement de faveur à un monstre infantile destitué de sa postérité. Le thème du droit à la différence est donc largement mis en avant pour mettre en exergue la manière expéditive dont les forces de police s'entreprennent afin de résorber un fait divers sordide particulièrement dérangeant. Mais le film, inquiétant par son atmosphère ombrageuse, prend une tournure dramatique édifiante quand le père, consterné de chagrin, observe attentivement le désarroi apeuré de son rejeton pour le prendre sous son aile et tenter de le sauver. Et pour élucider la pathologie anormale de cette victime estropiée, le réalisateur semble remettre en cause la dérive inquiétante des produits médicamenteux mis sur le marché. En l'occurrence, la pilule contraceptive qui n'est plus un sujet tabou dans les années 70 et que la mère avait ingéré huit mois avant l'accouchement.

Les enfants sont-ils des monstres ou les monstres sont-ils des enfants ?
Métaphore sur l'innocence pervertie, Le Monstre est Vivant est une oeuvre culte sacrément couillue pour avoir aborder un tel sujet dans un style incongru. Par le talent d'un cinéaste prolifique apte à élaborer les scénarios les plus improbables, Le Monstre est Vivant échappe honorablement à la routine zédifiante. En dépit de certaines longueurs et d'un rythme languissant, il reste un film fort et bouleversant sur l'acceptation ou le rejet d'un père vis à vis de sa progéniture déficiente, sur le problème d'éthique de l'avortement et du droit à la différence.
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BRUNO MATEI
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