Réalisateur: Laurent Heynemann
Année: 1986
Origine: France
Durée: 1h29
Distribution: Jean Pierre Marielle, Jean Pierre Bisson, François Berléand, Brigitte Roüan, Maïté Nahyr, Luc Béraud, Guylène Péan, Dominique Bernard, Christian Bouillette, Jean Cherlian.
Sortie salles France: 15 Avril 1987
FILMOGRAPHIE: Laurent Heynemann est un réalisateur français, né le 9 Novembre 1948.
1977: La Question. 1979: Le Mors aux dents. 1981: Il faut tuer Birgit Haas. 1983: Stella. 1986: Les Mois d'Avril sont meurtriers. 1990: Faux et usage de faux. 1991: La Vieille qui marchait dans la mer. 2001: Un aller simple.
Polar oublié des années 80 d'autant peu diffusé à la TV, Les Mois d'avril sont meurtriers s'est pourtant vu attribué à l'époque du Prix Spécial du Jury lors du Festival du film policier de Cognac.
Le film suit de manière méthodique l'affrontement imperturbable d'un flic renommé et d'un tueur sans pitié. Persuadé qu'un ancien militaire est responsable d'un crime sordide, l'inspecteur Fred va tenter de le faire avouer afin de le renvoyer derrière les barreaux.
D'après un roman éponyme de Robin Cook, Les Mois d'avril sont meurtriers nous invite au jeu du chat et de la souris entre deux hommes chevronnés, un duel négocié à coup de joutes verbales jusqu'à ce que l'un puisse déclarer forfait. Cet affrontement psychologique est entièrement régi autour de leur verve incisive qu'ils se renvoient avec défi toujours plus arrogant. Face à l'attitude insolente d'un tueur plein d'orgueil, le film nous illustre également l'abus de pouvoir du policier, préalablement hanté par la mort accidentelle de sa fille, SPOILER ! et qui ira jusqu'à braver sa déontologie professionnelle en falsifiant une preuve. Poussé par l'humiliation et la profanation de la tombe de la défunte, Fred finit donc par céder à la lâcheté afin de remporter la mise. FIN DU SPOILER. Au niveau de la mise en scène hétérodoxe, Laurent Heynemann fait preuve d'excentricité dans l'architecture géométrique de la bureaucratie ou de l'appartement du tueur. Le jeu de lumières et des couleurs accentuant son caractère insolite, quand bien même de l'extérieur, la cité urbaine se pare d'un contraste saisissant pour mettre en relief l'humidité d'une atmosphère blafarde.
Dans la peau du flic pugnace à la voix rocailleuse, Jean Pierre Marielle joue de sa présence longiligne et impose un personnage froid assez individuel. Avec un état d'esprit plus retors qu'il n'y parait, Jean-Pierre Bisson lui partage la vedette de manière cynique et nous dépeint un tueur d'apparence banale afin de mieux camoufler ses vices. Par leur dualité de soumission, les citoyens qui les entourent semblent livrés au caprice de leurs excès sans pouvoir s'y interposer.
Polar intense entièrement conçu sur le brio des dialogues que deux individus se renvoient sans répit à coup d'ironie, Les mois d'Avril sont meurtriers élude admirablement le manichéisme et peut prétendre à s'imposer comme l'un des polars singuliers des années 80.