Cette navrante production horrifique, qui marque la seconde collaboration entre Lucio Fulci et la compagnie Alpha Cinematografica après le pourtant jubilatoire et très Gore
Soupçons de Mort, ne restera dans les mémoires des inconditionnels du cinéaste que par son extrême médiocrité. Nanti d'un postulat de départ louable (un groupe de jeunes gens passe innocemment la nuit dans un manoir hanté par des fantômes nazis, lesquels vont leur causer bien du tort),
Les Fantômes de Sodome loupe totalement le coche à l'arrivée et réduit son potentiel à néant en s'embourbant dans la série Z de troisième zone. À proprement parler, tout ou presque suinte le minable dans ce film: direction d'acteurs absolument catastrophique et je-m'en-foutiste, mise en scène paresseuse et improvisée, esthétique imbuvable, écriture scénaristique bâclée de bout en bout, lacunes de rythme exécrables
on constate avec amertume que le « poète du macabre » a ici troqué son noble statut contre celui d'un tâcheron démotivé et méprisable à noter toutefois que Fulci était des plus malade durant cette période, ce qui peut en partie justifier un ratage tel que celui-ci.
Après une introduction assez prometteuse, illustrant une orgie nazie dans le dit manoir entrecoupée de quelques images d'archives sur la Seconde Guerre Mondiale, le soufflé dégonfle vite une fois l'action mise en place. Fulci nous assène des personnages de teen-agers insupportables, ringards et pas crédibles pour un kopeck, que s'empressent de tirer encore vers le bas les prestations calamiteuses des comédiens, la plupart d'entre eux étant bien évidemment inconnue au bataillon. La découverte de la maison inhabitée et la manifestation d'étranges événements faisant peu à peu tourner la gentille virée en campagne de nos jeunes têtes à claques en cauchemar s'avèrent bien trop invraisemblables et poussivement mises en scène pour susciter une quelconque angoisse. Les quelques bribes d'intérêt se résument à la présence de l'inquiétant Willy le Nazi (joué par Robert Egon, le seul acteur pouvant se targuer d'être bon au sein de cet infâme casting), une partie de cartes aux règles revisitées par la roulette russe, assez dense en terme de tension dramatique, ainsi que la décomposition d'un cadavre techniquement limitée par d'indigents trucages mais néanmoins fort peu ragoûtante. Pour le reste, rien à sauver de ce Fiasco avec un grand F. Tentant de pallier une intrigue qui tourne lamentablement en rond, Fulci s'attarde sur quelques séquences érotiques guère plus palpitantes que celles d'un téléfilm de la « série rose » et la plastique des quelques actrices qui se dénudent devant nos yeux est généralement loin d'atteindre la perfection inutile d'en dire davantage à ce sujet. Le cinéaste ne parvient pas à trouver un rythme, une cohésion et un squelette narratif susceptibles de sauver son métrage de la catastrophe pure et simple. La réalisation, laide, plate et hasardeuse, ne fait que décupler cet essaim de faiblesses. Les rares mouvements de caméra bien agencés cèdent trop souvent leur place à une succession de plans soit très mal cadrés, soit d'une affligeante banalité. Le grain de pellicule extrêmement sale du format 16mm convenait à merveille à
Soupçons de Mort, perle de cinéma morbide, mais il fait définitivement tache dans
Les Fantômes de Sodome où le ton ne se prête pas du tout à une esthétique aussi crasseuse. Enfin, la musique de Carlo Maria Cordio et ses beats 80's pour le moins datés ne se révèlent pas plus attrayants que le reste et achèvent de hisser le film au rang d'échec total.
Une bien mauvaise surprise que ces
Fantômes de Sodome réalisés par un Fulci au creux de la vague. À mille lieues d'un
L'Au-delà ou d'un
L'Enfer des Zombies, ce navet morne et languissant demeure sans conteste l'une des pires uvres du maestro, concurrençant avec fougue les
Murderock,
Conquest et autre
2072, Les Mercenaires du Futur. À fuir comme le choléra.
2/10
