
Casting: Albert Høeberg, Preben Lerdorff Rye, Lisbeth Movin, Singrid Neiiendam, Anna Svierkier.
Photographie: Karl Anderrson
Montage: Anne Marie Petersen & Edith Schlüssel

uvre dense et âpre, d'une splendeur visuelle à couper le souffle, mais qui laisse avant tout la part belle aux hallucinantes performances des comédiens ainsi qu'à des dialogues ciselés à la perfection, Jour de Colère narre une histoire plus malicieuse quil n'y paraît: dans le Danemark profond du XVIIe siècle, sous l'emprise du luthéranisme, une vieille campagnarde accusée de sorcellerie tente à tout prix d'éviter le sort du bûcher qui l'attend à grands pas; le prêtre n'en a que faire et la vieille jure la mort prochaine de la jeune femme de ce dernier quelques secondes avant de s'embraser.

L'on peut se permettre - sans pour autant en révéler la suite - d'affirmer que Dreyer a magistralement su manipuler le spectateur tout au long du métrage, ce dernier ne sachant réellement s'il a assisté à un film fantastique ou alors à un simple drame fait de sinistres coïncidences.

Quoiqu'il en soit, il reconnaîtra forcément l'admirable construction du récit, qui s'immisce entièrement dans le quotidien de la famille du prêtre, bouleversé par l'arrivée du fils d'un premier lit de celui-ci et tombant très vite amoureux d'Anne, la si jeune épouse de l'ecclésiastique. La composition la plus marquante s'avère encore celle de la mère du prêtre, aigrie par le temps, épieuse et sournoise, couvant son fils jusqu'à la déraison.


Le grand cinéaste danois démontre par ailleurs ici plus que jamais l'étendue de son inestimable talent de «plasticien», soignant méticuleusement chaque plan, chaque scène, et créant de somptueux contrastes de lumières, d'une beauté presque picturale.

Jour de Colère n'a en rien subi les affres du temps, que cela soit dans son propos tout comme dans sa réalisation, preuves de sa définitive intemporalité et par la même occasion témoignant à jamais de son statut de joyau parmi les plus précieux du septième art.
10/10


