
Qu'il uvre dans le zombie-movie à forte résonance politique (l'incontournable tétralogie des morts-vivants), dans l'horreur plus classique (Creepshow, Deux Yeux Maléfiques), dans le thriller psychologique (Incidents de Parcours, La Part des Ténèbres, Bruiser) ou dans le cinéma de genre quasi inclassable (Season of the Witch, The Crazies, Knightriders), Romero a toujours quelque chose d'intéressant à nous montrer. Martin, qui s'inscrit dans la dernière catégorie, renouvelle le mythe du vampire en le transposant dans un univers contemporain d'une effrayante morosité et en remplaçant le noble suceur de sang aux dents pointues par un pauvre hère victime de la société et méprisé par son entourage. Un jeune homme proche de l'autisme, chiche en paroles et des plus réservé, dont la nécessité de s'abreuver du sang des humains résulte uniquement d'une sorte de maladie physique incurable. Filmage très cru, acteurs criants de vérité et ambiance opaque entrecoupée de quelques flash-back en noir/blanc d'une étonnante poésie pour l'un des métrages les plus déroutants de son auteur, susceptible de fasciner le spectateur au plus haut point comme de l'ennuyer profondément. Un authentique drame déguisé en film fantastique, que n'aurait sans doute pas renié un cinéaste tel que David Cronenberg.
7/10
