Jeux Interdits de René Clément, 1952

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Jeux Interdits de René Clément, 1952

Messagepar BRUNO MATEI » 18 Octobre 2014, 07:01

Réalisateur: René Clément
Année: 1952
Durée: 1h26
Origine: France
Distribution: Georges Poujouly, Brigitte Fossey, Lucien Hubert, Laurence Badie, Amédée, Suzanne Courtal, Jacques Marin.

Sortie salles France: 9 Mai 1952

Récompenses: Oscar du Meilleur Film Etranger, 1952
Lion d'or à la Mostra de Venise, 1952
BAFTA du meilleur film, 1954
Grand Prix Indépendant Festival de Cannes, 1952
Prix Femina, 1952
Meilleur Film français et étranger Critique Américaine, 1952
Prix de la Critique Japonaise Tokyo, 1953
Meilleur Film mondial Critique Anglaise Londres, 1953

FILMOGRAPHIE: René Clément est un réalisateur et co-scénariste français, né le 18 Mars 1913 à Bordeaux, décédé le 17 Mars 1996 à Monaco.
1946: La Bataille du rail. 1946: Le Père Tranquille. 1947: Les Maudits. 1949: Au-delà des Grilles. 1950: Le Château de verre. 1952: Jeux Interdits. 1954: Monsieur Ripois. 1956: Gervaise. 1958: Barrage contre le Pacifique. 1960: Quelle joie de vivre. 1960: Plein Soleil. 1963: Le Jour et l'Heure. 1964: Les Félins. 1966: Paris brûle-t-il ? 1969: Le Passager de la Pluie. 1971: La Maison sous les Arbres. 1972: La Course du Lièvre à travers les Champs. 1975: La Baby-Sitter.

« Pour avoir su élever à une singulière pureté lyrique et une exceptionnelle force d’expression, l’innocence de l’enfance au-dessus de la tragédie et de la désolation de la guerre ».

Immense succès lors de sa sortie en France (4,9 millions de spectateurs !) et auréolé d'une pluie de récompenses à travers le monde, Jeux Interdits est reconnu comme l'un des chefs-d'oeuvre de notre patrimoine au même titre que la mélodie guitarisée de Narciso yepes. Témoignage douloureux sur l'horreur de la seconde guerre du point de vue de l'enfance, Jeux Interdits est un moment d'émotion aussi poétique que cruel. Par les moments de tendresse impartis à deux enfants réfugiés dans leur intimité et par la situation précaire de l'un d'eux prochainement livré à l'adoption de l'orphelinat.
Après la mort brutale de ses parents et de son chien lors d'un bombardement, Paulette réussit à trouver refuge auprès de Michel, fils cadet de la famille Dollé. Ces paysans acariâtres en perpétuel conflit avec les voisins Gouard décident de la recueillir quelques temps avant d'avertir la gendarmerie. Alors que l'un des fils Dollé succombe à ses blessures d'un grave incident, le couple d'enfants décide de se construire un cimetière afin d'oublier la guerre et dédramatiser leur deuil commun.

Hommage douloureux aux orphelins infantiles de la guerre et illustration scrupuleuse de la vie paysanne à l'aube des années 40, Jeux Interdits nous fait partager une tranche de vie inoubliable avec la complicité de Michel et Paulette. Deux jeunes enfants épris de compassion dans leur confiance et leur douleur commune au moment même où un jeu morbide va les rappeler à la raison de leur triste sort. La grande réussite émotionnelle du film émane de cet attachement qu'on leur accorde dans leur solidarité comme celle de la famille Dollé, victime elle aussi d'un deuil improvisé, malgré leur inflexibilité à refuser d'adopter la petite étrangère. Emaillé de cocasseries dans les chamailleries de jalousie exercées entre deux familles minées par la pauvreté, Jeux Interdits succède régulièrement à l'émotion prude lorsqu'une fillette est confrontée au désarroi de la solitude et à l'injustice de la mort. A ce titre, le prologue meurtrier au cours duquel elle assiste impuissante à la mort de ses parents s'avère d'une intensité psychologique éprouvante. Quand bien même les séquences suivantes nous terrassent d'émotion dans son désespoir de se raccrocher au cadavre de son petit chien pour tenir lieu de son immense solitude ! Trouvant réconfort auprès de l'espiègle Michel, Pauline se laisse ensuite embarquer dans un jeu morbide d'inhumations d'animaux et d'ornements de crucifix afin d'apaiser leur commun chagrin. Incarné par des comédiens plus vrais que nature dans leur charisme rural jusqu'aux seconds rôles pleins de spontanéïté (je pense en priorité à la pétillante Violette Monnier dans le rôle de la fille cadette des Dollé ou encore à Jacques Marrin dans celui du fils aîné mourrant), Jeux Interdit puise son intensité émotionnelle dans la fragilité humaine de la lumineuse Brigitte Fossey. Du haut de ses 5 ans, la comédienne insufflant expression d'innocence, émoi amoureux et stupeur anxiogène dans sa condition d'orpheline contrainte de côtoyer une famille paysanne draconienne mais trouvant réconfort auprès de l'amour de Michel. Secondé par Georges Poujouly, l'acteur infantile exprime la débrouillardise du garçon désinvolte à daigner voler les crucifix pour l'entreprise de son cimetière, tout en suscitant bouffées de tendresse et de générosité dans la protection de sa nouvelle amie. A eux deux, ils forment un duo souvent bouleversant par leur condition d'enfants subitement opposés à la mort jusqu'à nous tirer les larmes de l'injustice lors d'une conclusion aussi précipitamment brutale que cruelle.

Moment de cinéma rare et précieux dans le témoignage douloureux imparti à la barbarie de la guerre où les enfants en sont les premières victimes, Jeux Interdits alterne plages de tendresse, d'humour et de cruauté avec une intensité psychologique si subtile que l'émotion nous traverse de plein fouet sans avertir ! Inoubliable et inaltérable, à l'instar d'une Brigitte Fossey touchée par la grâce de son innocence.
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BRUNO MATEI
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