Les larmes d'un héros - John Woo
Tout juste avant Le syndicat du crime, John Woo réalisait ce film de guerre brut et sans concessions, prenant pour lieu un Vietnam hostile, où un commando chinois est chargé par le gouvernement thaïlandais de kidnapper un gros bonnet de la drogue. Ils auront maille à s'en sortir avec la présence d'un contingent de soldats, dirigés par un militaire sanguinaire.
Négligeant encore la psychologie de ses personnages (et quand bien même s'il y en a, elle demeure très sommaire), l'auteur des chefs-d'oeuvre que seront Une balle dans la tête, The Killer ou À toute épreuve n'a visiblement d'autre souci que de surenchérir dans l'ultra-violence barbare et l'action bourrine; ainsi, les balles pleuvent, déchirant les corps et laissant jaillir des hectolitres d'hémoglobine, les mutilations, tortures et empalements faisant parfois ouvertement référence au Gore se multiplient entre deux effets pyrotechniques à finir par vous donner le mal d'yeux.
L'on notera d'ores et déjà un certain savoir-faire dans la mise en scène de la part de Woo (plans subjectifs, cadrages serrés des visages des protagonistes), mais le manque de conviction évident de certains comédiens (cf. la touriste française), le manque de profondeur de la trame, ainsi qu'une bande-son relativement insignifiante calibrent Les larmes d'un héros en tant que série B, ni plus, ni moins, aussi intéressante soit cette dernière.
Oeuvre à la violence rigoureusement explicite, dont les bains de sang ne se voient que très rarement interrompus par certains instants d'humour débile ou d'érotisme (?), et faisant office, visuellement parlant, de brouillon aux futures perles de John Woo, Les larmes d'un héros, en dépit de ses quelques défauts, reste une étape remarquée dans sa filmographie.