Oh My Gore ! - Forum

[Gama08]

Autres titres : Raw Meat, Death Line
Réalisateur : Gary Sherman
Année : 1972
Origine : Angleterre
Acteurs : Donald Pleasence, David Ladd, Sharon Gurney, Christopher Lee, Norman Rossington & Clive Swift
Genre : Horreur / Gore
Durée : 88min



Synopsis :
Alors qu'ils rentrent chez eux en métro, Patricia et Alex, deux étudiants, découvrent un homme inanimé, gisant dans un escalier de la station Russel Square. A peine ont-ils pris le temps d'aller chercher le secours d'un policeman que, à leur retour, le corps s'est volatilisé. L'inspecteur Calhoun est convaincu que la victime serait James Manfred, un haut-fonctionnaire porté disparu. Il ne sait pas encore que cet homme a été enlevé par un mystérieux dégénéré, se nourrissant de chair humaine et vivant dans des souterrains communiquant avec les réseaux du métro.

Critique :
Ouahhhh !!!
Mais qu'est-ce que NEO attends pour nous sortir ce petite merveille ?!?
Le film commence sur une musique plutôt familière, qu'on dirait composée par un Carpenter qui aurait malencontreusement atterri dans une boîte de jazz... Déjà, vraiment étonnant !
Et puis l'histoire commence et là, on a vraiment droit à un pur film d'horreur, incroyablement novateur et à la fois classique...
Les effets spéciaux sont excellents et le film est vraiment gore pour cette époque (corps démembrés, tête fendue par une pelle, ventre transpercé par un manche à balai, cadavres décharnés...), ça nous change radicalement des films de la Hammer !
Les premiers cadavres ainsi que la première visite sous-terraine sont filmés dans un long plan-séquence de 7 minutes ! La description visuelle de cet endroit ressemble étrangement à l'atelier de Leatherface et le bonhomme ressemble comme deux gouttes d'eau aux clodos de Street Trash (tout en sachant que ces films sortiront plusieurs années plus tard...)
Donald Pleasance est en pleine forme et on a rarement l'habitude de le voir comme ça. Il incarne un comissaire très cynique, très ironique... Hilarant ! Je me suis d'ailleurs tapé un fou-rire tout seul devant ce grand numéro d'acteur ! L'apparition de Christopher Lee est elle aussi très comique....
Autant la partie enquête et ville pourrait presque faire penser à une comédie, autant la partie métro est vraiment glauque et stressante...
Autre point positif, le meurtrier est vraiment filmé de manière à ce qu'on ai pitié de lui, aucun regard accusateur ne lui est infligé...
Seul petit bémol, l'enquête tourne un peu en rond et l'on ne comprends vraiment pas pourquoi les policiers descendent dans le métro si tard.
Un beau film malheureusement trop méconnu qu'il est impératif de découvrir et de réhabiliter rapidement !
Une excellent surprise pour ma part et un film que je n'oublierais pas de sitôt !
"Mind the doors!"
8,5/10.

[asath]

la traduction francaise n'a rien a voir avec le titre d'origine "viande crue"

[Gama08]

Le titre original est Death Line...
Mais que ce soit Death Line, Raw Meat ou encore Le Métro de la Mort, même si ce dernier n'est pas très original, les différents titres correspondent bien au film...

[Alex W]

Vu il y a peu aprés des années a me demander ce qu'était ce film ! Et un peu déçu au final, mais il est pas mal !

[Gama08]

Moi en tout cas, j'ai vraiment pas été déçu...
Sûr que ce film plairait à l'ami Killjoy !

[SUSPIRIA]

Vu il y a une bonne quinzaines d'années en vhs et j'en garde un excellent souvenir ! et Gary Sherman ça n'est quand même pas n'importe qui ! (réincarnations / descente aux enfers).
Il me semble que Killjoy l'ait déjà vu.
Une série B aux p'tits oignons qui ferait parfaitement l'affaire en dvd chez Neo ou Mad mais dommage qu'il soit oublié de tous aujourd'hui !

Merci Gama

[Gama08]

De rien Susu...

[Gama08]

Revu ce film avec toujours autant de plaisir... Donald Pleasence m'a encore fait beaucoup rire !
Un p'tit bijou dont je ne me lasserais pas...

[BRUNO MATEI]

Premier film d'un jeune réalisateur néophyte, Le Métro de la Mort est une petite production plutôt originale et inattendue en ce début des années 70 dans sa texture malsaine avant gardiste annonçant les futures ambiances putrides et poisseuses de Massacre à la Tronçonneuse ou La Colline a des yeux.

Dans le métro londonien, un couple fait la découverte d'un homme inanimé dans les escaliers d'un couloir.
Après avoir informé la police, ils se rendent à nouveau sur les lieux parmi les forces de l'ordre et découvrent que le corps a disparu. Il s'agirait d'un notable reconnu auquel l'inspecteur Calhoun décide de mener l'enquête après avoir appris qu'il était porté disparu. Bientôt, trois nouveaux meurtres vont avoir lieu !

Amateurs de bisseries débridées et festives, méfiez vous de l'affiche originale, kitch et outrancière qui annonce de façon cartoonesque dans une tonalité saturée de teintes orangers un potentiel délire sectaire avec ce barbu ressemblant à s'y méprendre à un gourou inculquant sa philosophie de comptoir à un groupe d'ahuris transis, les yeux révulsés !
Cette curiosité rarissime quasi ignorée de nos jours réfute la série B de consommation courante déterminée à distraire généreusement son spectateur du samedi soir. Scénarisé par Sherman lui même, Le Métro de la mort renvoi plutôt à une fable sociale dans son sous-texte politisé à la manière d'un Georges A. Romero, pour pointer du doigt une société intolérante et condescendante qui exploite les défavorisés jusqu'à la moelle pour ensuite lâchement les abandonner à cause d'une faillite financière. En effet, durant le 19è siècle, suite à un éboulement, un groupe de travailleurs constitués d'hommes et de femmes sont restés coincés à l'intérieur d'un souterrain qu'ils venaient de construire pour l'entreprise d'un métro londonien. Suite à une crise financière, le projet est avorté et les ouvriers resteront cloîtrés dans leur crevasse souterraine pour ne jamais en sortir. L'horreur sociale qui en résulte c'est que ces ouvriers condamnés à une mort certaine ont réussi à survivre en se nourrissant de chair humaine et de rats d'égout. Réduits à l'état bestial et co-existant dans un environnement crasseux, envenimés par la peste et rongés par la haine d'une société ignorant ces déshérités, nos SDF sans illusion vont devoir réapprendre à survivre dans un milieu sordide déshumanisé.

Gary Sherman dépeint avec une certaine émotion attendrie le retour à l'instinct primitif chez ces monstres vilipendés quand le citoyen est totalement déchu de son identité, destiné à croupir, tel un pestiféré dans l'antre d'un nouveau monde agonisant.
Le réalisateur s'attache de près à décrire avec humanité le portrait pathétique de ces nouveaux pauvres éhontés réfugiés dans un endroit hostile proche de l'enfer. Il voue une véritable empathie pour le personnage du patriarche cannibale lamenté et écrasé de chagrin après que sa dulcinée enceinte ait succombé à la mort. Seul et unique survivant de sa tribu, c'est dans son abri opaque et nauséeux qu'il garde précieusement depuis des lustres chaque cadavre des membres de son ethnie, agencé dans chaque recoin putanesque, n'ayant aucun moyen de pouvoir les enterrer sous terre.

L'enquête rebutante menée par l'inspecteur Calhoun ajoute une connotation ironique dans la caractérisation de ce personnage interprété par un Donald Pleasance plaisantin et sarcastique. Un leader plus occupé à préparer son traditionnel thé anglais ou se prendre une beuverie éméchée avec l'un de ses collègues plutôt que de résoudre une affaire criminelle troublante non résolvée depuis quelques années.
Ce n'est qu'avec la disparition d'un notable issu d'une classe sociale supérieure (alors que cet homme indocile s'était engagé à trouver une prostituée sur les quais du métro !) que les forces de l'ordre décident enfin d'accorder un quotient d'intérêt avant que les services secrets ne tentent d'étouffer l'affaire.

Tourné dans des décors naturels accentuant son caractère réaliste, Le métro de la mort est une curiosité étonnante, proche du documentaire dans sa verdeur sordide dépeignant un environnement malsain improbable.
Son rythme languissant et son refus de divertir de manière futile pourrait rebuter certains spectateurs, à peine satisfaits de 2/3 scènes gores sauvagement assenées. Pourtant, il s'agit d'un excellent métrage parfois poignant, réalisé avec autorité et sortant des sentiers battus dans l'audace de son sujet stigmatisant une société imbue n'apportant que peu de faveur et de contribution aux citoyens issus d'un milieu social destitué et défavorisé.
D'ailleurs, le film aura même gagné au fil des années un certain statut culte auprès d'amateurs affectés par sa cruauté (in)humaine établie alors qu'un certain réalisateur anglais du nom de Christopher Smith lui rendra un bel hommage avec son excellent Creep sorti en 2004.