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[BRUNO MATEI]

LES OISEAUX
Titre d'origine: The Birds.
Réalisateur: Alfred Hitchcock.
Année: 1963.
Origine: Angleterre.
Durée: 2h00.
Distribution: Tippi Hedren, Rod Taylor, Jessica Tandy, Suzanne Pleshette, Veronica Cartwright, Ethel Griffies, Charles McGraw, Ruth McDevitt, Lonny Chapman.

Sortie en salles en France le 6 Septembre 1963. U.S: 28 Mars 1963.

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980.
1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

"C'est peut-être le film le plus terrifiant que j'ai jamais tourné !" Alfred Hitchcock.

Trois ans après son sommet de terreur schizophrène Psychose, Sir Alfred Hitchcock se résout après mûre réflexion d'adapter une nouvelle de Daphné Du Maurier, The Birds. Le scénario totalement réapproprié par lui même et Evan Hunter était prévu à l'origine pour la série TV, Alfred Hitchcock présente. Mais après avoir lu que de réelles attaques de volatiles s'étaient produites dans son pays, il prit conscience que le format long-métrage serait une majeure ambition pour terrifier à nouveau le public. Les Oiseaux nécessita trois ans de préparation (en priorité pour les FX et maquettes), faute de sa complexité technique qui entraîna 370 scènes truquées. Pour dévoiler le talent consciencieux du maître du suspense, la séquence finale a fait l'objet de 32 prises et reste selon ses dires l'un des films les plus difficiles qu'il ait eu à entreprendre.

Dans la ville de Bodega Bay, Melanie Daniel, jeune femme mondaine ténue et nantie, visite une oisellerie et fait la connaissance de Mitch Brenner, un avocat rapidement conquis par le charme de cette inconnue. Pour l'anniversaire de sa jeune soeur Cathy, l'homme aimerait acheter un duo d'inséparables en guise de cadeau. Mélanie, vexée de l'arrogance ironique de celui-ci s'empresse de les acheter mais décide malgré tout de lui offrir en s'invitant à son propre domicile. Sur la route, elle se fait sauvagement agressé par une mouette.

Clef de voûte de l'épouvante contemporaine resté inégalée à ce jour, Les Oiseaux réussit l'exploit saugrenu de nous impressionner de plein fouet avec la présence anodine de simple volatiles subitement épris d'une rage meurtrière incontrôlée !
La première partie du récit, toute en frugalité, s'attache à nous décrire la relation amoureuse naissante entre deux amants alors que la mère de celui-ci éprouve une rancune jalousie pour cette snob inconnue à la réputation notoire. En manipulateur masochiste, Alfred Hitchcock s'amuse dans un premier temps à nous attacher avec ce trio auquel l'idylle envisagée de notre couple est quelque peu contrariée par l'austérité d'une belle-mère possessive trop attentionnée, car craignant que son fils ne lui soit éternellement soutiré par une mante religieuse. En prime, le maître du suspense, ici lattent, se prend un malin plaisir à montrer des fameux volatiles escomptés mais emprisonnés dans une cage. Par petites touches, la présence docile des oiseaux nous ait régulièrement exposé d'une manière néanmoins innofensive. Jusqu'à ce qu'intervienne le premier incident octroyé envers Melanie, montée à bord d'une barque pour rejoindre l'habitation de Mitch mais qui va être sur le chemin du retour sévèrement offensée par l'attaque d'une mouette insidieuse.

Sans pour autant passer à l'action trépidante et pour mieux refrêner son suspense lattent, Les Oiseaux vont prendre insinueusement leur envol et réellement passés à l'action redoutée 25 minutes après cette première rixe en déployant leur agressivité incongrue dans une seconde partie affolante à couper le souffle ! La menace improbable de ces vertébrés ovipares est d'autant plus déconcertante, imbitable et furieusement cinglante que nous ne connaîtrons jamais leurs véritables raisons d'engager en masse une véritable guérilla contre les humains totalement démunis et terrifiés de leur hostilité abrupte. Et en ce qui concerne les séquences d'agression incisives, Hitchcock n'y va pas de main morte à confectionner une succession de scènes d'anthologies toutes plus terrifiantes et cruelles les unes que les autres. Ou l'accent est essentiellement mis en exergue sur la dramaturgie et le réalisme saisissant de chacune des situations alarmistes ! Que ce soit l'attaque impitoyable assénée sur un groupe d'enfants évacuant les lieux de leur établissement scolaire à toutes enjambées, l'offensive sanglante sur la ville de Bodega Bay réduite à feu et à sang ou l'assiégement d'une demeure champêtre auquel nos héros s'y sont réfugiés après avoir barricader toutes les portes et fenêtres ! La violence cuisante exercée par les oiseaux sur leurs victimes en état de marasme, leur bruitage irritant dans leur déplacement et cris vocaux transmis par une bande son crispante et l'intensité de leurs exactions enchaînées sans répit nous impressionnent viscéralement jusqu'au malaise vers son point d'orgue intransigeant !

Le couple formé par Rod Taylor et Tippi Hedren se révèle tout à fait persuasif dans leur incessant jeu de drague implicite pour mieux se trémousser dans les bras l'un de l'autre dans un avenir proche. L'acteur confirmé endosse ici un rôle viril faussement machiste et plaisamment arrogant pour tenter d'apprivoiser sa muse au caractère tenace. Alors qu'aux instants alarmistes engendrés par l'armada de volatiles en ascension, il va faire preuve de pugnacité et de courage inflexible pour tenter de protéger sa famille sévèrement fustigée. L'élégance gracile de Tippi hedren s'affilie naturellement d'un charme subtil malgré son tempérament froid et hautain, mais néanmoins empli de bonhomie amoureuse pour son futur concubin et d'une sincère empathie pour la mégère contrariée. Cette belle-mère ombrageuse est incarnée par Jessica Tandy et compose avec fragilité une poignante émotion dans sa peur anxiogène de perdre à jamais l'amour d'un fils unique.

Dénué de musique additionnelle afin de mieux authentifier un cauchemar atypique dépassant l'entendement, Les Oiseaux se révèle 50 ans plus tard toujours aussi terrifiant et implacablement éprouvant. Il s'agit sans doute de l'un des films les plus durs et cruels de la carrière du grand maître du suspense. En pleine possession de ses moyens techniques entrepris (à contrario d'effets cheaps pour 2/3 plans d'FX parfois visibles), sa mise en scène extrêmement maîtrisée a engendré un pur film d'épouvante qui doit autant sa force et son intensité exceptionnelle à la folle originalité d'une trame écolo (la revanche de la nature sur l'homme comme le laisse aussi suggérer ses poules refusant de se nourrir). Il réussit même à inscrire à travers ce périple sanglant aux moults dangers une vertueuse romance envers nos amants assaillis ainsi qu'une rédemption attendrie pour la réconciliation de deux rivales désagrégées par la jalousie.
En l'occurrence, Les Oiseaux peut-être considéré sans aucune réserve comme l'un des métrages les plus oppressants et excentriques de tous les temps !
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