Les Proies de Don Siegel, 1971

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Les Proies de Don Siegel, 1971

Messagepar BRUNO MATEI » 01 Juillet 2015, 06:39

Titre d'Origine: "The Beguiled"
Réalisateur: Don Siegel
Année: 1971
Origine: U.S.A.
Durée: 1h44
Distribution: Clint Eastwood, Geraldine Page, Elizabeth Hartman, Jo Ann Harris, Darleen Carr, Mae Mercer.

Sortie salles France: 18 Août 1971. U.S: 31 Mars 1971

FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie.
1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.

Sorti la même année que l'Inspecteur Harry, fer de lance du Vigilante Movie, Les Proies emprunte un genre plus intimiste, celui du drame psychologique doublé d'un suspense vénéneux afin de décrire les rapports de force impartis entre une ligue féminine et un soldat nordiste. Grièvement blessé, le caporal nordiste Mc Burney est recueilli au sein d'un pensionnat de jeunes filles sudistes que la directrice Martha Farnsworth dirige avec autorité malgré le climat tendu de la guerre. En guise de survie et pour tenter de s'y échapper, il s'emploie à courtiser plusieurs de ces pensionnaires avant la convalescence de sa jambe estropiée. Mais la jalousie de la directrice et de deux autres internes vont déchaîner les haines et les passions au sein d'une rivalité sexiste.

En dépit de l'aspect fallacieux de son affiche française et américaine laissant sous-entendre un western somme toute classique, Les Proies détourne les conventions du genre pour décrypter un drame psychologique au confins de l'horreur. Confiné dans le cadre restreint d'un huis-clos familial auquel un soldat grièvement blessé est contraint d'y séjourner parmi l'hospitalité rassurante d'une gente féminine, Les Proies cristallise autour de sa victime un piège machiavélique d'une intensité exponentielle. Une guerre des sexes jusqu'au-boutiste mais inégale (l'élément perturbateur s'avérant seul contre tous !) lorsque l'inconfiance puis la trahison vont nous être dévoilés sous le témoignage féminin. Illustrant avec subtilité les thèmes universels du désir amoureux et de l'éveil sexuel, de la jalousie et de la possessivité, de l'infidélité et de la manipulation au sein du couple, l'intrigue y extrait une étude scrupuleuse sur nos pulsions de haine et de rancoeur lorsque la passion eut été préalablement bâtie sur le simulacre. La descente aux enfers qu'endurera Burney n'étant que les conséquences de ses stratégies de séduction conçues pour l'enjeu de sa survie, l'instinct d'aguicher et le profit de la luxure. Jeu de duperie et de séduction auquel de jeunes internes s'adonnent à leurs pulsions sexuelles avant de se laisser soustraire par la rancune de leur échec, Don Siegel renforce le caractère malsain de cette situation de crise (tous les témoins étant notamment victimes de leur déchéance lubrique !) en effleurant les tabous de l'inceste (l'ancienne relation partagée entre la directrice et son frère), de la pédophilie (McBurney ose séduire une fillette de 12 ans après l'avoir embrassé sur la bouche !) et de l'esclavage (le passé galvaudé de la domestique avant l'acte d'un viol). De ces rapports toujours plus tendus de tromperie et d'exclusivité amoureuse émanent une implacable vendetta au parfum de souffre vertigineux dans la cohésion meurtrière.

Sous l'impulsion séductrice de comédiennes habitées par la fougue amoureuse et la revanche véreuse au mépris d'un Clint Eastwood inopinément perfide, Les Proies transcende le drame psychologique avec une intensité horrifique aussi éprouvante que malsaine. Don Siegel laissant extraire les bas instincts de cette confrérie féminine influencée par une dynamique de groupe contestataire.
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BRUNO MATEI
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