LES INSECTES DE FEU.
Titre Original: Bug
de Jeannot Szwarc. 1975. U.S.A. 1h40. Avec Bradford Dillman, Joanna Miles, Richard Gilliand, Jamie Smith Jackson, Alan Fudge, Jesse Vint, Patricia McCormack, Brendan Dillon.
FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse, 1975: les Insectes de Feu, 1978: Les Dents de la mer 2, 1980: Quelque part dans le temps, 1983: Enigma, 1984: Supergirl, 1985: Santa Claus, 1994: La Vengeance d'une Blonde, 1996: Hercule et Sherlock, 1997: Les Soeurs Soleil.
Récompenses:
Prix des meilleurs effets spéciaux pour Phil Cory, lors du Festival du film de Catalogne en 1976.
Prix du Public et Licorne d'Or au Rex à Paris en 1975.
A l'aube d'une riche carrière éclectique, le français Jeannot Szwarc réalise en 1975 une série B horrifique affiliée à la science-fiction alarmiste sur fond de catastrophe naturelle. Produit et co-scénarisé par notre aimable William Castle, en collaboration avec la Paramount depuis le prodigieux succès de Rosemary's Baby, Les Insectes de Feu est également tiré d'un roman de Thomas Page: The Hephaestus Plague, publié en 1973.
Un séisme ravage une région bucolique des Etats-Unis, libérant d'une crevasse d'étranges insectes capables d'incendier la nature environnante au contact de leur abdomen. Peu à peu, d'étranges incidents surviennent auprès des citadins d'une bourgade isolée. Les arthropodes se mettant à agresser leurs victimes par l'emprise du feu.
Un professeur en université retranché dans son domicile décide de les étudier afin de pouvoir les exterminer.
Multi récompensé dans divers festivals du monde entier, Les Insectes de Feu est tout à fait représentatif d'une époque notable dans lequel il fut conçu. En effet, son sujet traité avec le plus grand sérieux va permettre de s'octroyer des séquences horrifiques proprement terrifiantes, remarquablement efficaces dans sa verdeur jusqu'au-boutiste tolérée. Ici, les victimes pourchassées par de banales blattes mutantes capablent d'incendier tout élément combustible au contact de leur bas-ventre, sont totalement désoeuvrées à tenter de fuir une menace meurtrière inopinée et irréversible. Les habitants de ce village champêtre deviennent de véritables torches humaines après que l'un des insectes aura réussi à s'insérer sournoisement sur leur épiderme corporel. Les séquences chocs qui en résultent sont particulièrement violentes, réalistes, affolantes, d'autant plus percutantes dans leur refus d'édulcorer l'horreur sauvagement exercée.
La première partie s'attelle donc à nous imposer cette forme de violence graphique optée pour chacune des victimes face à une menace fortuite d'origine inconnue.
La fascination répulsive exercée sur ses diaboliques invertébrés délibérés à dominer le monde réussit à nous convaincre de leur dangerosité grâce à de sobres effets-spéciaux efficacement conçus. Une forme viscérale à filmer leurs exactions avec un constant refus du second degré minimaliste. Jeannot Szwarc utilise habilement son savoir-faire technique par l'entremise d'une partition musicale quasi expérimentale, une photographie solaires aux teintes ocres et de nombreux zooms auscultant la physiologie anatomique de ces blattes dévoreuses de résidu alcalin (la cendre).
La seconde partie plus tempérée s'érige sur un huis-clos étouffant en compagnie d'un professeur de biologie obsédé à l'idée d'exterminer ses immondes cafards, depuis que sa femme a été l'une des malencontreuses victimes cruellement suppliciée par le feu.
Sous le mode du documentaire animalier, ce second acte réussit à inquiéter et captiver son public par une succession d'expériences scientifiques effectuées pour enrayer cette race inconnue d'asthropodes venus tous droits de la préhistoire ! Terré dans l'insalubrité de sa demeure et perdant peu à peu tous repères avec la réalité, James Parmiter ira maladroitement jouer aux apprentis sorciers jusqu'au péril de sa vie.
ATTENTION SPOILER !!! Le final révélateur, terrifiant de cynisme dans le présage d'une éventuelle apocalypse enfonce le clou et nous quitte sur un ton mortifère profondément nihiliste dans sa dernière mise à mort fustigée. FIN DU SPOILER.
Efficacement conduit et tour à tour fascinant dans la conduite assidue du récit, Les Insectes de Feu est un petit classique des années 70 faisant honneur au genre et n'ayant rien perdu de son pouvoir répulsif. Son sujet alarmiste octroyé à une menace écologique démontre une fois encore que l'homme orgueilleux, obsédé à l'idée de tout contrôler pour permettre de dompter une mutation biologique, se révélera finalement impotent d'une espèce naturelle hybride, impitoyablement délétère et érudite.
L'excellence de l'interprétation (Bradford Dillman très investi dans son rôle ombrageux de savant fou excentrique), les quelques séquences chocs impressionnantes adroitement élaborées avec rigueur et l'inquiétant score musical aux sonorités crissantes aboutissent à une oeuvre insolite viscéralement incisive