LES RATS ATTAQUENT
Titre Original: Deadly Eyes/Night Eyes/The Rats.
Réalisateur: Robert Clouse.
Année: 1982.
Origine: Canada.
Durée: 1h27.
Distribution: Sam Groom, Sara Botsford, Scatman Crothers, Cec Linder, Lisa Langlois
Sortie en salles au Canada le 23 Octobre 1982
FILMOGRAPHIE: Robert Clouse est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 mars 1928, décédé le 4 février 1997 à Ashland (Oregon).
1962: The Cadillac. 1964: The Legend of Jimmy Blue Eyes. 1970: La Loi du Talion, Dreams of Glass
1973: Opération Dragon. 1974: La Ceinture Noire, les 7 Aiguilles d'Or. 1975: New-York ne répond plus. 1977: The Pack. The Amsterdam Kill. 1978: Le Jeu de la Mort. 1979: The London Connection
1980: Le Chinois. 1981: Force 5. 1982: Les Rats Attaquent. 1985: Gymkata, le parcours de la mort.
1990: China O'Brien. 1991: China O'Brien 2. 1992: Iron Heart.
Robert Clouse est un modeste artisan de la série B réputé avant tout pour ses deux films de kung-fu célébrés par la seule présence de Bruce Lee et d'un récit d'anticipation avant gardiste du phénomène Mad-Max 2, New-York ne répond plus (son meilleur film de mon point de vue personnel). En 1982, il cède au genre horrifique avec une petite série B de consommation courante, influencée par les écrits du britannique James Herbert dans son premier tome de la trilogie des rats.
A Toronto, des grains de maïs contaminés provoquent une mutation chez nos rongeurs quadrupèdes déterminés à décimer la démographie humaine de New-York. Un professeur de basket-ball est une experte de la santé vont s'affilier et combattre la menace des rats ayant envahi la métropole, avant de se réfugier dans un métro en pleine inauguration.
Complètement occulté de nos jours, cette oeuvre mineure modestement réalisée avec les moyens du bord avait fait son p'tit effet dans les rayons des vidéo-clubs des années 80. En l'occurrence, Les Rats Attaquent réussit encore à divertir grâce à la présence délétère de nos fameux rats transformés ici en rongeurs de taille saugrenue. Point d'effets numériques révolutionnaires mais des trucages ingénieux empruntés à la morphologie de mammifères canins costumés ici d'une fourrure de poils et d'une énorme fausse queue (quand il ne s'agit pas de marionnettes mécaniques façonnées pour les zooms rapprochés).
Le scénario dérisoire est franchement le point le plus répréhensible du récit, aussi sommaire qu'un épisode d'Amour, gloire et beauté puisque Robert Clouse accorde même à s'attarder sur une futile idylle insoluble entre un professeur et sa jeune enseignante. Pourtant, aussi creux et vain que soit ce scénario balisé, la manière professionnelle dont le réalisateur entretient la barque réussit honorablement à ne jamais ennuyer le spectateur. Plusieurs scènes cinglantes d'attaques animales sont disposées à intervalle régulier et la violence qui en résulte accorde parfois une certaine sauvagerie laissant transparaître quelques gerbes de sang.
Mais c'est surtout dans sa dernière demi-heure que Les Rats Attaquent va véritablement prendre son envol dans l'implication dantesque de deux scènes exploitées sous le mode du film catastrophe. En effet, nos rats sévèrement hostiles vont investir la salle entière d'un cinéma de quartier (alors qu'est diffusé devant l'écran le Jeu de la Mort !) et décimer tous nos spectateurs horrifiés, ensanglantés et hurlant de bonne foi leur pénible agonie ! C'est ensuite dans la rame d'un métro que nos rongeurs vont s'y engager instinctivement pour dévorer les charmants visiteurs invités à une inauguration célébrée par un maire condescendant. On pense inévitablement au même schéma alarmiste érigé par les Dents de la mer avec ces personnages hautains et véreux réfutant de croire que l'improbable menace est sur le point de saborder leur fameux projet industriel. Mais le caractère sympathique de nos trognes d'acteurs de seconde zone (Sara Botsford, l'inoubliable catin de Class 84, Sam Groom - Jeux Mortels - et une plétore d'illustres séries TV des années 70 et 80) parviennent à rendre leurs vicissitudes folichonnes et ludiques.
Agréablement troussé, élaboré d'FX adroits et modestement campé par des comédiens attachants mais handicapé d'un scénario risible et de situations éculées (l'idylle amoureuse départagée par une donzelle effarouchée), les Rats Attaquent doit surtout son capital sympathie à la physionomie monstrueuse de nos fameux rats, particulièrement voraces et teigneux (au passage, un bébé y trépasse !). L'intrusion finale et spectaculaire de deux séquences chocs de grande envergure achèvent de réconforter l'inconditionnel d'horreur du samedi soir pour ce produit d'exploitation réalisé sans prétention. A réserver en priorité aux trentenaires nostalgiques des années 80.