par BRUNO MATEI » 24 Mai 2011, 12:05
FILMOGRAPHIE: Joel Anderson est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
Lake Mungo est son premier long-métrage.
L'argument: Une jeune fille de 16 ans se noie accidentellement.
Sa famille accablée est bientôt victime de phénomènes étranges.
Apparemment, il s'agit de la 1ère réalisation de Joel Anderson pour un documentaire plutôt étonnant et intrigant parce qu'ancré dans le surnaturel dans sa macabre découverte du corps d'une jeune adolescente, Alice, retrouvée incidemment noyée dans le lac Mungo.
Ce qui fait avant tout l'intérêt de ce reportage richement documenté se place dans sa structure plutôt ordonnée nous amenant à découvrir de petits rebondissements narratifs durant le parcours dubitatif d'une jeune adolescente apparemment modeste mais moins docile qu'elle semble le prétendre ! Son cheminement va démontrer que nous avons tous nos parts de silence éclipsées, nos secrets inavouables et cette dualité constante du Bien ou du Mal où nos choix dépendent du syndrome Dr Jekyll et Mr Hyde dans le psyché torturé de nos états d'âme.
Dès le prélude le ton est donné ! Le générique illustre d'antiques photos en noir et blanc de personnages ombrageux ayant réellement existé, en distillant au spectateur un sentiment anxiogène, irrationnel dans des détails inquiétants répertoriés sur chaque cliché.
Joel Anderson retrace avec précision et intérêt persuasif une intrigue angoissante plutôt intéressante, assidue et détaillée, faisant intervenir tous les protagonistes et proches de la malheureuse victime retrouvée dans un état exsangue (famille, amis, médecins, policiers, journalistes, médium, etc).
Au sujet de la découverte du corps d'Alice et en ce qui concerne les images d'archives dévoilées, il faut craindre l'état de décomposition avancée du cadavre dans son abominable verdeur blafarde. Une image macabre saisissante d'effroi qui risque de laisser des traces dans vos souvenirs d'imagerie morbide sous celluloïd.
Au préalable, nous sommes soumis à établir la caractérisation identitaire des parents d'Alice et leur fils, profondément choqués et meurtris au plus profond de leur âme pour la disparition de leur fille. Le réalisateur évoque au passage la difficulté rencontrée d'accepter la perte d'un être cher et l'impossibilité d'en faire le deuil sans tomber dans les niaiseries redoutées du pathos et de l'apitoiement.
La famille endeuillée, désorientée et désarmée ne semble pas être convaincue qu'il s'agit de leur véritable Alice retrouvée dans un état de déliquescence horrifié. Ils refuseront alors à admettre la vérité comme s'ils souhaitaient se voiler la face et refuser ainsi l'horrible constat d'un fait divers hermétique. Ils feront donc appel à un professionnel du spiritisme, un parapsychologue de renom, Ray Emery, pour tenter de rentrer en contact avec leur chère défunte! Une expérience mystique malheureuse qui ne va pas pouvoir leur porter bénéfice, du moins sur le moment présent !
La suite des évènements surprend et bifurque vers un évènement aléatoire à base d'adultère que personne n'attendait ! On se demande donc en l'occurrence où ce réalisateur souhaite en venir !
Tandis qu'un peu plus tard, un autre rebondissement de taille nous ébranle tranquillement de plein fouet en faisant ressurgir un phénomène paranormal basé sur le don de voyance, de prédiction et de la possibilité d'une apparition avec l'au-delà !
ATTENTION SPOILER !!!
C'est la veille de sa mort qu' Alice avait enterré dans le sable aux abords du lac Mungo un sac contenant à l'intérieur la clef de l'énigme qui va dévoiler au spectateur le moment le plus effrayant et dérangeant de ce documentaire cabalistique dont je tairais toute trace de vérité ! (ou presque). FIN DU SPOILER.
Et c'est là ou, aussi déconcertant soit-il, le récit véridique de la famille Palmer aboutira enfin à l'acceptation du deuil même si ceux-ci ne pourront jamais savoir ce qui est véritablement survenu en cette nuit du 21 Décembre 2005 !
Alors que nous, spectateurs interloqués, resteront surpris, intrigués, dubitatifs, perplexes selon les croyances de chacun en évoquant également la possibilité d'une existence après la mort !
A moins d'être allergique aux reportages chocs inconséquents suggérant plus qu'ils ne montrent afin d'accentuer un sentiment tangible d'angoisse diffuse, vous risquerez de rapidement décrocher.
Pourtant, Lake Mungo est un projet plutôt habile, captivant, adroit et finaud dans sa réalisation, assez mesuré dans l'interprétation frugale des témoins amateurs afin de tenter de la manière la plus dépouillée à nous convaincre sans jamais user d'artifices grossiers et autres effets-chocs putassiers avec un thème si récurrent.
De mon point de vue personnel, je suis agréablement rentré dans le jeu et cette nuit là j'ai mal dormi... sans avoir l'envie épidermique d'éteindre ma lampe de chevet !
LE DENOUEMENT ! ATTENTION, SPOILER FINAL !!!!!!!
Je boucle mon article sans oublier de vous dévoiler que tout ceci n'était qu'un simulacre, une vaste blague, une supercherie, une duperie dans la lignée du Projet Blair Witch , Paranormal Activity ou plus exactement l'excellent et méconnu The Last Broadcast !!!
J'ai trouvé la tentative particulièrement intéressante et réussie si vous souhaitez vous laisser embarquer dans une histoire surnaturelle laissant entrevoir quelques passages réellement flippants (les photos et certaines vidéos d'archives et surtout la révélation glaçante sur le portable !!!).
FIN DU SPOILER.
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