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[BRUNO MATEI]

LES DENTS DE LA MER, 2E PARTIE
Titre d'origine: Jaws 2
Réalisateur: Jeannot Szwarc.
Année: 1978.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h56.
Distribution: Roy Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Joseph Mascolo, Jeffrey Kramer, Ann Dusenberry, Mark Gruner, Collin Wilcox Paxton, Barry Coe, Susan French.

Sortie en salles aux USA: 16 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse. 1975: Les Insectes de Feu. 1978: Les Dents de la Mer 2.
1980: Quelque part dans le temps. 1983: Enigma. 1984: Supergirl. 1985: Santa Claus. 1987: Grand Larceny. 1988: Honor Bound. 1990: Passez une bonne nuit. 1991: La Montagne de Diamants. 1994: La Vengeance d'une blonde. 1996: Hercule et Sherlock. 1997: Les Soeurs Soleil.

Trois ans après le chef-d'oeuvre de Steven Spielberg, le réalisateur français éclectique Jeannot Szwarc s'entreprend à proposer une suite au prodigieux succès planétaire des Dents de la mer. Un second opus prenant à contre pied tout ce qui faisait la force inhérente du film originel dans son sens assidu de suggestion. Spectacle ludique conçu pour récupérer le succès de son précurseur, le réalisateur frenchy mise avant tout sur la surenchère spectaculaire et la violence acerbe pour authentifier son squale plus téméraire que jamais !

Quelques années après les horribles évènements survenus dans la station balnéaire d'Amity par la faute d'un grand requin blanc, le cauchemar semble recommencer après qu'un duo de plongeurs ait disparu en plein océan. C'est ensuite une skieuse nautique et la conductrice du hors bord qui vont faire à nouveau les frais du squale plus agressif que jamais. Alors qu'un appareil photo et un yacht sont retrouvés à l'entrée du port d'Amity, le shérif Brody, davantage tourmenté et ombrageux, sème une panique sur la plage, croyant percevoir non loin des baigneurs le gigantesque animal s'approcher d'eux.

Dès le prologue concis et sans surprise, Jeannot Szwarc décide de dévoiler au spectateur l'apparence hostile du fameux squale agressant deux plongeurs venus photographier l'épave de l'orca. Là ou Spielberg attendait une bonne heure de métrage pour révéler explicitement au public son monstre carnassier, cette suite s'oriente inévitablement sur le caractère spectaculaire des attaques violentes de son nouvel agresseur. Pour preuve, la seconde provocation coûtant la vie à deux touristes pratiquant du ski nautique intervient au bout de 20 minutes de métrage. Une scène choc percutante doublement impressionnante pour ces deux victimes immolées, alors qu'en guise de défense la conductrice de hors bord va se retrouver brûler vive par inadvertance et ainsi produire une explosion qui va consumer une partie du visage du requin.
Hormis le peu d'indices laissés par l'animal, le shérif Brody suspecte qu'un nouveau cauchemar est entrain de se concrétiser. C'est sur la plage d'Amity que notre héros traumatisé par les méfaits antérieurs du grand requin blanc, croyant voir ressurgir à nouveau un spectre marin, va se laisser influencer par ses émotions anxiogènes en semant une véritable panique auprès des nageurs batifolant dans l'eau. Un prétexte bienvenu pour le réalisateur d'ironiser sur une situation déjà vécue dans le film d'origine par notre héros. En l'occurrence, il se trouve ici ridiculisé par sa paranoïa incontrôlée, son irascibilité, ce qui va favoriser ainsi son sentiment d'impuissance face à ses supérieurs (ils sont contraints de le licencier de ses fonctions autoritaires) pour les convaincre du nouveau danger présagé face aux évènements ultérieurs à subir.

C'est dans la seconde partie beaucoup mieux rythmée et rigoureuse pour les péripéties déployées que ce 2è opus va accorder un intérêt plus substantiel basé sur l'action trépidante et le suspense lattent. Les nombreuses attaques imposées par le requin sur les adolescents pris en otage à bord de chacun de leur voilier sont plutôt adroitement menées. Les machistes juvéniles zélés paniquent de bonne foi tandis que leurs frêles donzelles pétrifiées vont hurler comme des furies traumatisées. Jeannot Szwarc, quelque peu sardonique, n'hésite pas à nous concocter des séquences horrifiques assez violentes ou démesurées comme cette séquence insensée qui voit le requin agripper de son immense mâchoire la membrane d'un aéronef à voilure ainsi que son pilote déstabilisé pour l'entraîner jusqu'au fond de l'océan. Un des moments les plus débridés et frénétiques qui soit ! Il faut dire aussi que les effets spéciaux artisanaux assez inventifs dans les exactions du squale sont franchement réussis et que l'animal charismatique se révèle parfaitement crédible. En outre, la manière dont il est annihilé par notre shérif stoïque est une idée astucieusement exploitée culminant sa destinée meurtrière vers un point d'orgue explosif.

Honorablement réalisé, assez efficace, et plus particulièrement dans son haletante seconde partie, Les Dents de la Mer, 2è partie est un divertissement plaisant comportant son lot de frissons et d'action échevelée. Hormis le peu d'intérêt accordé à la psychologie de ses personnages juvéniles et d'une intrigue sommaire, la présence impressionnante du grand requin blanc plus hargneux que jamais et la prestance du génial briscard Roy Scheider, rehaussant instinctivement de son humanisme empathique le niveau orthodoxe de l'entreprise, contribuent au charme certain délivré à cet opus assez jouissif.

NOTE; Le titre original français Les Dents de la mer 2 n'a pas été utilisé sur les affiches parce que cela aurait créé l'embarrassant jeu de mots « Les Dents de la merde ». C'est pourquoi il lui a été substitué la terminologie Les Dents de la mer, 2e partie. La numérotation classique a repris avec l'opus suivant Les dents de la mer 3.